Photo : Charles-Antoine Gagnon

Dehors, les marmottes !

De plus en plus nombreuses sur les campus du Québec, les marmottes ne sont pas aussi sages qu’elles le laissent croire. À l’Université Laval, les dommages qu’elles causent sont si importants qu’une dizaine d’entre elles sont forcées de quitter la cité chaque année.

Une balade à l’extérieur entre deux cours permet parfois de croiser certains de ces petits mammifères. Il faut dire qu’il s’agit d’un environnement idéal pour eux. D’abord, ce dont ils se nourrissent se trouve facilement. Puis, la présence d’humains tient éloignés leurs principaux prédateurs dont font partie les coyotes, les lynx ainsi que les renards roux.

En tentant d’en apprendre davantage sur leur mode de vie, Impact Campus a appris que les marmottes causent des maux de tête à certaines personnes. Amas de terre derrière des portes, trottoirs affaissés et trous dans le gazon font partie des répercussions de leur présence.

« En tracteur, on ne voit pas tout le temps les trous, donc un moment donné “bang” ! Tu tombes dedans. Ça peut faire des bris au niveau de la machinerie », raconte l’ouvrier horticole et de voirie à l’Université Laval, Jean-François Leclerc.

Cet animal peut espérer vivre jusqu’à 10 ans et les femelles donnent naissance à entre trois et cinq petits par portée dès leur deuxième année de vie. Tout indique donc qu’il y en aura de plus en plus. Si rien n’est fait, ce genre de situation pourrait ainsi continuer de se produire régulièrement.

Piste de solution

La plupart du temps, les bris occasionnés par cet animal sont signalés par des responsables d’installation et d’infrastructures. Si un bâtiment, un escalier ou un trottoir a été endommagé et qu’il y a un réel danger pour les passants, le processus de capture se met ensuite en marche.

« La capture se fait selon les règles de l’art à l’aide d’une cage et un appât approprié, précise la porte-parole de l’Université Laval, Andrée-Anne Stewart. Dans le but de ne pas nuire à la santé de l’animal, le technicien active les cages en début de semaine, et les désactive le vendredi après-midi. La relocalisation se fait dans un périmètre de 5 à 10 km du campus. »

Par contre, un geste complique parfois la tâche des personnes responsables de cette opération. Il arrive que les marmottes capturées soient relâchées avant même qu’elles aient été déplacées ailleurs dans la ville. « Bien souvent, des personnes qui aiment les marmottes vont les libérer. Aux endroits achalandés, on n’est pas capables de les capturer », se désole Jean-François Leclerc.

Un mal pour un bien?

Certaines personnes estiment que les dégâts causés par les marmottes représentent un mal pour un bien. Pour elles, leur présence amène de la couleur au campus et il est ainsi préférable de ne pas les faire fuir inutilement.

C’est le cas du coordonnateur aux infrastructures, Normand Beaumont. Notamment responsable du champ de pratique de Golf Campus, il affirme que ses enfants aiment l’accompagner à son lieu de travail pour entre autres apercevoir ces petits animaux.

Il concède que des trous sont creusés sur le terrain. Cependant, ils n’ont pas d’impact direct sur la clientèle, ajoute-t-il. Lorsque vient le temps de ramasser les balles, il est possible de passer à côté en kart. Pour lui, la situation n’est pas problématique du tout.

« On les laisse circuler en dessous du cabanon parce qu’elles s’installent là et ce n’est pas si dommageable que ça. On pourrait essayer de les contrer, mais ça ne changerait pas grand-chose. »

Étudiante à la Maîtrise en biologie dont le travail porte sur les marmottes des rocheuses, Béatrice Carrier partage cet avis. Elle estime que les trous des marmottes ne sont pas si dommageables qu’on pourrait le croire.

« Il y a des rapports qui sont sortis. Ça dit qu’on ne devrait pas s’inquiéter. Elles longent la fondation sans vraiment la gruger. »

Elle ajoute que pour endommager sérieusement des immeubles, de nombreuses marmottes doivent y avoir creusé des terriers à répétition durant plusieurs années consécutives.

Des mulots déclenchent un système d’alarme

Les marmottes ne sont pas les seuls animaux à se faire remarquer sur le campus de l’Université Laval. Les écureuils et les mulots font également sentir leur présence.

L’hiver dernier, des mulots se sont invités sur le site de Golf Campus. Ils ont alors préparé une mauvaise surprise, témoigne le coordonnateur aux infrastructures, Normand Beaumont.

« Ils sont rentrés dans le cabanon et ils faisaient partir le système d’alarme. Ce n’était pas très agréable. Au début, je me suis dit que c’était peut-être des marmottes qui sont assez grosses pour déclencher le détecteur de mouvements, mais, après vérification, je suis certain à 95% que c’est plutôt des souris. »

Arbres décimés

Quant à eux, les écureuils ont pour réputation d’avoir décimé plusieurs érables au cours des derniers hivers. À en croire l’ouvrier horticole et de voirie à l’Université Laval, Jean-François Leclerc, cette situation cause problème.

« L’écureuil, l’hiver, s’il manque de bouffe, il va se mettre à manger les arbres, explique-t-il. Les écureuils ont fait mourir plusieurs érables. »

L’Université Laval accorde à contrat le contrôle antiparasitaire sur le campus. Pour les trois prochaines années, l’extermination relève de la responsabilité de la compagnie Maheu&Maheu.

Saviez-vous que?

Un règlement de la Ville de Québec interdit de nourrir les marmottes, de même que d’autres types d’animaux tels que les écureuils et les pigeons. Quiconque est pris la main dans le sac, soit « en laissant de la nourriture ou des déchets de nourriture à l’air libre », et ce, « de façon à nuire à la santé, à la sécurité ou au confort du voisinage » est passible d’une amende. Celle-ci est d’un montant de 1000$ pour une personne physique et de 2000$ pour une personne morale. Pour un récidiviste, ces chiffres sont doublés. Aucune amende de ce genre n’a été distribuée en 2016.

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