Les étudiants en pharmacie : un avenir à redessiner

Depuis l’entrée en vigueur de nouvelles conventions envers les pharmaciens québécois en juin 2015, la Faculté de pharmacie de l’Université Laval rencontre certaines difficultés par rapport à l’avenir des étudiants inscrits.

Les récentes modifications des ententes du gouvernement avec les pharmacies québécoises font en sorte que l’avenir des étudiants en pharmacie devient incertain. Les stages obligatoires dans le cursus des étudiants sont plus difficilement accessibles.

Cependant, une équipe de cinq professionnels s’occupe d’attribuer plus de 17 stages, d’une durée allant d’une à trois semaines, à chacun des étudiants inscrits au premier cycle. Considérant une cohorte de plus de 150 étudiants, cela représente un nombre de près de 3200 stages à trouver chaque année.

Quasi pénurie de stages 

En raison des récentes compressions budgétaires qui se traduisent par une diminution de rémunération de l’ordre de 25 % à 35 % au sein des pharmacies, des coupures de postes ont été enregistrées au sein des entreprises. C’est une première depuis plus de 25 ans, selon Daniel Kirouac, adjoint à la direction de la Faculté de pharmacie de l’Université Laval.

Les pharmacies ont dû trouver de nouveaux modèles d’affaires afin de s’adapter à de telles restrictions monétaires. La rentabilité des entreprises est donc remise en question dans ce contexte de limitation. Il précise qu’un risque existe sur un phénomène méconnu des dernières années : l’apparition de faillites.

L’adjoint à la Faculté de pharmacie précise que plus de 1100 pharmaciens sont inscrits comme chargés d’enseignement clinique communautaire (environnement non hospitalier) au sein des banques existantes à la Faculté de pharmacie. Il affirme d’ailleurs qu’il y a près de 40 % de ces pharmaciens qui n’ont offert aucune disponibilité durant la dernière année.

Selon lui, cette indisponibilité est associée au fait que, durant l’année 2015-2016, en raison des modifications émises par le ministre Barrette, les pharmacies ont dû faire face à divers types de compressions. Il est ici question de congédiements et de restrictions budgétaires.

Raphaël Gagnon-Paradis, président de l’Association générale des étudiants en pharmacie (AGEP), mentionne que « la restriction vient d’une initiative individuelle d’un pharmacien propriétaire ou salarié ». D’ailleurs, il insiste sur le fait que l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) encourage les pharmaciens à accueillir les étudiants durant leur stage non rémunéré. La tâche est plus ardue pour certaines équipes de pharmaciens qui ne peuvent pas offrir un stage complet en raison des compressions auxquelles elles font face.

Inquiétudes

Daniel Kirouac convient que toutes ces modifications vont probablement avoir des « répercussions en ce qui concerne le degré d’engagement des diplômés de l’Université Laval ». Ceux qui obtiennent leur diplôme cette année sont nerveux face à leur avenir au sein des entreprises pharmaceutiques. Le contexte d’embauche est différent depuis la dernière année. « Difficultés financières et compressions budgétaires obligent les diplômés à envisager de nouvelles options envers leur avenir », précise l’adjoint à la direction de la faculté de pharmacie.

Le président de l’AGEP émet les mêmes réserves quant à l’avenir des diplômés. Selon lui, « ce qui inquiète davantage les étudiants, ce n’est pas tant l’accessibilité aux stages, mais le fait de savoir s’ils pourront se trouver un emploi à la sortie de l’université. »

Plusieurs options envisagées

Dans ce contexte en constante mouvance depuis les derniers mois, les étudiants ont également dû revoir leur priorité à obtenir facilement des stages dans la Capitale Nationale. Le président de l’AGEP mentionne à Impact Campus que les étudiants vont devoir envisager de faire non seulement leur stage à l’extérieur de la ville de Québec, mais également de trouver un emploi en dehors de la ville. Il met en évidence que « le contexte est quand même difficile à prévoir ».

En l’espace de quelques mois, la réalité des étudiants en pharmacie et celle des pharmaciens eux-mêmes s’est retrouvée modifiée. Un envol vers les régions serait une solution possible pour les étudiants désirant évoluer là où la compétition existe moins. L’un des éléments les plus importants pour l’AGEP est de faire en sorte que chaque diplômé trouve un emploi dans son domaine tout en ayant des conditions intéressantes.

Daniel Kirouac mentionne avec enthousiasme qu’il a encore confiance au fait qu’il va y avoir un rétablissement. Selon lui, le gouvernement va réajuster le tir d’ici les prochaines semaines. La cohorte de diplômés de l’année 2016 est complète. Tous les étudiants ont réussi à terminer leur cursus dans les temps, malgré l’année difficile au sein du milieu.

Quelques statistiques
  • 53 % des pharmacies ont réduit les heures de travail des pharmaciens, soit six heures de moins par semaine.
  • Les assistants techniques (dans 47 % des pharmacies), le personnel de plancher (dans 44 % des pharmacies) et les autres professionnels de la santé, dont les infirmières (19 %) ont aussi vu leurs heures réduites.
  • 87 % des pharmacies ont cessé ou diminué leurs contributions à des organismes communautaires, un montant qui représente 4,5 M$.

Source: Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP)

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