Débat des candidats au rectorat : Cinq enjeux importants

Le débat des candidats au poste de recteur de l’Université Laval se tenait mercredi à 11h30 dans l’Atrium du pavillon Alphonse-Desjardins. Organisé par la CADEUL et l’AELIÉS, l’événement a laissé la parole à Éric Bauce, Sophie D’Amours et Michel Gendron, venus exprimer leur vision pour l’institution à la communauté.

Dans le cadre de ce dossier spécial, Impact Campus propose un retour sur cinq préoccupations étudiantes exposées lors de la période des questions. De nombreux autres enjeux ont toutefois été abordés. Ceux-ci feront l’objet de couvertures ultérieures.

Ces cinq enjeux sont : les primes d’après-mandat, l’eau embouteillée et le développement durable, le désinvestissement des énergies fossiles, la réalité des parents-étudiants et l’université du troisième âge.

#1 : Primes d’après-mandat

Au tout début de la période de questions, un étudiant du programme de sciences économiques a demandé aux trois candidats d’expliquer ce qu’ils voulaient faire avec les fameuses primes d’après-mandat et les salaires de la haute direction.

« Je suis contre la rémunération quand on n’occupe plus un poste, a directement répondu Michel Gendron. Je vais demander au conseil d’administration d’aller auprès du comité de rémunération pour revoir ces choses-là sous un autre angle. »

De son côté, Sophie D’Amours a parlé de transparence et de reconnaissance auprès des citoyens. Il y a là deux critères fondamentaux, selon elle, qu’il faut remplir en ce qui concerne les salaires. « On l’a vu avec Bombardier récemment, c’est devenu essentiel d’obtenir l’acceptabilité sociale, affirme-t-elle. Comme le gouvernement nous a déjà imposé des coupes de 1,4 M$, je crois que tous les collègues peuvent réfléchir en quittant leur poste. Chaque fois que quelqu’un renonce à la prime, on peut aller chercher un peu d’argent et réinvestir. »

En rappelant qu’il ne pourrait pas critiquer le conseil d’administration de l’UL, dont il est toujours exécutant, Éric Bauce a toutefois mentionné qu’il avait des choses à proposer. « Je pense à un plafond salarial, dit-il. Ça permettrait à toutes les universités de rassurer la population sur cet espèce d’enjeu un peu obscur. » Selon lui, il faut également publier l’ensemble des informations salariales sur le Web, afin que la population puisse connaitre les conditions exactes des dirigeants.

# 2 : Eau embouteillée et développement durable

D’autres étudiants se sont ensuite avancés au micro pour demander aux candidats ce qu’ils ont à suggérer en matière de récupération et de réduction des déchets, notamment en ce qui concerne le combat contre l’eau embouteillée sur le campus.

En félicitant le savoir-faire étudiant, Sophie D’Amours s’est prononcée sur le sujet en affirmant qu’en tant que rectrice, elle retirerait « les bouteilles dans les pavillons où l’on est assurés que la qualité de l’eau peut nous permettre de le faire sainement ».

« On vous appuie, on va continuer d’en faire plus, il faut être les premiers au monde dans les classements », ajoute-t-elle.

Pour Michel Gendron, il importe d’abord et avant tout de revoir la manière dont les déchets sont collectés à l’Université Laval. « Il faut déterminer où ça se fait, à savoir en amont ou à la toute fin, note-t-il. Pour ce qui est des bouteilles, sachez que chez nous (à la FSA), on l’a fait pour ce qui est des employés. On a fourni des bouteilles d’eau réutilisables. On peut donc aller plus loin là-dedans, c’est certain. »

Enfin, l’actuel vice-recteur exécutif, M. Bauce, estime que l’Université est sur la bonne voie dans ce secteur, même si l’approche en ce qui concerne l’eau embouteillée est « compliquée et exigeante » selon lui. « Au cours des trois dernières années, on parle de 40% de réduction d’utilisation des bouteilles en plastique, lance-t-il. Si on va dans cette direction, on va pouvoir instaurer un comportement en montrant l’exemple. »

#3 : ULaval sans fossiles s’interroge

La coordonnatrice générale d’ULaval sans fossiles, Alice-Ann Simard, est ensuite venue demander aux trois orateurs d’expliquer ce qu’ils feraient pour respecter l’engagement de ne plus investir dans les énergies fossiles. Rappelons que l’UL a annoncé sa décision de freiner ses activités dans ce domaine en février dernier.

