Conférence de G. Barrette : Choisir entre le ministre ou ses obligations

Les étudiants résidents et externes seniors en médecine à l’Université Laval pourront assister à une conférence du ministre Gaétan Barrette le lundi 16 novembre prochain, de 9 h à 12 h. Seul bémol : alors que les étudiants rencontrent quotidiennement des patients, leurs superviseurs se doivent de les libérer.

Selon des informations obtenues par Impact Campus, certains docteurs à l’Unité de médecine familiale dans divers établissements de santé affiliés à l’Université Laval dénoncent le devoir qui les incombe de libérer les étudiants pour la conférence. Cette journée-là, plusieurs étudiants ont des obligations médicales, notamment des rendez-vous avec des patients. Le docteur à la source des informations obtenues redoute que la conférence soit une occasion pour le ministre « de faire du capital politique au profit des patients ». 

Dans un courriel d’invitation destiné aux étudiants résidents et externes, la Faculté de médecine explique que « les enseignants et les directeurs de programme ont été informés et invités à participer à cette rencontre. » Juste après, elle autorise les étudiants à se libérer pour cette période : « Vous pouvez donc y participer sans contrainte, car nous autorisons votre libération pour cette période. »

Les patients ou le ministre ?

Cette situation laisse à l’étudiant la charge d’évaluer s’il fait la demande ou non auprès de son superviseur en milieu hospitalier d’être libéré. Ce choix ne constitue pas un poids sur les épaules de l’étudiant, explique Geneviève Bhérer, directrice communication et philanthropie à la Faculté de médecine de l’UL. « Dans la mesure où l’étudiant est libéré de ses tâches cliniques, et c’est bien le cas si l’étudiant souhaite participer, il n’a pas de fardeau. Les superviseurs en milieu clinique ont eu le mandat d’aménager les horaires pour permettre à l’étudiant d’être libéré », précise-t-elle.

Questionnée sur la possibilité qu’un patient écope de la décision de l’étudiant d’assister à la conférence, Mme Bhérer précise que les personnes responsables en milieu hospitalier vont répondre aux besoins des patients pour que les étudiants soient libérés. « À notre avis, il n’y aura pas d’impact sur la santé de la population. Nos milieux cliniques sont habitués à travailler dans ces eaux-là », mentionne-t-elle.

Aux Centres hospitaliers universitaires (CHU) de Québec, on explique que les externes et les résidents sont supervisés par leur « patron » lorsqu’ils rencontrent des patients. « Les étudiants sont en stage le lundi et leur période de garde ne débute qu’après 17 h. Ainsi, l’horaire des patients demeure inchangé en raison que les étudiants sont accompagnés par leur patron », précise Pascale St-Pierre, porte-parole pour le CHU de Québec. Cela signifie que les médecins responsables pourront rencontrer les patients eux-mêmes le jour de la conférence. Elle ne sait cependant pas si tous les établissements hospitaliers de la région fonctionnement selon les mêmes règles.

Du côté de la Fédération des médecins étudiants du Québec (FMEQ), on se dit satisfait de la réaction de la Faculté de médecine. Selon la déléguée aux affaires politiques, Jessica Ruel-Laliberté, c’était la bonne chose à faire que de rendre l’événement optionnel pour les étudiants, en faisant référence notamment à l’Université de Montréal qui avait obligé les étudiants d’y participer. « Ça revient au jugement clinique de l’externe ou du résident » d’assister ou non à la conférence, selon ses obligations.

Impact Campus a tenté de joindre plusieurs médecins superviseurs pour recueillir leurs réactions quant au fait qu’ils doivent libérer les étudiants pour une conférence du ministre Barrette. Il fut impossible de recueillir une réaction.

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