Agir pour des villes vivantes

Le 13 octobre avait lieu à Québec le colloque Agir pour des villes vivantes où des personnalités du monde politique, communautaire et scientifique se sont regroupées pour aborder les enjeux d’espaces naturels urbains dans une approche pluridisciplinaire.

Ludovic Dufour, chef de pupitre société

L’évènement s’est ouvert avec le mot de bienvenue tour à tour de la conseillère municipale Marie-Pierre Boucher, du ministre de la Santé Jean-Yves Duclos et de Cyril Frazao, le directeur général de Nature Québec, l’organisme qui a préparé l’évènement. Tous ont abordé la nécessité de tracé des liens entre les différentes disciplines et enjeux pour favoriser l’environnement et l’importance de la collectivité et des acteurs communautaires.

Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement, a ensuite entamé le colloque avec la conférence d’ouverture : La santé publique comme levier d’action face aux changements climatiques et la perte de biodiversité. Elle se désolait d’abord du peu d’importance qui était accordé à l’environnement par la médecine et le domaine de la santé. Pourtant, la santé ne se passe pas qu’à l’hôpital et plusieurs maladies peuvent être évitées en faisant la promotion d’un environnement sain. Elle rappelait également que les changements climatiques allaient aussi à leur tour affecter la santé du public. Certaines études prédisent 20 000 décès au Québec liés à la chaleur en 2065. Pour remettre l’environnement au sein des préoccupations en santé, elle propose d’adopter la vision de la santé planétaire, c’est-à-dire de bien considérer les conséquences de l’environnement sur la santé des individus.

De plus, elle suggère de repenser l’équilibre entre le milieu urbain et naturel, ainsi que d’arrêter de séparer santé et environnement. Plusieurs études montrant des liens directs avec l’accès à des milieux naturels et le bien-être, la santé mentale et la santé physique, il faudrait donc voir à ce qu’il n’y ait plus de plans de santé sans considération environnementale. Elle rappelle également qu’au-delà des impacts sur la santé, les milieux verts réduisent la criminalité et l’exclusion sociale.

Suite à la conférence, trois panels ont eu lieu simultanément, nous nous sommes intéressés à Nature de proximité en danger: quand les citoyen-ne-s s’organisent où quatre intervenants d’organisme environnemental et communautaire ont parlé enjeux et stratégies pour défendre les milieux naturels urbains. Il en ressort que les citoyens s’impliquent davantage quand on mentionne les enjeux de santé et quand ils ont un attachement social aux milieux. On conseille aux mouvements de s’entourer d’experts afin de garder un discours crédible, de s’inspirer des histoires à succès et de se préparer à de longue bataille laborieuse et parfois complexe. On rappelle aussi que la lutte n’est pas nécessairement la confrontation, elle se compose aussi de communication, d’éducation, de mobilisation et de création de lien social.

Trois autres panels se sont encore enchainés, cette fois nous nous sommes arrêtés à La reconquête de la biodiversité dans les villes. Les trois panélistes, Steve Hamel de WWF-Canada, Francis Cecil Cardinal d’Espace pour la vie et Émilie Lapointe d’Eurêko! ont présenté leurs initiatives respectives. Le premier a présenté un projet visant à réduire la perte de biodiversité du sud de l’Ontario et du Québec. Pour ce faire, il a, avec deux projets pilotes, créé des habitats naturels autour des emprises d’Hydro-Québec qui traversait des municipalités. Le second encourage les citoyens à cultiver des jardins protégeant la biodiversité. On leur offre des conseils pour y faire pousser des plantes particulièrement précieuses pour les insectes ou les oiseaux. La troisième travaille à l’augmentation de la biodiversité des territoires urbains du Saguenay par le verdissement. On essaie donc de remplacer les espaces occupés seulement par du gazon ou du béton par des variétés de plantes et d’arbres. Tous ces projets incluent un volet de participations communautaires.

Finalement, le colloque s’est terminé avec le panel composé d’Alexandre Warnet, Conseiller municipal Laval-des-Rapides, Mélanie Beaudoin, de l’INSPQ (Institut national de santé publique du Québec) et Marie-Josée Coupal, urbaniste en aménagement vert disposant d’une longue expérience en travaillant à la Ville de Québec qui ensemble on abordés leur expérience dans l’implantation de politique verte. Ils ont mentionné les problèmes de financement et la complexité de la machine administrative, de plus de sa tendance à mettre les enjeux dans des cases bien précises ce qui empêche de les aborder de manière multidisciplinaire.

Lors de la période de questions qui clôturait l’évènement, on a demandé si, en vue des dernières prévisions sur le climat, il était toujours possible de s’en sortir. La conseillère municipale et cheffe de Transition Québec Jackie Smith c’est alors emparé du micro pour répondre oui, il suffit selon elle que d’un changement de culture et nous approchons d’un point de bascule pour les mesures environnementales. Madame Coupal a aussi souligné la place significative que prend l’environnement aujourd’hui dans la politique municipale, alors qu’elle était presque inexistante au paravent. Monsieur Warnet a pour sa part répondu que si la situation était critique et que certainement nous allions devoir faire le deuil de certaines choses, il restait beaucoup trop à sauver pour que nous baissions les bras.

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