Légende photo : Lors de la distribution du 13 novembre, environ 300 personnes ont bénéficié de l’aide de la Table du pain. Photo par Lucie Bédet

La Table du pain, plus qu’une banque alimentaire pour étudiants

 Tous les mercredis midi, une grande banque alimentaire pour étudiants est organisée sur le campus de l’Université Laval. On y trouve des aliments en tous genres, mais aussi et surtout de la chaleur humaine.

« C’est avant tout un projet étudiant pour d’autres étudiants », explique d’emblée Nebila Jean-Claude Bationo, étudiant en doctorat de psycho-pédagogie et président de la Table du pain depuis juin dernier. Ce bénévole de longue date a aussi été bénéficiaire de l’organisme quand il est arrivé à Québec : « Quand on arrive ici, on découvre l’isolement. On n’a pas toujours prévu ce qui nous attendait donc c’est un peu difficile. Les gens se retrouvent ici, ça créé une certaine familiarité : ils peuvent échanger avec des gens, prendre des vivres. » Il essaie de rendre aujourd’hui ce que la Table lui a apporté : « On aide des gens qui sont dans la situation dans laquelle j’étais quand je suis arrivé. »

4000 $ de nourriture distribués chaque semaine

La quantité de nourriture distribuée hebdomadairement est impressionnante : la Table du pain dépense 4000 $ de produits par semaine grâce aux fonds qu’ils récoltent à la Guignolée pour l’association. Moisson Québec, l’organisme qui subventionne le projet, approvisionne une autre partie des aliments en grosses quantités (trois fois plus que ce que la Table achète). De plus, l’organisme a un fond de soutien provenant du Séminaire de Québec. 

Concrètement, l’activité se tient le mercredi, entre 12 h et 13 h 30, au sous-sol du pavillon Lemieux.

« On reçoit des étudiants d’une cinquantaine de nationalités. On partage beaucoup de choses : à la fois des aliments mais aussi la joie de vivre », raconte le président Nebila Jean-Claude Bationo. Photo par Lucie Bédet

En effet, la Table du pain est basée sur le partage : c’est dans les faits un comité de l’Association étudiante catholique mais rien ne lie directement les distributions à la religion. Les bénéficiaires sont des étudiants, des couples, des familles, du Québec ou d’ailleurs, de croyances et habitudes différentes. Seule obligation : montrer une carte étudiante pour entrer. 

Ainsi, 500 personnes sont reçues chaque semaine et encadrées par une trentaine de bénévoles, dont Daouda Coulibaly, responsable des bénévoles. « Chaque mercredi, je viens à 9 h 30 car il faut que j’arrive à coordonner tous les bénévoles, vérifier que tout se passe bien. Je suis là jusqu’à la fermeture. Ce qu’on place dans la salle, la nourriture restante, les tables, le café, on doit tout ranger à la fin. »

Chaleur humaine 
Daouda est à la fois bénévole et bénéficiaire. Photo par Lucie Bédet

Daouda a commencé son doctorat en études cinématographiques à l’hiver 2018. Il a appris l’existence de la Table du pain à travers le Bureau de la vie étudiante. « J’étais en difficulté financière et au début, c’était pour ça : je n’avais pas toujours les moyens d’aller faire l’épicerie. Mais je suis aussi venu pour l’intégration. Je venais de passer deux semaines dans ma chambre et j’ai vu qu’ici, il y avait une certaine dynamique qui a fait que ça m’incitait à rencontrer du monde ».

En effet, la disposition des lieux amène les personnes à discuter. Chacun peut venir prendre une tasse de café et de petites parts de gâteau pour s’installer à une table. Une fois assis, les discussions peuvent commencer avec ses voisins de table, ou ses amis présents également. 

« Souvent, on met l’accent sur les difficultés financières mais les relations humaines aussi sont très importantes pour ceux qui viennent de régions où ils sont généralement très entourés », souligne Nebila Jean-Claude Bationo.

Guignolée de la Table du pain, un financement nécessaire

C’est avant tout grâce aux dons et soutiens financiers du grand public que les distributions alimentaires peuvent perpétuer depuis plus de 15 ans. Alors, la Guignolée étudiante est l’occasion pour les bénévoles de récolter un maximum d’argent pour permettre le bon fonctionnement du dispositif toute l’année. 

« On aimerait avoir plus d’aide, c’est sûr. Moi, ça me fend le cœur quand les gens viennent et n’ont plus grand-chose à emporter chez eux. On essaie de faire le poids pour pallier à ça et d’avoir un maximum de bénévoles pour la Guignolée du 27 novembre », conclut Daouda Coulibaly.

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