[Lettre ouverte] Pour un soutien financier équitable aux étudiants à temps partiel

Le gouvernement québécois se targue depuis longtemps d’offrir le régime d’aide financière aux études le plus généreux au Canada. Cette affirmation est en partie vraie : les prêts et bourses offerts aux étudiantes et aux étudiants à temps plein, particulièrement ceux et celles à faible revenu, sont proportionnellement plus élevés au Québec que dans les autres provinces canadiennes, tous programmes confondus.

Un important bémol s’impose toutefois.

Au Québec, contrairement au reste du Canada, l’aide financière sous forme de bourse n’est réservée qu’aux étudiantes et aux étudiants à temps plein. Ceux et celles inscrits à temps partiel sont admissibles à des bourses uniquement s’ils répondent à certains critères très spécifiques, comme le fait de vivre avec une déficience fonctionnelle majeure, un handicap ou d’avoir des enfants en bas âge à sa charge. Les temps partiels inscrits à un minimum de deux cours qui ne souscrivent pas à ces critères n’ont donc accès qu’à des prêts. À l’heure actuelle, ils sont plus de 3000 étudiantes et étudiants à recourir à cet endettement pour financer leurs études. Dans les autres provinces canadiennes, le gouvernement fédéral offre des bourses aux temps partiels à faible revenu via le Programme canadien de prêts aux étudiants (PCPE). Les universitaires québécois ne sont toutefois pas admissibles à ce programme, puisque le Québec possède son propre régime d’aide financière. Il faut d’ailleurs rappeler que les temps partiels, comme tous les étudiantes et étudiants québécois, contribuent au régime d’aide financière via leurs droits de scolarités.

Les études à temps partiel, faut-il le rappeler, ne sont pas marginales au Québec; au niveau universitaire, plus du tiers de la population étudiante est inscrite à temps partiel. En 2016, cela représentait plus de 102 000 étudiantes et étudiants. Il est généralement pris pour acquis que les temps partiels ont suffisamment de ressources financières pour assumer les coûts de leurs études puisqu’ils sont majoritairement actifs sur le marché du travail. Pourtant, les données tendent plutôt à démontrer qu’une part considérable de cette population étudiante est dans une situation financière précaire. Selon un rapport de l’Aide financière aux études publié en 2013, près de 12 500 étudiantes et étudiants universitaires à temps partiel déclarent des revenus d’emploi de 15 000 $ et moins.

Il est préoccupant que le Québec soit à la traîne vis-à-vis du reste du Canada en ce qui a trait au soutien financier accordé aux études à temps partiel. Ce que l’on identifie généralement de “parcours atypique” est en réalité un important véhicule d’accessibilité aux études supérieures, très privilégié par les clientèles étudiantes adultes effectuant des retours aux études. Qui plus est, même en contexte de pénurie de main-d’œuvre, l’accès aux études à temps partiel revêt une grande importance puisque celles-ci permettent à la fois l’actualisation des compétences professionnelles, les réorientations de carrières et le maintien des liens d’emplois.

Pour nous, associations étudiantes du milieu universitaire, il est primordial de valoriser l’éducation tout au long de la vie et ses parcours atypiques au même titre que les parcours réguliers. Cela passe à notre sens par un meilleur soutien financier aux études à temps partiel, ce à quoi devrait veiller le régime d’aide financière. Nous nous expliquons mal pourquoi les étudiantes et les étudiants à temps partiel en situation de précarité financière n’ont pas accès à des bourses, alors qu’ils y auraient accès dans n’importe qu’elle autre province au Canada. Nous estimons que le Québec, généralement à l’avant-garde en ce qui a trait à l’accessibilité financière aux études, doit faire mieux en cette matière. Nous demandons donc au gouvernement québécois de corriger cette iniquité et d’offrir des bourses aux étudiantes et aux étudiants à temps partiel à faible revenu.

 

Signataires
  • Association générale des étudiantes et étudiants de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal (AGEEFEP)
  • Association générale des étudiants hors campus de l’Université du Québec à Trois-Rivières (AGEHCUQTR)
  • Association générale des étudiant(e)s de l’Université du Québec à Trois-Rivières (AGE UQTR)
  • Mouvement des associations générales étudiantes de l’Université du Québec à Chicoutimi (MAGE-UQAC)
  • Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM)
  • Association générale étudiante de l’Université du Québec en Outaouais (AGE-UQO)
  • Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’Éducation de l’UQAM (ADEESE-UQAM)
Consulter le magazine