Entrevue avec Denis Blanchette : Orange dans les tripes

Après cinq ans à Ottawa, le député Blanchette n’entend pas se croiser les bras pour les cinq années à venir. Fier du travail accompli, mais désireux d’en faire plus encore, il espère recevoir de nouveau l’appui d’une majorité d’électeurs. Social-démocrate dans les veines, impatient de la sortie du prochain Star Wars : entretien avec Denis Blanchette, candidat du Nouveau Parti démocratique.

Le scandale des commandites sous le gouvernement libéral des années 2000 a été l’élément déclencheur. Il n’en fallait pas plus pour que l’informaticien de carrière Denis Blanchette se présente sous la bannière du Nouveau Parti démocratique (NPD). C’est d’ailleurs un certain Jack Layton qui l’a amené à se lancer. « Il voulait une approche positive de la politique », confie M. Blanchette. Cette vision, il la porte avec lui depuis ses premiers pas comme politicien, en 2006. Car le député (et candidat) en est déjà à sa quatrième campagne.

Fier  

À la suite de la vague orange qui a balayé le Québec lors du scrutin de 2011, Jack Layton illustrait que le NPD avait beaucoup de branches, mais peu de racines dans la province. « Notre objectif était de s’implanter et d’être présent dans le milieu. C’est ce qu’on a fait », rappelle M. Blanchette. Il a fait ce qu’un député de l’opposition doit faire : se lever en Chambre, poser des questions et rappeler les préoccupations des citoyens.  

Comme député de Louis-Hébert depuis 2011, Denis Blanchette est fier de ses actions à titre de porte-parole de l’opposition officielle pour la région de Québec. Les dossiers du pont de Québec et du chantier naval Davie, sur la Rive-Sud, ont été ses principaux chevaux de bataille. L’enjeu du pont de Québec a été l’objet de la majorité de ses questions posées en Chambre. Quant à la Davie, il dit avoir défendu les travailleurs et leurs intérêts. « À la hauteur de mes moyens », confie-t-il.

Homme de convictions et de science-fiction

Interrogé sur la manière dont il se présente aux électeurs, le candidat néo-démocrate dit leur proposer un représentant à Ottawa qui est engagé et dédié, mais qui présente une offre politique différente de celle des autres. Et ça ne sert personne de réduire le débat à ce qu’il qualifie de salissage politique : il faut au contraire l’élever aux idées. « Je ne suis pas là pour salir les autres. Quand je vais voir les électeurs, […] je leur propose une façon de voir les choses, une orientation sociale-démocrate qui veut des résultats pour l’ensemble de la population et non une minorité. »

Mais entre deux rencontres ou deux poses de pancartes, Denis Blanchette affectionne particulièrement bouquiner, en prenant soin de spécifier qu’il privilégie les libraires indépendants. Côté cinéma, l’été 2015 l’a déçu. « Je ne trouve pas que l’été 2015 a été une bonne cuvée… Peut-être parce que j’attends trop Star Wars cet hiver ! » raconte-t-il en riant.

Tatoué orange

Sur la question de ses motivations à demeurer dans les rangs du NPD, le candidat estime qu’il reste beaucoup de travail à faire. Ce qui le frappe de plus en plus, ce sont les disparités grandissantes entre les riches et les pauvres au pays. Même dans un comté riche comme celui de Louis-Hébert, souligne-t-il, les besoins sont présents. À ses yeux, les réductions d’impôts pour les plus démunis ne constituent pas une technique appropriée pour les aider.

Si l’enjeu des inégalités socioéconomiques est préoccupant, ceux de l’avenir de la jeunesse canadienne et du financement de la recherche le sont tout autant. Les jeunes Canadiens qui se préparent à la vie active doivent, selon lui, détenir les moyens pour leur succès à long terme. « Et ça, ça passe entre autres par l’investissement en recherche fondamentale et appliquée », défend le candidat.

« Le gouvernement conservateur a décidé d’avoir une stratégie à court terme, qui est d’investir dans l’innovation. Déplacer de l’argent de la recherche fondamentale et appliquée vers l’innovation. Investir dans l’innovation revient à investir dans le progrès de la société. Ce qui est vrai, mais à court terme ! », nuance-t-il.

La conclusion de son raisonnement — et sa crainte — est la suivante : il y aura moins de possibilités d’innovation dans 5 ou 15 ans parce que l’innovation est basée sur la mise en application concrète de recherche. « Le Canada sera un pays compétitif à court terme, mais plus faible à moyen et long terme. »

Selon M. Blanchette, le gouvernement fédéral doit agir sur la question de l’éducation, mais pas de n’importe quelle manière. Il faut spécifiquement augmenter les transferts fédéraux alloués aux provinces. « Certains disent qu’on est des centralisateurs, mais au fond on est des facilitateurs », résume-t-il.

Au passage, il défend la démocratisation de l’université qui, d’après lui, a permis à créer une classe moyenne forte et stable. Le financement des études postsecondaires va de pair avec la capacité pour les jeunes de poursuivre leurs intérêts. « L’université est un acteur important de la société. C’est un univers qui appelle au dépassement, qui pousse à la créativité ».  

Un pays où il fait bon vivre

Son engagement en politique active ne se limite pas à obtenir des gains à court terme. S’il défend l’importance de gérer un budget de façon responsable, M. Blanchette ne croit pas que la tâche d’un gouvernement se borne à équilibrer des colonnes de chiffres. Plus encore, et de manière fondamentale, « il faut aussi tracer le chemin de l’avenir, confesse-t-il. Parler d’espoir et d’optimisme, c’est un mantra. »

Bref, à quoi devrait ressembler le Canada de demain? « Le Canada devrait être un pays plus ouvert et plus coopératif. Plus soucieux de ses différences et plus prêt à partager une vision commune ».

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