Du journalisme politique à vélo

Couvrir la campagne électorale américaine à vélo de Burlington à Miami : c’est l’ambitieuse mission que se sont donnés Mathieu Massé et Isabelle Bergeron. Leur blog Chroniques d’une présidentielle à vélo relaiera du contenu axé sur le contact avec les communautés locales. L’objectif principal sera de faire parler les citoyens américains dont l’opinion est rarement diffusée dans les grands médias.

Il y a deux ans, Mathieu Massé terminait ses études à l’Université Laval, aspirant à une carrière de journaliste politique. Bien vite, le gradué a toutefois réalisé qu’il lui faudrait fonder son propre projet, étant donné le manque de débouchés dans son domaine. « C’est difficile en sortant de l’école, car il n’y a pas beaucoup d’offres et de gens qui te donnent un bureau, explique-t-il. Je me suis dis que je le ferais moi-même et j’ai commencé à réfléchir à ce projet-là ».

Un an plus tard, dans un congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), le lavallois rencontre Isabelle Bergeron, une diplômée de l’Université de Montréal en rédaction professionnelle. Et voilà que tout se concrétise. « Quand je l’ai rencontrée, on a jasé et elle m’a démontré sa volonté de partir avec moi, poursuit Mathieu. On s’est mis à travailler ensemble à partir du mois de novembre ».

Le 20 août 2016, après des mois de préparation, le duo s’est mis en route pour une randonnée d’environ 3000km à travers les terres américaines. Équipés de dix sacoches étanches fournies par la compagnie sherbrookoise Arkel, mais aussi d’ordinateurs, de caméras et d’enregistreurs, Mathieu et Isabelle étaient fins prêts à créer du contenu journalistique nouveau-genre.

Plusieurs buts derrière ce voyage

Depuis le lancement de la campagne électorale américaine, peu de médias se sont tournés vers les villages, les collectivités et les plus petites villes pour obtenir leurs réactions. C’est justement l’objectif du blog Chroniques d’une présidentielle à vélo, selon le jeune homme de 26 ans. « L’idée, c’est d’aller chercher les gens dans les petits coins de pays, d’aller voir ceux à qui on ne demande pas l’avis, poursuit-il. On veut savoir ce qui est important pour eux et ce qu’ils pensent de tout ça ».

L’usage du vélo est d’autant plus significatif, sachant que le voyage ne causera d’abord aucun dommage à l’environnement. Ce mode de transport permettra ensuite aux deux pigistes de prendre le temps de s’arrêter et de discuter. « On conserve une empreinte écologique quasiment nulle, se réjouit Mathieu Massé. On peut surtout prendre le temps de regarder autour de nous, c’est le moyen le plus intéressant pour rencontrer le vrai monde».

D’ici les prochaines semaines, l’équipe souhaite publier des reportages photos, des analyses politiques, mais aussi des mémoires dignes d’intérêt. Au style Humans of New York, ces images accompagnées d’une citation témoigneraient d’une réalité méconnue de la campagne électorale. « On aimerait bien prendre des portraits et y inclure des paroles poignantes en lien avec certains enjeux, admet l’ancien étudiant. On veut trouver des histoires intéressantes dont personne ne parle ». 

Tourné vers l’avenir

Faisant déjà parler de lui, le projet témoigne d’un bel exemple de volonté à faire sa place dans le milieu médiatique. À l’issue de cette aventure, les deux cyclistes espèrent d’ailleurs se faire remarquer. « Le but, c’est de se faire voir, de montrer qu’on est capables de faire du journalisme de qualité même si on est jeunes », exprime celui qui est originaire de l’Île-Perrot, en Montérégie.

D’ici la fin du périple, peu après l’élection du 8 novembre prochain, Mathieu et Isabelle tenteront donc de laisser leur marque dans un paysage médiatique très occupé. Des opportunités se présenteront peut-être à eux à la suite de l’aventure. « Qui sait où on va se retrouver ensuite, mais si on trouve un emploi en revenant, le but va être totalement atteint », raisonne Mathieu Massé.

En avril prochain, ce sera au tour de l’élection présidentielle française d’occuper l’agenda médiatique. Questionné sur la possibilité de répéter l’expérience dans ce contexte, l’ex-lavallois n’exclut absolument rien. « Dans un futur éloigné, si tout ça fonctionne bien, pourquoi pas la France », rigole-t-il.


Diffusé sur CHYZ 94.3, la radio étudiante de l’Université Laval, un podcast des diverses péripéties du voyage sera également disponible chaque semaine. Pour plus d’informations sur le projet, cliquez ici. 

 

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