GND en conférence à l’UL

La Semaine des Sciences sociales s’est déroulée pour la première fois du 12 au 14 février sur un ton de malaise. L’événement universitaire a été marqué par l’absence de femmes parmi les conférenciers.

Jean Louis Bordeleau

Les organisateurs ont reconnu un « malaise » vis-à-vis l’omniprésence d’hommes blancs et ont fait leur mea culpa. Plusieurs conférenciers ont quand même pu présenter leurs idées aux 8 départements conviés.

Lors de la présentation de Gabriel Nadeau-Dubois et de Simon Tremblay-Pépin, Nadeau-Dubois n’a pas manqué de souligner la non-présence féminine, lui qui habituellement « ne va pas dans les événements où il n’y a pas de femmes ».

L’Association des étudiants en science sociales (AESS) a pris acte de la « critique soulevée. » Le coordonnateur général Emmanuel Guay explique : « On l’a reconnue et on s’est excusé. »

« L’erreur qu’on a fait, c’est qu’on a contacté des chaires d’étude, comme l’IREF ou la Chaire d’étude Claire-Bonenfant. Ça nous a trahis, les gens répondent davantage quand on les aborde directement », explique M. Guay « On aurait dû contacter les conférencières en personne. Idéalement, on voudrait la parité. »

Il poursuit : « C’est clair que ce n’est pas une situation acceptable. Il faut contrer cette logique où l’on ne s’en rend pas compte. Ce sont des habitudes de pensée à développer. »

L’organisation en a profité pour ouvrir, en cours de semaine, un cercle de réflexion sur le féminisme. M. Guay dénote : « On a engagé une réflexion plus large sur comment on “invisibilise” les groupes laissés de côté dans les événements à caractère public. »

Et puis, l’anicroche est prise avec humour : « l’Université, c’est pas un boys club! »

Vers une meilleure deuxième édition

Les étudiants peuvent s’attendre à ce que la seconde édition de la Semaine des Sciences sociales comporte des femmes. Les noms de Martine Delvaux, de Mélissa Blais et de Sirma Bilge sont avancés afin de tenir compte non seulement de la présence féminine mais aussi de la diversité des origines.

Ainsi, les organisateurs, par la voix du coordonnateur général, souhaitent une parité qui transcende le genre et qui atteindrait un « portrait adéquat de la différence dans les sciences sociales ».

Néanmoins, la présente édition a été un succès, notamment par la présence de Gabriel Nadeau-Dubois et de Simon Tremblay-Pépin, auteurs de livres respectivement sur le débrayage étudiant de 2012 et sur l’espace médiatique.

Même si Emmanuel Guay remet en question l’idée du vedettariat et rappelle qu’« il y a plein de gens dont on n’entend pas parler et qui ont de quoi d’intéressant à dire », c’est cette conférence qui a été la plus courue. Les étudiants présents ont pu amorcer une réflexion sur la place des médias et leur influence insidieuse sur les débats publics.

Gabriel Nadeau-Dubois vs le monde

Les chercheurs ont entre autres parlé de l’importance des déclarations univoques dans l’espace public. M. Simon Tremblay-Pépin a exprimé l’idée que le débat public est, en fait, récurremment « un jeu de deux figures qui s’opposent fortement ».

Gabriel Nadeau-Dubois, alors porte-parole de la CLASSE, s’était trouvé ainsi pris entre l’arbre et l’écorce de ce jeu. Simon Durivage lui demandait s’il acceptait « oui ou non? » la « trêve » mise sur la table par la ministre de l’Éducation. M. Nadeau-Dubois n’avait qu’une réponse complexe à avancer.

M. Tremblay-Pépin a expliqué : « C’est encore la même chose dans le débat actuel de la charte. Pendant des semaines, Françoise David, de Québec Solidaire, a essayé de nuancer une position. Pourtant, systématiquement, dans les médias elle est rangée d’un côté, celui des pro-charte. »

Conséquemment, lors de la grève étudiante, les « Carrés verts » se sont retrouvés « incroyablement couverts, surreprésentés » aux dires du chercheur à l’IRIS, simplement parce qu’il fallait, dans le débat, un équivalent adverse.

Cela a donné des couvertures de manifestations « vertes » d’à peine 70 personnes. « Si vous n’étiez pas sur un campus collégial ou universitaire durant la grève, vous auriez pu penser qu’il y avait deux mouvements », juge Simon Tremblay-Pépin. Pour Gabriel Nadeau-Dubois, ces carrés verts sont tout bonnement « une création des médias ».

Pour ce qui est des autres exposés, Francis Dupuis-Déri est venu parler de l’histoire de la démocratie. Éric Martin a présenté les dialectiques de Marx et d’Hegel dans la théorie critique contemporaine, tandis que Jean-Marc Piotte a lui aussi discuté de démocratie. C’est par quelques bières à l’atrium que la semaine s’est conclue.

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