Le dessin passe mieux

Les caricaturistes André-Philippe Côté (Le Soleil) et Yannick Lemay alias Ygreck (Journal de Québec), ainsi que les journalistes Antoine Robitaille (Le Devoir), Jean-Simon Gagné (Le Soleil) et Taïeb Moalla (Journal de Québec), étaient les panélistes invités. Claude Bernatchez (Première chaîne de Radio-Canada), était chargé d’animer les débats.

Si les caricaturistes n’ont jamais sentis la pression de leur employeur quant au choix de leurs sujets, il n’en va pas de même pour les chroniqueurs.

En marge de la thématique sur le convergence et la censure, dont Quebecor a été la principale cible, Jean-Simon Gagné a  admis avoir été victime de censure. Suite à une chronique dans laquelle la direction du Soleil a décelé une pointe envers un annonceur important, le journaliste s’est vu interdire la publication de toute chronique pour les six mois suivants.

Taïeb Moalla, journaliste au Journal de Québec, a vécu pareille situation cette année. En réponse à une chronique d’Éric Duhaime attaquant Amir Khadir dans le Journal de Québec, le directeur de l’information du journal, Éric Cliche, avait commandé un article pour obtenir la réponse du député de Mercier. Une fois complété, l’article avait été retenu, jugé incompréhensible. Une pratique décriée par la profession, notamment par Gilbert Lavoie, qui avait qualifié le cas de « troublant ». Trois jours plus tard, après quelques modifications mineures et sous haute pression, l’article est finalement publié. Taïeb Moalla n’a pas voulu commenter, l’évènement étant encore « trop récent ».

Job de bras
La caricature s’est imposée comme mode de critique sociale et politique de choix selon les panélistes. Pour Antoine Robitaille, «ce qui passe bien en dessin passe moins en texte», particulièrement lorsqu’il s’agit de remettre en question une personnalité publique. L’animateur, Claude Bernatchez, a même affirmé que «les journalistes aiment parfois que les caricaturistes fassent la job de bras».

Labeaume, cible de choix  
Par ailleurs l’année 2011 a été faste pour nos caricaturistes. Élections fédérales, crise de la construction, gaz de schiste, François Legault, Guy Turcotte, DSK, printemps arabe, Wikileaks, «Péquisteries», «Labaumeries»… toutes les scènes politiques ont été en ébullition.

La palme du personnage caricatural de l’année revient cependant au maire de Québec, Régis Labeaume. Alors que Yannick Lemay parle de «portrait» plutôt que de caricature, Côté le compare à la mairesse Boucher ou à Jean Chrétien, qui ont été de véritables «phénomènes de la caricature».

Les humeurs populaires inspirent aussi ces artistes, notamment la perte de confiance du public envers les élus. Cette situation, que le chroniqueur Jean-Simon Gagné qualifie de «débranchement total de la politique», pousse les dessinateurs à maintenir une certaine réserve. «C’est la première année où j’ai l’impression de devoir faire attention pour ne pas attaquer les institutions», explique pour sa part André-Philippe Côté.

Crédit photo : Caricature d'André Phillipe Côté paru dans le Soleil 20 octobre 2011

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