Photo : Alice Beaubien

La production et la consommation d’énergie des bâtiments appelées à changer

Les technologies se sont développées de manière fulgurante. Que ce soit dans le domaine de l’électronique, de l’automobile, du commerce au détail et bien d’autres, les technologies se sont développées de manière fulgurante, au courant des dernières années. Le secteur de l’énergie a certes lui aussi progressé, mais l’intégration d’énergies renouvelables aux bâtiments résidentiels et commerciaux demeure marginale. Mais ne vous me méprenez pas, cela est appelé à changer dans un avenir plutôt rapproché.

À l’heure actuelle, les technologies permettant aux citoyens et aux entreprises de produire leur propre énergie sont disponibles. Les panneaux solaires et la géothermie peuvent être intégrés aux bâtiments, mais le coût est souvent trop élevé afin que cela soit une option. « Les coûts sont le nerf de la guerre en ce moment », explique Louis Gosselin, professeur titulaire au département de génie mécanique à l’Université Laval.

Au Québec, il y a également un autre aspect qui entre en ligne de compte : l’électricité, produite par Hydro-Québec au moyen de l’eau, se vend à un prix très faible. Dans d’autres régions, l’électricité peut coûter quatre, cinq, voir même six fois plus cher qu’ici. « Il est donc difficile de rentabiliser l’énergie solaire », ajoute M. Gosselin.

Production d’énergie propre

Un des objectifs des citoyens ou des entreprises qui intègrent des panneaux solaires à leurs bâtiments est bien évidemment l’économie d’argent sur le long terme, mais également la diminution de la production de gaz à effet de serre. Par contre, selon Patrick Gonzalez, professeur agrégé au département d’économique de l’Université Laval, l’argument environnemental ne peut être utilisé chez nous : « 99% de la production est à l’hydroélectricité. Il n’y aurait pas de gain puisqu’on produit déjà de l’énergie propre », a-t-il illustré.

De son côté, Louis Gosselin croit que l’impact environnemental de la consommation d’énergie des bâtiments pourrait être nul d’ici quelques années. « Le concept de bâtiment Net zéro se développe. Pour le moment, c’est le coût qui est un frein », a-t-il expliqué. De plus, l’American Society of Heating, Refrigerating and Air Conditioning ENgineers (ASHRAE) prévoit que d’ici 2030, il y aura des options économiquement viables pour les bâtiments Net zéro.

Cependant, il existe déjà un bâtiment de ce type au Québec : la bibliothèque de Varennes, dans la région de Montréal. C’est le maire Martin Damphousse qui a fait la promotion de ce projet en 2012, alors que la bibliothèque a dû être rénovée. Misant sur les économies à long terme et se disant à l’avant-garde, l’ouverture en 2015 a été une réussite. Même si les rénovations ont coûté environ 10 millions de dollars afin d’en faire un bâtiment Net zéro, comparativement aux cinq millions pour la rénovation standard, l’édifice produit aujourd’hui autant d’électricité qu’il en consomme. « Quand on la compare à un bâtiment traditionnel, la bibliothèque de Varennes consomme 78% moins d’énergie. Un bâtiment comme ici consomme habituellement 80 000$ à 100 000$ d’énergie. Nous, c’est zéro », déclare le maire de Varennes.

Impacts pour Hydro-Québec

Évidemment, si les citoyens et les entreprises se mettent à produire leur propre énergie, cela pourrait avoir des impacts majeurs sur la société d’État québécoise. Éric Martel, PDG d’Hydro-Québec, est lucide : « Il n’y a pas encore lieu de paniquer, mais on doit regarder les enjeux », a-t-il expliqué.

Après des années d’augmentation de la consommation d’électricité, ce chiffre stagne depuis 2007 et la société pourrait frapper un mur d’ici 2023, selon les prévisions. M. Martel indique cependant que l’entreprise travaille actuellement à trouver des solutions « pour faire face à la popularité croissante de la microproduction ».

Le professeur au département d’économique à l’Université Laval, Patrick Gonzalez, estime qu’Hydro-Québec crie au loup et s’énerve un peu vite. Tout comme pour l’argument environnemental, Louis Gosselin, professeur au département de génie mécanique, ne voit pas la situation du même œil : « Les gens vont rester connecté au réseau donc ils voudront parfois vendre leur énergie, parfois en acheter. C’est l’enjeu principal et ce n’est pas simple à gérer », a-t-il tenu à nuancer.

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