Chronique hygiénique

Le sujet de cette chronique est aussi drôle que tragique. L’important, c’est de la lire les mains propres, entouré d’une clôture pour éviter soit une noyade ou une collision avec une voiture. Ou pire, un humain. Pourquoi pas un casque, on n’est jamais trop prudent.

Vous avez peut-être remarqué depuis la semaine dernière, dans différents pavillons, surtout au Desjardins, des stands faisant la promotion de l’hygiène des mains et de l’hygiène respiratoire. Cette semaine, d’autres pavillons seront visités. On vous y montrera les sept étapes d’un lavage de mains réussi et sécuritaire. Ceci fait partie d’une vaste campagne pour contrer l’influenza, ou si vous préférez, la grippe. Des autocollants fournis par le ministère de la Santé et des Services sociaux sont placés près des éviers des salles de bain du campus depuis un bon moment déjà. Comme les toilettes sont le seul lieu que tout le monde fréquente à l’Université, vous les avez sûrement remarqués.

Sur le site web de l’Université, on énumère toutes les étapes. Il faut d’abord se mouiller les mains. Nooon! Ensuite le savon, etc. Il y en a sept. On se rend compte que le nettoyage des ongles, lors d’un lavage de mains, est une étape que l’on a tendance à ignorer. Pour éviter toute transmission de microbes, il faut se frotter vigoureusement les mains durant 15 à 20 secondes. Si vous n’avez pas de chronomètre, une vidéo préparée par le gouvernement vous conseille de fredonner Frère Jacques. Paraît que ça dure 20 secondes. Pendant ce temps, l’eau continue de couler parce que vous ne pouvez pas l’arrêter. Les poignées de l’évier sont sales et remplies de microbes qui peuvent vous attaquer à tout moment. Vous devez donc frotter, rincer, essuyer avec du papier et utiliser ce même papier pour fermer l’alimentation d’eau et ouvrir la porte. Sortez de ce lieu dangereux! Dilemme : des mains propres ou une consommation responsable de l’eau?

Le clip du gouvernement est en soi une pièce d’anthologie. L’Université propose le lien via son site Internet, dans sa lutte contre l’influenza. Dans tout ce cirque, on avance même que le lavage régulier des mains est le moyen de prévention le plus simple et le plus efficace. Archi-faux. Le moyen le plus efficace de prévenir les maladies, c’est de faire du sport, de manger convenablement, bref, de se tenir en santé. On le mentionne, mais si peu. Vous aurez beau vous lavez les mains avec de l’eau de javel, nettoyer vos légumes à l’eau chaude avant de les faire cuire, enrouler vos mains de pellicule plastique avant de toucher quelqu’un d’autre, si vous ne prenez pas les moyens pour maintenir un minimum votre condition physique, vous serez malade quand même. La grippe est une fatalité au Québec, comme les larmes de Céline Dion quand elle reçoit un trophée.

Ce qui est tragique dans tout ça, c’est l’obsession toujours plus grandissante de notre société au risque zéro. Nous vivons dans une période où l’on tente de tout prévenir. La sécurité est devenue un concept central dans toutes les facettes de la vie. Mais à force d’aseptiser, on finit par s’affaiblir, face aux microbes, face aux autres et face à la fatalité. Ça devient étouffant. Au moment où un accident survient ou bien qu’un potentiel de risque est décelé, on sécurise par des clôtures, des interdictions, des restrictions et des campagnes ridicules de sensibilisation. Époque paranoïaque où l’on a peur d’avoir peur. Levez les yeux, le danger est partout.

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