Dans la foulée des débats entre la gauche et la droite politique, Jean-François Lisée et Éric Duhaime ont donné leurs opinions concernant la hausse des frais de scolarité et le système d'éducation québécois.

Droits de scolarité : Lisée vs. Duhaime

 

Impact Campus: Quelle est votre position concernant la hausse des frais de scolarité?

Jean-François Lisée:Je suis contre, car cela contribue à l'endettement individuel et collectif. Cette décision empêche la mobilité sociale ce qui devrait être un objectif de notre système d'éducation.

Il sera difficile d'attirer des étudiants provenant des milieux défavorisés. Les moins nantis ont tendance à surestimer les coûts de l'éducation supérieure et leurs bénéfices. La hausse contribuera alors à une perte d'intérêt des moins nantis envers les études supérieures.

Éric Duhaime:Dans un contexte d'iniquité intergénérationnelle, je suis contre l'idée de tarifier davantage les étudiants. Compte tenu de la natalité faible de notre province, les jeunes étudiants sont notre plus grande richesse humaine et ils sont très précieux. On ne peut pas se permettre qu'ils subissent un endettement supplémentaire lorsqu'ils devront déjà supporter la dette des générations précédentes. 

 

IC: Quelles seront les conséquences de la hausse des frais de scolarité sur notre société?

J-F.L.:On fabriquera des cohortes endettées pour les générations à venir. L'endettement n'a rien de bon pour un jeune diplômé qui entre sur le marché du travail.

É.D.:On assistera à l'endettement des jeunes générations pour payer les services publics bâtis par les baby-boomers et ils paieront pour les ratés de la Révolution tranquille par l'augmentation des taxes et des impôts. Nous vivons de plus en plus dans une économie de savoir, et pourtant, on finance de moins en moins le système d'éducation.

IC: Est-ce que la grève générale illimitée est un moyen de pression qui a lieu d'être? Serait-ce efficace pour faire reculer le gouvernement?

J-F.L.:Elle a déjà empêché le gouvernement de couper 103 millions de dollars de bourses. Cette fois l'enjeu est plus grave, mais la mobilisation est favorable à de bons résultats, tout comme l'opinion publique qui la soutient bien. Mais, le mouvement étudiant serait plus crédible s'il proposait un remboursement sur les études pour les hauts salariés.

Un diplôme universitaire permet d'accéder à de bons salaires. Il serait possible de demander à ceux qui gagnent plus de 75 000 dollars par an de rembourser les deux tiers des coûts engendrés par leurs études. La gratuité scolaire serait établie pour les salaires inférieurs à 75 000 dollars. Cette mesure assurerait une meilleure équité sociale tout en garantissant l'accès
aux études.

É.D.:Je crois que les associations étudiantes sont trop collées sur les centrales syndicales et, sans se le cacher, à l'idéologie gauchiste, ce qui est nuisible. Ils devraient élargir leur discours pour y inclure les iniquités intergénérationnelles pour être soutenus. Pour l'instant, la grève va plutôt aider le gouvernement libéral qui va se servir de leur résistance au mouvement étudiant comme
arme électorale.

 

IC: Quel est le rôle de l'État?

J-F.L.:La droite nous dit que nous n'avons pas les moyens de payer pour nos services publics, car elle crée des iniquités intergénérationnelles.  Par contre, la privatisation de nos services publics, mènerait à un appauvrissement collectif, car ce sont les générations X et Y qui devront payer.

É.D.:Le gouvernement doit couper dans ses dépenses pour réduire la dette qu'il laissera aux générations suivantes. Il doit réduire les dépenses en santé en permettant l'implantation du privé pour les plus riches. Il est essentiel de libérer les entreprises du corporatisme syndical qui bloque l'accès des jeunes à l'emploi. Aussi, il faut investir massivement dans l'éducation, car c'est ce qui rapportera vraiment.

Courtoisie : Facebook, Eric Duhaime

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