« Faut qu’on se parle » fait jaser à Québec

Le Musée de la civilisation était plein à craquer mardi dernier. C’était soir de première pour le collectif Faut qu’on se parle, qui y tenait une consultation publique. Des gens de toutes les générations ont répondu à l’appel des organisateurs dans le but de participer à des discussions sur dix enjeux qui touchent le Québec d’aujourd’hui et de demain.

Ce mouvement non-partisan a été lancé il y a quelques semaines par différents acteurs des milieux politiques, sociaux et culturels. Parmi les personnalités les plus connues du grand public figurent l’ex-leader étudiant Gabriel Nadeau-Dubois et l’ancien chef d’Option Nationale Jean-Martin Aussant. L’idée du groupe est de lancer un mouvement de délibération citoyenne neutre, qui se traduit par des conférences et des assemblées de cuisine partout à travers le Québec.

La création de cette équipe vient d’une idée simple, mais partagée par l’ensemble de ses membres. « C’est un mouvement citoyen qui part d’un constat, qui est de dire que la situation politique au Québec est présentement dans un blocage », constate Aurélie Lanctôt, essayiste, militante féministe et membre du groupe. Elle considère aussi que les citoyens ont de la difficulté à se reconnaître à travers les grands partis. L’importante demande des assemblées de cuisine démontre bien le fait que les Québécois ont une envie de discuter et de partager leurs préoccupations, estime la jeune femme.

Les réactions dépassent largement les prédictions soulignent d’ailleurs, d’un commun accord, les différents membres du mouvement. « Je ne m’attendais pas du tout à ça. C’est une réception du public tellement exceptionnelle. On est très touché et c’est un beau pied de nez aux détracteurs qui nous ont critiqué très durement », souligne Gabriel Nadeau-Dubois.

Même son de cloche pour Jean-Martin Aussant, qui rappelle que des centaines de demandes sont formulées pour les assemblées de cuisine. L’équipe espère que cette dynamique pourra créer l’envie chez les Québécois de s’intéresser un peu plus aux affaires publiques.

Un mouvement pour les étudiants

En plaçant de l’avant les enjeux du secteur de l’éducation, les membres du mouvement ont bien hâte d’entendre ce que les jeunes ont à dire. « Il y a une pertinence dans la mesure où on veut mettre de l’avant les questions d’éducation. Il y a aussi le simple fait que les étudiants universitaires, ce sont les gens qui vont être partout dans la société de demain », indique Aurélie Lanctôt. De son côté, M. Aussant affirme que les jeunes sont les mieux placés pour proposer des idées et participer aux changements.

Les plus jeunes feront face à d’immenses enjeux sur le plan de l’environnement, souligne Gabriel Nadeau-Dubois. « C’est le grand défi de notre génération. » Il mentionne que le Québec tarde à faire sa transition énergique et que le sujet doit impérativement être abordé lors des consultations publiques à travers la province.

Ouverts à parler aux étudiants, les membres de l’équipe rappellent que les campus de l’Université Laval et d’ailleurs au Québec peuvent aussi recevoir des assemblées de cuisine. Gabriel Nadeau-Dubois précise toutefois que l’exercice doit demeurer intergénérationnel.

Pas question d’un parti politique

Questionnés sur le futur du mouvement, tous les membres de l’équipe sont unanimes quant à la création d’un organe politique partisan. « L’idée de la création d’un parti n’a jamais été au centre des discussions entre nous. Il est certain que, de cela, il ne naîtra aucun parti », assure Aurélie Lanctôt. Cette dernière ajoute que l’exercice doit permettre aux gens de continuer à s’assoir entre eux et de parler de différents sujets. « Ça amène les gens à se questionner sur plusieurs choses et à remettre en question la manière de vivre en société », exprime-t-elle.

Toutefois, les idées reçues ne resteront pas pour autant sans répercussions. « À la suite de cela, j’espère que l’on va faire un recueil des idées que l’on a reçues et que tout le monde puisse lire ce que les gens ont dit, partout au Québec », conclut Jean-Martin Aussant.

Faut qu’on se parle poursuivra ses arrêts aux quatre coins du Québec jusqu’au printemps 2017.

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