Photo : Margaud Castadère-Ayçoberry

Des budgets à l’opposé l’un de l’autre

La présentation des derniers budgets fédéral et provincial a fait la manchette au cours des dernières semaines. Impact Campus a procédé à une analyse de trois aspects qui ont moins retenu l’attention : les investissements gouvernementaux pour les étudiants, ainsi qu’en recherche et en innovation, et l’Institut nordique du Québec.

Bien que le gouvernement de Philippe Couillard prévoit injecter 500 millions de dollars en éducation au cours des trois prochaines années, aucune mesure concrète n’a été mise de l’avant pour soutenir les problèmes financiers de l’éducation supérieure.

Le gouvernement prévoit injecter 120 millions de dollars dans les institutions collégiales et universitaires. Par contre, rien ne démontre que cette somme sera investie dans la bonification des bourses et des prêts étudiants, ou bien pour le financement de la recherche universitaire.

Le gouvernement Trudeau envoie un tout autre message, alors qu’il prévoit plusieurs réformes au Programme de prêts aux étudiants. Une mesure qui vise à rendre plus accessibles les études postsecondaires, tout en diminuant l’endettement des étudiants. Pour ce faire, le gouvernement entend majorer de 50 % le montant des bourses qui seront accordées aux étudiants d’ici 2016-2017.

Cap sur la recherche et l’innovation

Québec a pour l’instant annoncé un investissement de 30 millions de dollars pour soutenir les entreprises ayant des projets innovants. Du côté d’Ottawa, le gouvernement souhaite faire du Canada un pôle international pour l’innovation.

L’objectif du gouvernement fédéral est quadruple. Il tient à orienter le soutien fédéral vers la recherche fondamentale, commercialiser les découvertes scientifiques prometteuses, soutenir les entreprises qui souhaitent prendre de l’expansion et mettre en place un fond monétaire constant pour évaluer les secteurs éprouvant des difficultés puis remédier aux problèmes le plus rapidement possible.

Sur papier, ce plan d’investissement semblerait fantastique aux yeux des personnes qui travaillent dans ces secteurs. Certains, comme Frédéric Bouchard, président de l’ACFAS (Association Francophone pour le savoir), attendent toutefois avant de trop se réjouir.

« Les chercheurs ne savent pas sur quel pied danser, car du côté d’Ottawa on assiste à un investissement massif dans la recherche sur toutes ses formes et secteurs. […] Donc du côté du fédéral, les chercheurs sont encouragés par le budget. À Québec, ce n’est pas aussi clair que ça. Il y a une légère augmentation allouée au fond de recherches du Québec […], mais en termes d’investissements en recherche, il n’y a pas vraiment eu de nouveaux fonds [rendus] disponibles et cela nous préoccupe. »

M. Bouchard ne crie pas victoire, car il indique que depuis 12 ans, aucune stratégie concrète n’a été mise en place pour soutenir de façon permanente le développement de la recherche et de l’innovation. Selon lui, les gouvernements devraient cesser de penser la recherche et l’innovation comme des dépenses, mais plutôt comme des investissements qui peuvent rapporter à long terme.

Le milieu de la recherche est un « écosystème » particulier qui nécessite une stratégie de financement distincte, pense le président de l’ACFAS. Les gouvernements, selon lui, ne peuvent pas élaborer une stratégie de financement globalisant l’éducation et la recherche. « Il faut se concentrer sur la mission de la recherche en soi, et non pas la voir comme une simple mission complémentaire à celle de l’université qui est d’éduquer. »

« Le Québec était en avance à une époque en matière de développement de l’innovation par rapport aux autres pays de l’OCDE, chose étonnante pour une population de seulement 8 millions d’habitants. […] Depuis 10 ans, on recule constamment et on est maintenant en bas de la moyenne des pays de l’OCDE », conclut-il.

Rien de concret pour l’Institut nordique

Plusieurs attendaient l’annonce d’un investissement du fédéral pour l’Institut nordique, or rien. Impact Campus rapportait cependant qu’une annonce devrait venir bientôt, alors que Québec a déjà annoncé sa participation financière au projet.

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