«Il ne faut pas céder»

Question: Le 7 septembre dernier, deux autres députés du NPD se sont opposés au démantèlement du registre d'armes à feu. Pensez-vous qu'à ce rythme, la bataille va être facile à gagner?

Réponse: Jack Layton, en tout premier lieu, devrait définir une ligne de parti sur cette question. Qui plus est, les arguments de M. Layton ne se tiennent pas. Ce qui est marrant, c'est que le premier député à avoir proposé le registre des armes à feu en chambre des communes est Tommy Douglas, le chef fondateur du NPD, à l'époque où il était député en Saskatchewan. L'argumentaire néodémocrate ne tient pas. Les libéraux, pour leur part, ont une ligne de parti, mais le test viendra quand sera le temps de voter. Le Bloc votera contre le démantèlement.

Q: Vue la nature étudiante de notre journal, j'imagine que vous vous attendiez à ce que j'aborde le financement des universités. Quelle est votre ligne directrice en ce qui concerne cet enjeu?

R: Les subventions à l'éducation post-secondaire sont gelées depuis 1995. Si on actualisait les montants, ça apporterait quelque chose comme 3,2 milliards au Canada, dont 850 millions au Québec. Ça, je pense qu'à court terme, c'est la première des choses que réclament les recteurs universitaires et les étudiants. Ensuite, on en revient nécessairement au déséquilibre fiscal. C'est-à-dire que le gouvernement fédéral taxe les gens pour des compétences qui ne sont pas les siennes. Si on réglait le déséquilibre fiscal, les provinces recevraient tant des points d'impôts que de TPS pour être complètement responsables de leurs compétences plutôt que d'être soumises à Ottawa pour les paiements de transferts. C'est le genre de problème que nous n'aurions pas si nous étions un pays souverain.

Q: Plusieurs projets concernant le transport en commun sont présentement à l'étude. Quel est votre avis sur l'implantation d'un TGV entre Québec et Windsor?

R: Nous avons proposé ce projet dès 1993, et je suis revenu à la charge en novembre 2006. Après l’étude de faisabilité que nous avions fait en 2006, nous en sommes venus à la conclusion que oui, c'est une solution porteuse d'avenir, tant économiquement qu'au niveau de l'environnement. À l'époque, les conservateurs s'étaient moqués de moi, ils avaient appelé le projet « l'express Duceppe », et maintenant, ils ont changé d'idée. Ça ne me dérangerait pas qu'ils conservent le nom! (rires) Non seulement on devrait relier Québec et Montréal avec l'Ontario, mais aussi avec tout ce qu'on peut appelé « Mégapole », c'est-à-dire Boston, New York, Washington et même aller vers la Floride.

Q: Côté économie, quelle est la plus grande menace pour le Canada dans les années à venir? Et pour le Québec?

R: Le problème, c'est que présentement, le Canada s'enrichit avec l'exploitation du pétrole et cela appauvri le Québec. Ça, c'est le plus gros danger pour le Québec. Signer Kyoto est mauvais pour le Canada, ne pas le faire est mauvais pour le Québec. Le plus gros défi est donc le développement durable.

Q: En terminant, quel message aimeriez-vous lancer aux étudiants de l'Université Laval?

R: Au moment où il y a beaucoup de cynisme dans la société, il faut continuer de dénoncer les comportements antidémocratiques. Il ne faut pas céder et on se doit d’intervenir politiquement pour changer le cours des choses.

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