Le gypse nous tombe sur la tête

Imaginez : vous marchez tranquillement dans votre pavillon vers votre salle de classe. Bien sûr, c’est une journée universitaire normale, rien de bien nouveau à l’horizon, sinon peut-être l’espoir de trouver le contenu pédagogique intéressant. Pourtant, cette journée ne sera en rien banale, puisqu’une partie du toit va s’effondrer à quelques centimètres de votre tête. C’est ce qui est arrivé à des étudiants du Casault, la semaine dernière, quand, à la suite d’un dégât d’eau datant de quelques jours, une partie du plafond s’est écroulée sous leurs yeux incrédules.

Cet événement est dû, selon Robert Desmeules, du Service des immeubles, à une infiltration d’eau causée par les gels et dégels de l’hiver. L’eau s’est infiltrée dans les conduits de ventilation du bâtiment pour s’accumuler dans le plafond en gypse au-dessus de l’entrée principale. Finalement, sous le poids de l’eau, le plafond a cédé.

M. Desmeules affirme que ce n’est en rien la faute de la vétusté du bâtiment, mais plutôt des caprices de Dame Nature. Une telle situation aurait pu se produire dans un pavillon plus récent, ajoute-t-il. Mais rassurez-vous, chers étudiants du Casault, votre pavillon n’est pas celui qui est dans le plus mauvais état. Le De Koninck et le Vachon remportent la palme du délabrement.

L’année dernière, alors que le manteau neigeux atteignait une épaisseur record, le toit du Vachon a bien failli s’écrouler sur des étudiants et des professeurs. Une poutrelle transversale s’est en effet affaissée dans un laboratoire de biochimie et le pavillon en entier a dû être évacué par mesure de sécurité.

Depuis, les utilisateurs de ce bâtiment ne sont pas entièrement rassurés et sont même craintifs lorsqu’une tempête de neige est prévue.

Est-il nécessaire de rappeler que les étudiants et professeurs du Vachon doivent travailler dans un environnement propre et totalement aseptisé pour mener à bien leurs recherches ?

L’Université tombe-t-elle en morceaux ? On est en droit de se poser la question, à la vue des ces incidents. À quoi faut-il s’attendre pour les prochaines semaines ? Avec des travaux de réfections évalués à 200 M$ et une dette accumulée de plus de 120 M$, l’Université n’est pas prête à pallier le piètre état de certains immeubles du campus. Selon plusieurs, cette situation seraient due au manque de fonds transférés par Québec et Ottawa pour la construction et la reconstruction d’infrastructures scolaires.

Lors du dernier budget fédéral, les conservateurs ont promis de distribuer 2 G$ «en vue de procéder à des réparations, des rénovations et des agrandissements dans les installations des établissements postsecondaires». C’est assez peu, en effet, si l’on doit ramener ce chiffre au prorata des établissements postsecondaires du Canada. Néanmoins, une enveloppe d’un peu plus 75 M$ de dollars sera allouée à la rénovation des pavillons De Konink et Vachon, et M. Desmeules affirme que le Casault et le Bonenfant seront les prochains. Mais dans combien de temps ?

Il n’est pas nécessaire de dramatiser la situation et de devenir catastrophiste : non, nous ne risquons pas nos vies à chacun de nos pas dans l’enceinte de l’Université. Cependant, il est inquiétant de constater que notre lieu de vie se délabre à vue d’œil. Il devient urgent d’agir, en espérant que le provincial et le fédéral se décident à subventionner massivement dans la reconstruction des lieux de savoirs du pays.

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