Demande d’expulsion d’associations à l’ASSÉ

Le Comité Femmes de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a demandé, la semaine dernière, à ce que 12 associations-membres soient expulsées des instances décisionnelles nationales, étant donné leur manque de participation aux congrès annuels.

Trois regroupements étudiants de l’Université Laval font partie de la liste relayée sur les médias sociaux, qui a causé bon nombre de réactions sur la toile.

Il s’agit de l’Association des chercheur(e)s étudiant(e)s en philosophie (ACEP), de l’Association générale des étudiants et étudiantes prégradué(e)s en philosophie (AGEEPP) et de l’Association générale des étudiantes et étudiants en théâtre de L’Université Laval (AGÉÉTUL).

Jointe par Impact Campus, l’une des membres du Comité Femmes, José-Frédérique Biron, justifie cette volonté d’expulsion par la structure même de l’ASSÉ, qui en est gravement touchée selon elle. « C’est une association qui a un fonctionnement très bottom-up, explique-t-elle. Autrement dit, pour que ça fonctionne, il faut que ses membres participent aux instances décisionnelles. »

« Au point mort »

Depuis que l’assistance aux congrès est en diminution chez certains groupes, la jeune femme déplore notamment le fait que la prise de décisions est devenue très difficile à l’ASSÉ. « Il y a des gens qui discutent comme quoi son fonctionnement n’est pas compatible avec sa grosseur actuellement, lance-t-elle. On considère donc de sortir les groupes qui n’ont pas pris part au débat. »

Selon elle, le fait que ces 12 associations ne soient pas en mesure de participer aux activités ajoute un gros poids sur les épaules du comité exécutif, qui n’est plus capable de remplir certaines de ses fonctions.

«  Ça fait en sorte qu’au bout du compte, on ne réussit pas à avoir de quorum, poursuit-elle. On parle de campagnes annuelles qui doivent être votées, des grandes orientations, sauf qu’il n’y a pas eu ça depuis au moins deux congrès. »

Revoir le rôle de l’ASSÉ ?

Fortement remise en question dans les derniers mois, la place de l’ASSÉ et le rôle qu’elle joue au sein de la démocratie étudiante doit précisément faire l’objet d’un débat public, selon l’étudiante en science politique.

« On aurait justement dû réfléchir à cette question lors des rencontres, sauf que j’ai un peu l’impression qu’elle a été évacuée, dit-elle. Il n’y a pas beaucoup d’associations qui ont remis des rapports là-dessus. »

Les faiblesses structurelles à l’interne pourraient d’ailleurs s’expliquer par un nombre limité de moyens, avance-t-elle. « Je ne crois pas que ce soit un manque de communication, mais surtout de ressources. Il faut savoir qu’en ce moment, l’exécutif de l’ASSÉ ne compte que quelques personnes seulement. »

Dans tous les cas, la jeune femme voit d’un bon oeil que la demande d’expulsion de son comité fasse autant jaser sur Internet. Elle estime que c’est en « brassant la cage » que les orientations changeront une fois pour toutes.

Revendications féministes

Plus tôt cette année, la secrétaire aux affaires académiques de l’ASSÉ, Élisabeth Béfort-Doucet, publiait une lettre ouverte nommée « Hommes fantômes, hommes de l’ombre ». Elle y dénonçait notamment le « désinvestissement flagrant » des membres masculins de l’association nationale.

« Cette paresse masculine ne s’étend pas seulement au refus de prendre des tâches logistiques : le refus de démissionner, par exemple, crée le phénomène des comités fantômes, écrit-elle. Celui-ci met en danger l’obtention du quorum lors des Conseils de Coordination, considérant la présence prédominante des hommes élus sur l’équipe nationale. »

José-Frédérique abonde d’ailleurs dans le même sens de sa collègue sur ce point. « On se rend compte, d’un point de vue personnel, que ce sont surtout des femmes qui font le gros du travail de maintenir l’organisation en place, croit-elle. Elles se tuent à l’ouvrage, et ça peut devenir éreintant de toujours avoir à faire ça dans le vide, comme les chose ne se passent pas et qu’en ce moment l’ASSÉ, ça ne va pas super bien. »


L’ASSÉ devrait de nouveau être active sur le terrain le 6 avril prochain, lors de la Manifestation  : Précaires et en colère, qui se tiendra dans la ville de Sherbrooke.

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