Invisible Canada

De l’autre côté de la frontière, le débat des aspirants à la vice-présidence américaine a attiré le regard du monde entier. Joe Biden et la controversée Sarah Palin ont certes offert une performance moins haute en couleur qu’il était possible d’espérer, mais tout de même suffisante pour que des milliers de Canadiens ne négligent leur propre débat pour regarder le spectacle américain. Le sensationnalisme a fait des États-Unis un incontournable à l’échelle internationale et, du coup, a porté ombrage à son voisin du nord qui se retrouve trop souvent parmi les négligés en Occident.

Quoique l’on en dise, la culture politique des deux pays reste complètement différente. On entend un peu partout dans les médias que la campagne électorale canadienne s’est américanisée. C’est en partie vrai. Les publicités sont plus vicieuses qu’à l’habitude, surtout celles provenant des conservateurs; on a qu’à penser à celle où un oiseau défèque sur l’épaule de Stéphane Dion. N’empêche que le côté politically correct ­canadien transpire d’une campagne qui se terminera heureusement dans une semaine. Peut-être pour la première fois depuis des lustres, certaines idées lancées au cours de la campagne risquent de trouver écho hors des frontières du pays.

Aux États-Unis, chaque élection à la présidence est la plus importante. Elle est toujours menée sous le signe du renouveau, du changement, d’un choix à faire entre deux visions du pays. Comme nos voisins du sud restent la première puissance du monde, il est évident que le choix de leur président ne peut que revêtir un caractère international. Le manque de leadership international du Canada a toujours fait des élections fédérales un événement moins suivi sur la scène internationale que n’importe lequel des matchs présentés dans les ligues de soccer européenne
le dimanche.

Les Américains ont, quant à eux, comme pour leur match du Superbowl, réussi à faire d’un événement local un moment prenant, une tournure d’envergure internationale. Le Canada ne réussit pas à s’imposer sur la scène internationale. On s’ennuie presque de Trudeau qui faisait pester les présidents américains, surtout Nixon, ou de Pearson qui est à l’origine des fameux casques bleus de l’ONU. L’élection du prochain premier ministre canadien passera comme lettre à la poste presque partout sur la planète. Une chance que nous avons du pétrole pour que le monde se rappelle qu’il y a un pays le nord des États-Unis.

Consulter le magazine