Une ferme aquaponique de l’UL s’attaque à l’insécurité alimentaire

Par la mise sur pied d’une ferme aquaponique, un étudiant au doctorat en sciences animales de l’UL aspire à réduire l’insécurité alimentaire des habitants du Nord canadien en leur donnant des moyens de produire divers aliments frais tout au long de l’année. Le projet comporte également une visée éducative manifeste.

Près du Jardin botanique Roger-Van den Heden et de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval se trouvent deux conteneurs de métal placés l’un sur l’autre. Des poissons grandissent dans le conteneur du dessous, pendant que dans celui du dessus, des végétaux croissent chaque jour.

Le doctorant Benjamin Laramée est à l’origine du projet. À long terme, l’objectif visé est d’exporter ce concept d’agriculture urbaine dans le nord du pays. En raison du rude climat des régions nordiques, les populations qui y habitent souffrent fréquemment d’insécurité alimentaire.

Dans l’éventualité où le concept de ferme aquaponique s’avère être un véritable succès, l’insécurité alimentaire pourrait être réduite : les habitants pourraient alors produire du poisson, des légumes et des fruits frais toute l’année, même pendant les mois les plus froids de l’hiver.

Inspiré d’un ancien projet de recherche

Il y a quelques mois, Benjamin a eu l’idée d’une telle ferme aquaponique après avoir participé à l’un des projets universitaires du programme Sentinelle nord. Celui-ci consiste en une stratégie transdisciplinaire fondée par l’Université Laval  pour mieux comprendre l’environnement nordique et son impact sur l’être humain et sa santé.

L’un des objectifs était alors de concevoir un système alimentaire adapté aux réalités du climat nordique, sauf que l’initiative a rencontré des difficultés. « Nous n’avons pas obtenu les subventions pour réaliser cet objectif en particulier, mais cela m’a donné une idée pour la suite des choses », indique le jeune étudiant.

Proactif, le doctorant est alors entré en contact avec des membres de la compagnie montréalaise Écosystèmes Alimentaires Urbains (ÉAU). Ceux-ci ont accepté de prêter deux des conteneurs qui leur appartiennent. Les installations avaient d’abord été placées près du marché Jean-Talon, à Montréal, pendant l’été 2016.

Elles visaient à faire connaître les caractéristiques de l’agriculture urbaine. Une fois l’entente conclue, les conteneurs ont été déplacés jusqu’à l’Université Laval.

Défis et intérêt des communautés visées

Le doctorant consacre une vingtaine d’heures par semaine à ce projet-ci. Il bénéficie du support du professeur Grant Vandenberg, d’organismes comme Agrocité et d’un stagiaire provenant de l’Université de Sherbrooke.

À l’aide de ce dernier, Benjamin s’affaire en ce moment à développer un système d’isolation qui permettrait de protéger l’intérieur des conteneurs contre les températures très froides. « Nous visons ultimement à maintenir des températures entre 15 et 17 degrés Celsius », précise-t-il. Les conteneurs seront ainsi mis à rude épreuve. Si les tests sont concluants, ils seront potentiellement exportés vers le Nord d’ici quelques mois.

L’intérêt des communautés du nord du Canada pour une telle initiative devra toutefois être sondé au préalable. « Certaines communautés, dont une dans le nord de l’Ontario et une autre dans la Baie James ont déjà été approchées », souligne l’entrepreneur. Nous croyons qu’elles auront un intérêt pour le projet, d’autant plus qu’elles sont particulièrement intéressées par certaines cultures, entre autres le poisson omble chevalier et la fraise. »

Visée sociale et éducative

Le projet de Benjamin vise aussi à démystifier de nouvelles manières de produire de la nourriture et à ce qu’elles soient rendues accessibles à la population.

Or, pendant les deux années où les conteneurs resteront dans l’enceinte de l’Université Laval, Benjamin Laramée et son équipe pourront partager leurs réalisations à la communauté universitaire et aux habitants de Québec.

« On espère que notre entente avec l’Université sera renouvelée et que les conteneurs pourront servir de modèle pour tout le monde », conclut Benjamin Laramée, visiblement enthousiaste pour le futur.

Consulter le magazine