Faculté des sciences sociales : professeurs et étudiants demandent plus de transparence

Professeurs et étudiants s’inquiètent des récentes démissions à la tête de la Faculté des sciences sociales (FSS). À travers deux lettres adressées au recteur de l’Université Laval, Denis Brière, ils dénoncent le manque de transparence de la haute direction.

« Un autoritarisme déplacé ». C’est ainsi que la lettre des professeurs de la FSS qualifie le comportement du rectorat de l’Université Laval après la démission ces derniers jours de la doyenne, Caroline Senécal, ainsi que la vice-doyenne aux études, Lucie Samson, et le vice-doyen à la recherche, Serge Dumont.

Diane Lamoureux, une des instigatrices de la lettre, affiche une « certaine stupéfaction » face à ces « étranges démissions ». « Il y a un timing bizarre, déclare celle qui est également professeure titulaire au Département de science politique. En janvier-février, la doyenne avait fait part de ses inquiétudes par rapport aux coupures et au statut des sciences sociales au sein de l’Université. Cela n’avait pas beaucoup plu à la haute direction. Mais ça en était resté là. Et le 4 mai, vers 11 h 30, on apprend que la doyenne a démissionné. »

Mutisme et mépris de la direction

Selon Mme Lamoureux, des questionnements entourant la démission de la doyenne planent toujours. « On se demande si la doyenne a démissionné de son plein gré. Pourquoi la direction ne nous le dit pas ? Pourquoi on n’a jamais eu la lettre de démission de la doyenne ? » s’interroge-t-elle, avant de rappeler qu’il n’y avait pas de tension au sein de la FSS. La candidature de Mme Senécal au poste de doyenne avait même reçu un fort appui lors de sa nomination l’an passé.

La professeure dénonce le mutisme du rectorat : « On se dit qu’il y a quelque chose d’étrange dans tout ce processus, et on voudrait être informés correctement plutôt que ce soit des bruits de couloir. »

La lettre des professeurs n’a toujours pas reçu de réponse. « Je ne m’attends pas à en avoir, admet Diane Lamoureux. […] Le silence radio de la haute direction de l’Université, beaucoup d’entre nous l’interprètent comme une forme de mépris. On jugerait au moins poli qu’ils accusent réception de nos lettres. »

Solidarité de la part des étudiants

Les étudiants en sciences sociales se disent quant à eux « légitimement inquiets » face à cette situation. Dans une lettre adressée au recteur, ce jeudi 14 mai, ils dénoncent eux aussi « le manque de transparence » de la haute direction de l’Université, et demandent « de rendre publiques les informations relatives à la gestion des compressions budgétaires à l’Université Laval. »

Pour Évelyne Brie, étudiante à la maîtrise en science politique et instigatrice de la lettre, le manque de transparence au sein de l’institution est quelque chose qui préoccupe depuis longtemps les étudiants. « C’est inquiétant de voir, dès le moment où la doyenne réplique, qu’il y ait des tensions et que la situation se dégrade. C’est très alarmant », affirme-t-elle.

Cette lettre a été initiée en solidarité avec le corps professoral. « On veut être solidaires avec nos enseignants. Mais nous aussi, en tant qu’étudiants, on est touchés par les coupures et on a besoin de savoir pourquoi cela touche de manière disproportionnée la Faculté des sciences sociales, et pourquoi la doyenne et les vices-doyens ont démissionné », souligne l’étudiante.

Étudiants et professeurs demandent, dans leurs lettres respectives, une rencontre avec la haute direction de l’Université. « À cette rencontre-là, il faudrait qu’il y ait des étudiants. Ce ne sont pas seulement les professeurs qui sont touchés. Les étudiants aussi », conclut Évelyne.

Jeudi 14 mai, à 17 h, la lettre des étudiants en sciences sociales avait reçu 35 signatures. La lettre des professeurs en compte une soixantaine.

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