Branding 101 pour jeunes entrepreneurs

Créer une image de marque : quelque chose qu’on fait sur le coin d’une table? Pas du tout. Parlez-en aux étudiants en design graphique qui travaillent toute la session sur le projet d’un entrepreneur. Impact Campus est allé voir.

Depuis la création du baccalauréat en design graphique, Pier Tremblay met à profit ses nombreuses années d’expérience dans l’industrie. Le chargé de cours enseigne l’atelier sur la stratégie et l’image de marque à l’École de design. L’objectif? Faire travailler ensemble un entrepreneur et les étudiants pour développer une image forte de leur entreprise.

« On organise un speed dating où on invite des jeunes entrepreneurs issus d’Entrepreneuriat Laval [mais aussi d’autres secteurs] à venir nous rencontrer », explique M. Tremblay. Après une entrevue, les équipes retiennent un projet d’entrepreneuriat sur lequel ils veulent travailler. « On a l’équivalent de 12 équipes [3 étudiants par équipe] qui peuvent travailler sur 12 projets d’entrepreneuriat », précise le chargé de cours.

Après avoir suivi un cours les initiant aux fondements théoriques, le passage au niveau supérieur, en cours d’atelier, amène son lot de défis. Pas de répit pour ces futurs designers. Ils façonnent de A à Z l’image de marque de la jeune entreprise, quitte même « à revoir le nom de [celle-ci]! », souligne celui qui supervise les travaux.

Les étudiants de Pier Tremblay débutent par compléter un audit de marque pour leur client. « Ils travaillent [ensuite] sur la portion stratégie de la marque jusqu’à la mi-session », qui aboutit au pitch devant jury. Après la relâche, ils entameront un sprint final vers la parution d’une stratégie et d’une image de marque complète. Plusieurs projets seront alors exposés au Musée de la civilisation en mai.

Bénéfices à collaborer

Aujourd’hui, il faut arriver sur le marché avec une image solide et réfléchie, témoigne le praticien qui cumule plus de 35 ans d’expérience. La clé du succès se trouve bien souvent dans le travail réalisé en amont. Terminée l’époque où la compétition est locale ou nationale. « Tu n’as plus deux fois une chance de faire bonne impression », argue-t-il, alors que la compétition s’étend désormais à l’international.

Là se trouve toute l’importance de la collaboration entre les entrepreneurs et les designers. « On ne peut pas travailler en vase clos aujourd’hui. Le problème que j’ai vu souvent en ce qui concerne les entreprises, c’est de voir que la commercialisation et la mise en marché étaient plutôt mal foutues », constate celui qui a vu des entreprises fleurir après une mise en marché réfléchie.

Une collaboration étroite permet aussi à l’entrepreneur de « voir les bonnes pratiques d’affaires ». Pier Tremblay donne l’exemple du comptable. L’entrepreneur choisit un comptable avec lequel il collaborera plusieurs années. « Pourquoi ne pas faire la même chose avec un designer? », questionne le chargé de cours.

« L’objectif caché derrière tout ça c’est que les étudiants soient intégrés au projet d’entreprise », explique M. Tremblay. Les étudiants amènent une valeur ajoutée pour amener à un autre niveau le projet de l’entrepreneur.

Journée type

Il est 9h ce mardi 16 février quand Impact Campus se joint au groupe de Pier Tremblay. Les yeux gonflés de quelques-uns peinent à s’ouvrir, malgré les gorgées de café. Une grosse journée attend la quinzaine d’étudiants en design graphique.

La séance des moodboards a commencé dès 8h30. Tour à tour, les équipes présentent là où ils sont rendus et le travail qui reste à abattre avant le pitch de la mi-session. Le tout sous l’oeil attentif du professeur. Couleurs, slogans, logos: tout est analysé et commenté. « Ça permet de voir l’orientation qu’on voudrait prendre pour le visuel », commente Jessica, une étudiante du groupe.

Prêts? Partez. L’horloge annonce 9h15 et c’est l’heure de se mettre au boulot.

Mylène, Jessica et Audrey-Ann sont bien avancées. L’équipe travaille sur la commercialisation de fruits séchés à manger avant une activité sportive, une idée d’un jeune entrepreneur étudiant. « Jusqu’à maintenant, on a déterminé le positionnement de la marque, la promesse et le nominal. Logiquement, on devrait avoir notre slogan… », fait savoir Audrey-Ann. Fruvik : c’est le nom qu’elles ont retenu pour le produit. « C’est un match des mots “fruit”, avec “tonic” et “vite” », explique Mylène.

SteevenPhoto : Raphaël Guyard
Steeven
Photo : Raphaël Guyard

L’inspiration ne descend toutefois pas du ciel, pondèrent Fatoumata, Steeven et Noémie. « Il faut faire de la recherche sur les concurrents, l’entreprise en tant que telle… […] Il faut devenir des experts dans notre domaine », souligne Noémie. « C’est ça le design; c’est faire des choix réfléchis », renchérit Steeven.

Autre équipe, mêmes défis: Alexandra et Justine avouent que le travail avec la clientèle comporte quelques enjeux. « Quand tu as des clients qui sont super ouverts, qui ne connaissent pas ça et qui n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent, c’est plus facile parce que tu as plus de liberté. Quand c’est plus fermé, il faut trouver des moyens de plaire [la cliente] et faire ce qui sera esthétique. […] C’est un beau challenge. C’est ce qui le fun dans le métier », confie Alexandra. Sa coéquipière assure que des défis similaires les attendent sur le marché du travail.

L’heure avance et le temps presse… À 18h30, tous devront avoir terminé la rédaction de leur stratégie. Les clients seront-ils satisfaits du travail accompli jusqu’à maintenant?

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