Entrevue avec la controversée Mélodie Nelson

Entrevue avec la très controversée Mélodie Nelson

Bonjour Mélodie. Votre livre, basé sur vos expériences personnelles, est intitulé Escorte. Faites-vous une différence entre ce métier et celui de prostituée ?

Pour moi, c’est exactement la même chose. Si certains travailleurs dans l’industrie du sexe, ou même des clients, n’aiment pas le mot prostituée, moi je ne le crains pas. Pute, prostituée, escorte, call girl. Whatever.

Vous l'affirmez dès l’introduction: vous faisiez ce métier par choix. Seriez-vous prête à dire qu’être escorte est un métier épanouissant et sain?

Je dirais que pour moi, et pour plusieurs filles que j’ai côtoyées, c’est un métier épanouissant et sain. Mais ça ne peut pas l’être pour toutes. Il faut absolument connaître nos limites, ne pas se mentir, et se respecter. Dans aucun autre travail, je ne me suis sentie aussi respectée, et belle, que lorsque j’étais escorte. Avant je ne me trouvais pas belle, je regardais les actrices, je tentais d’en trouver une qui me ressemblait, je ne savais pas que je pouvais être belle, avec mes petits seins, mon nez de juive-pas-juive, mes lèvres sévères, mon visage long comme un portrait de Modigliani, mes cuisses maigres, et mes pieds de ballerine abîmés. Mais plein de mecs m’ont choisie, moi, ils m’ont payée, et pas seulement parce que j’avais une chatte à remplir.

Votre désir de plaire aux hommes est palpable dans Escorte. La séduction a-t-elle toujours une aussi grande place dans votre vie actuelle?

Je ne sais pas si la séduction est aussi importante pour moi aujourd’hui. Sans doute. Je m’affiche beaucoup sur mon blogue, et ça me rend heureuse quand les gens font des commentaires positifs sur mon moi. Mais c’est de la séduction dans un contexte ludique. Je m’amuse avec mes limites, avec un personnage qui est moi et pas moi. Je trouve ça important de me trouver belle. Je me maquille même si je reste chez moi pendant la journée, et je suis incapable d’écrire si je suis habillée en pyjama ou en jeans tachés par du ketchup de cheeseburgers.

Comment décririez-vous votre autobiographie ? Quel est le message que vous vouliez y passer?

C’est une autobiographie que j’ai voulu amusante à lire, et honnête. J’aime bien ce qui se trouve sur le marché littéraire américain des mémoires, comme Candy Girl de Diablo Cody, ou My Horizontal Life de Chelsea Handler. Des autobiographies avec une note d’humour, sans détails chiants.

Je souhaitais que les travailleurs du sexe se sentent moins honteux de leur métier, qu’ils se permettent d’être fiers et d’être honnêtes par rapport à leur pratique. Je voulais aussi que les autres lecteurs, ceux qui connaissent moins l’industrie du sexe, s’aperçoivent que plusieurs clichés reliés à l’industrie sont faux. Je n’en veux pas aux gens qui ont des préjugés, moi aussi j’en avais plein avant d’être escorte. Mais je crois qu’il est nécessaire de présenter la prostitution de manière plus réaliste: les prostituées qui sont malheureuses existent, les prostituées qui sont prostituées pour se payer de la coke existent, mais celles qui font ça parce qu’elles aiment le sexe existent aussi, comme celles qui sont prostituées pour se payer des tenues de designer, des études, et des voyages en vélo en Roumanie.

Pour en savoir plus sur Mélodie:
Escorte, disponible en librairie
http://melodienelson.com/

 

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