Quand les absents ont tort…

Aux sons de tambours et trompettes, les étudiants en arts de la scène et en musique de différents établissements d’enseignement ont déambulé dans les rues du Vieux-Québec pour clamer leurs positions sur les politiques culturelles de l’administration conservatrice. Plusieurs d’entre eux craignent pour leur entrée future sur le marché du travail : «Ça me fait peur, affirme Marjolaine Guilbert, étudiante en mise en scène au Conservatoire de Québec. Ma carrière n’est pas commencée. Pour débuter, on a besoin de subventions!», soutient-elle. Le comédien Jack Robitaille, un acteur bien connu de la région de Québec, partage cette inquiétude : «Il faut qu’il reste de l’argent pour la relève. Il faut de l’espace de création pour les jeunes!»

Simon Éthier, représentant de l’Association générale des étudiants et étudiantes en théâtre de l’Université Laval, ne comprend pas pourquoi les subventions dans le milieu culturel sont perçues différemment de celles qui sont octroyées à des usines. «Pourquoi une subvention donnée aux Grands Ballets Canadiens est vue comme une aide pour des gens qui ne sont pas vraiment en train de travailler? En quoi cette subvention n’est pas, aussi, un investissement?», se demande le jeune acteur. Une question à laquelle aucun représentant du gouvernement Harper n’a pu donner de réponse, puisque tous les candidats conservateurs de la région de Québec brillaient par leur absence. Les autres organisations politiques, allant des libéraux au Parti vert, ont fait front commun pour attaquer leurs adversaires conservateurs de toutes parts: une démonstration efficace du dicton voulant que les absents aient toujours tort.

Damien Rousseau, candidat libéral dans le comté Québec, ne mâche pas ses mots pour accuser vertement l’administration en place: «On n’a pas le droit de traiter les artistes comme des moins que rien. Il faut mettre un terme à cette folie! », fulmine-t-il. Son adversaire bloquiste, Christiane Gagnon, pense que contrairement aux allégations de la ministre Josée Verner, les électeurs sont sensibles à la cause culturelle. «Sur le terrain, on sent que les gens ont compris», assure la députée sortante. La question culturelle semble être donc, aux dires de ces candidats, un enjeu central de la présente campagne, et ce, même si les conservateurs font la sourde oreille. Une chose est sûre, les quelques centaines de personnes participant à la manifestation de dimanche ont tout fait pour se faire entendre.

Consulter le magazine