Pourquoi être féministe ?

« Pourquoi le féminisme est encore nécessaire en 2014 ? Tellement de raisons ! », lance Manon Massé. Que ce soit le hashtag #AgressionNonDénoncée ou les Femen, l’actualité nous prouve que le mouvement des femmes continue sa marche. La militante féministe de longue date, aujourd’hui députée, était de passage à l’Université Laval pour faire le point.

Dans la salle de conférence pleine, quelqu’un déclare : « Quand je parle à quelqu’un, je m’aperçois que je ne parle pas à un genre, je m’aperçois que je parle à des personnes. » Manon Massé déplore que cette mentalité progressiste ne soit pas plus répandue dans la société.

« L’ensemble de la constituante élue à travers le Québec, que ce soit au niveau municipal, provincial, fédéral ne dépasse pas le 30 % [de femmes]. Quand on regarde les postes de maires et mairesses, on ne dépasse pas le 10 %. Et je ne vous parle pas encore des salaires inégaux, ou encore de l’économie domestique faite de façon gratuite », déplore la députée de Québec solidaire.

Selon elle, les hommes et leur force virile dominent encore l’espace public. « L’Assemblée nationale, la façon dont ça marche, ce n’est pas compliqué : si tu parles fort, là, la salle va t’écouter. Puis, plus tu vas monter le ton, plus tu vas être applaudi. Mais je ne suis pas autrement surprise, parce qu’il y a 60 ans, il n’y en avait pas de femmes. Aujourd’hui, on peut demander au président de l’Assemblée de descendre le ton. C’est recevable. Je suis sûre que Thérèse Casgrain n’était pas capable de faire ça. »

Ce progrès fait écho à l’éclatement de la pensée féministe. « Le jour où j’ai appris qu’il y avait des féministes de droite, je suis tombée à terre. Pour moi, c’est impossible ! Mais oui, il y a des femmes pour qui, l’égalité des droits c’est ça, et puis on ne fait pas une analyse de classe. Alors, est-ce que c’est mon féminisme qui est le bon ? Est-ce que c’est le sien qui est le bon ? », s’interroge-t-elle. La bonne question, c’est de savoir ce qu’on a de commun. »

Pour Manon Massé, la bonne réponse, c’est « l’équité des genres ».

Les genres

La question de l’équité des genres a animé le débat qui s’est poursuivi dans la soirée. Certains dans la salle voyaient le Québec comme une société « matriarcale ». Ils ont pointé les sans-abris majoritairement masculins et les femmes qui ont « le dernier mot » dans plusieurs achats familiaux. Un étudiant a justement résumé le problème du féminisme vis-à-vis du « masculinisme ».

« On ne combat pas une injustice par une autre. Je voyais qu’il y avait des injustices qui touchaient des hommes en tant qu’homme et des injustices qui touchaient des femmes en tant que femme. J’ai eu un éclair de lucidité quand j’ai constaté que les problèmes qui affectent la condition masculine découlent du même système de représentation sexiste des genres qui oppresse les femmes », déclare Mme Massé.


Le féminisme consiste en un «… mouvement social qui a pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme, en particulier dans le domaine juridique, politique, économique». (Centre national de ressources textuelles et lexicales)

 

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