« Je l’ai pris, cet engagement, a répondu M. Bauce. C’est pour sauver notre planète. Il y a une perspective environnementale, mais aussi économique et sociale. On est capables de faire de meilleurs investissements. On peut placer notre argent dans des choses beaucoup plus structurantes et moins dévastatrices que les placements dans les énergies fossiles. »

Plus largement, Michel Gendron aborde de son côté la nécessité d’utiliser les ressources de la province. « On est un acteur social d’importance, alors prenons des décisions en ce sens, lance-t-il. Le Québec est très riche en hydroélectricité, notamment. Il faut faire levier là-dessus, et l’université doit jouer son rôle de transition vers ces énergies propres. »

Sophie D’Amours, elle, croit que cette situation démontre que le leadership des étudiants peut bel et bien s’exprimer. Elle entend ainsi s’engager et déterminer un rythme d’avancées avec eux. « On va avancer ensemble, mais pour désinvestir, il faut réinvestir dans la transition énergétique, envisage-t-elle. On a beaucoup de compétences ici, à l’UL, sur ces dossiers-là. Il faut les utiliser. »

#4 : Parents-étudiants

La coordonatrice de l’Association des parents-étudiant(e)s et travailleur(e)s de l’UL (APÉTUL), Annie-Pierre Bélanger, avait, quant à elle, une demande claire. « Quelles sont vos positions sur la mise en place d’une politique familiale, et que devrait-elle contenir? »

« Dans mon programme, on aurait une politique famille de façon plus globale, lance Sophie D’Amours. J’ai été parent-étudiante, mon premier garçon est né alors que j’étais au doctorat. C’est le temps qu’on ait une politique familiale. De permettre aux étudiants parents de prendre un congé sans se désinscrire d’un programme. D’aménager le campus pour que les enfants puissent y aller. D’avoir plus de places en garderies. C’est une question d’équité et d’accès aux études. »

« Ce que vous avez comme politique est très riche, ajoute M. Bauce. Tout l’aspect des accommodements est très important. Il y a une politique que chaque faculté devra développer pour faire en sorte que, quand ton enfant tombe malade, c’est la priorité, et rien d’autre. » Il indique entre autres que les milieux de vie du campus doivent être pensés de manière à pouvoir y vivre avec des enfants.

« Notre finalité, c’est les étudiants, lance pour sa part Michel Gendron. Il y a une demande. Votre projet est bien monté et me semble tout à fait raisonnable. Vous êtes créatifs, vous vous êtes engagés, alors c’est à nous de passer à l’action. »

#5 : Université du troisième âge

Dernière à s’amener au micro devant les candidats, la présidente de l’Association des étudiant(e)s de l’Université du troisième âge (AEUTA), Carole Rivard, s’est indignée du fait que le dernier plan triennal suggéré par son groupe n’a jamais obtenu de retour de la part de l’administration.

Sa question, dans le contexte. « Tenez-vous toujours à une université du troisième âge sur votre campus et, si oui, quelle est votre vision là-dessus? »

« Parler de formation à vie, c’est une belle façon de terminer le débat, a lancé M. Bauce. J’ai un rêve : qu’un étudiant qui entre à l’Université Laval n’en sorte jamais vraiment. Autrement dit, je veux que l’UL soit toujours là pour lui ou elle. » Avec l’enthousiasme de Mme Rivard, il affirme être « sûr et certain » que les deux parties pourront s’entendre sur un plan concret dans les plus brefs délais.

« C’est riche d’avoir une vie intergénérationnelle sur le campus, a poursuivi Sophie D’Amours. Il faut l’apprécier, car ce n’est pas tous les établissements qui ont ce privilège. Je sais que vous avez des demandes, et c’est stimulant pour nous. Les aînés sont exigeants dans leurs attentes, il faut s’engager à y répondre. »

« J’ai été en mesure d’observer de première main, dans ma famille, que les bénéfices sont tout à fait extraordinaires en ce qui concerne l’université du troisième âge, conclut M. Gendron. Je le dis autant pour ceux qui assistent aux cours que pour les profs, qui adorent ça et qui sont passionnés. Vous faites partie de notre société, vous êtes importants. »

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