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Chute des marchés boursiers : comprendre la crise

Le 6 février dernier, les marchés boursiers ont connu leur pire crise depuis 2011, alors que le Dow Jones et le Nasdaq ont chuté de 4,6% et 3,8% respectivement. Cette chute, qui s’est fait ressentir autant dans les marchés asiatiques qu’en Europe, est difficilement explicable. Le professeur titulaire au département d’économique de l’Université Laval et expert en économie financière, Benoit Carmichael, tente d’élucider la situation.

Afin de bien cerner la problématique, Benoit Carmichael explique les bases du marché boursier. Lieu de vente et d’achat d’actions d’entreprises, c’est aussi un milieu où il est possible de réclamer des dividendes sur les recettes des entreprises. Les gens achètent des actions dans l’espoir de les revendre plus tard avec un profit.

« En réalité, la valeur d’une action boursière reflète ce que le marché pense sur l’avenir de l’entreprise. Plus on pense que l’entreprise sera profitable, plus la valeur de l’action sera élevée », explique M. Carmichael.

Le marché est composé des gens qui vendent et négocient les titres. « Lorsque les gens qui composent le marché changent d’opinion à l’égard de l’avenir, c’est là que l’on voit les corrections », ajoute-t-il.

Le Dow Jones est un indice boursier de trente compagnies majeures dans le monde. Le Nasdaq est lui aussi un indice boursier qui se concentre plutôt sur les technologies. Ce sont deux des indices les plus suivis lors de l’évaluation de la santé du marché boursier et ce sont eux qui ont été le plus touchés lors de la crise du 6 février dernier.

Crise difficilement explicable

Après plusieurs mois d’euphorie boursière, le marché boursier a pris un dur coup sans avertissement. M. Carmichael propose une piste d’explication : « Comme on achète maintenant et que l’investissement se fait plus tard, le taux d’intérêt est très important lorsque l’on joue à la bourse et présentement les taux d’intérêt sont historiquement bas ».

Selon l’expert, ce phénomène pourrait être la cause de la chute drastique que le marché a connue. « En effet, le marché pense qu’inévitablement les taux d’intérêt vont finir par augmenter, ce qui effraie les acheteurs qui en contrepartie décident de vendre leurs actions. Comme il y a un flot d’actions à vendre beaucoup plus élevé en circulation, la loi de l’offre et la demande fait que les parts perdent de leur valeur. » Il ajoute que les gens vendent, car ils pensent que la profitabilité ne sera plus au rendez-vous dans peu de temps, et qu’il vaut mieux vendre alors qu’il est possible de faire un maximum de profit.

Une autre raison qui pourrait expliquer les gros soubresauts de la bourse provient des gens qui tentent de payer leurs dettes en jouant à la bourse avec des emprunts. « Ces gens tentent de faire un profit plus grand que le taux d’intérêt auquelle ils ont emprunté,  explique M. Carmichael. Par contre, lorsque survient une baisse des prix, ils n’ont d’autre choix que de vendre le plus rapidement possible pour éponger leurs pertes ». Ce qui crée un effet boule de neige : plus il y a d’actions à vendre en circulation, moins ils ont de valeur.

Il prend la peine d’ajouter que ce ne sont que des spéculations et que personne ne peut avec certitude expliquer pourquoi cette crise s’est produite. Il n’existe pas de contexte particulier qui mène à des changements importants dans les indices boursiers. Ils arrivent comme ça, c’est tout.

Impacts possibles

Les marchés qui sont tous interreliés dépendent énormément de la bonne santé économique des uns des autres. « Quand des acteurs importants tels que Wall Street révisent les prix à la baisse, tout le monde essaie de se protéger. Ce n’est pas très long avant que la baisse de prix se propage et des chutes importantes surviennent. »

Ce sont les grands investisseurs qui gèrent des milliards et des milliards de dollars qui sont le plus touchés par les fluctuations de la bourse. Ces investisseurs jouent un rôle primordial dans l’état de l’économie mondiale. Cependant, le marché boursier ne fait pas foi de tout. L’économie nord-américaine se porte très bien, rappelle M. Carmichael.

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