Livre sur l’histoire de l’engagement étudiant à l’UL : La CADEUL, signé la CADEUL

Dans le cadre de la célébration de ses 35 ans d’existence, la CADEUL produit un livre sur l’histoire de l’engagement étudiant à l’UL. Une décision qui suscite interrogations et mécontentements, notamment sur la nomination unilatérale de Guy-Aume Descôteaux, ancien président de l’association, comme auteur du livre.

L’écriture de ce livre fait partie du Plan stratégique de la CADEUL pour l’année 2015-2016. Le projet est en cours de réalisation depuis le début de l’été. Il vise, selon le président de l’association étudiante Thierry Bouchard-Vincent, à « favoriser et valoriser l’implication des étudiants ». « Faire ce livre, c’est l’occasion de faire un portait général de ce qui a été fait par les associations étudiantes à l’Université Laval », poursuit-il. Il y sera question de la CADEUL, mais également des associations membres comme celles parascolaires.

Une nomination qui fait des vagues

L’auteur du livre a été désigné par le comité exécutif. Aucun processus de mise en candidature n’a eu lieu. Le choix s’est arrêté sur Guy-Aume Descôteaux, notamment ancien vice-président aux affaires institutionnelles et ancien président de la CADEUL, et actuellement étudiant à la maîtrise en aménagement du territoire.

« Ça a été un choix qui allait de soi. Ça fait déjà plusieurs années que Guy-Aume donne l’atelier de transition sur l’histoire de la CADEUL. Il avait déjà accumulé des informations là-dessus. […] Il est très familier avec notre système d’archives et celui de l’Université Laval. Il a aussi été dans les assos étudiantes pendant vraiment longtemps. Il connaît les dossiers », énumère l’actuel président de la CADEUL.

Interrogés sur ce choix, plusieurs représentants d’associations membres de la CADEUL se disent déçus, voire contrariés qu’il n’y ait pas eu d’appel d’offres. Même s’ils ne contestent aucunement le choix de Guy-Aume Descôteaux, Patrick Noël, VP externe de l’association de communication publique (AÉCPUL), et Jean-Nicolas Rhéaume, président de l’association de sciences et génie (AÉSGUL), auraient tout de même trouvé pertinent qu’il y ait eu un processus de mise en candidature.

D’autres sont plus critiques quant à la démarche de la CADEUL. Dominique Gagné-Giguère, coordonnateur aux affaires externes de l’association des étudiants en sciences sociales (AÉSS), estime personnellement qu’il s’agit d’un cas de « copinage », un phénomène courant à la CADEUL : « Non seulement ils ne se donnent pas l’apparence d’être ouverts, mais c’est ouvertement fermé ! »

Même s’il reconnaît que Guy-Aume a une bonne connaissance de la CADEUL et du mouvement étudiant, il reproche que celui-ci soit juge et parti : « C’est financé par la CADEUL, ce sont des exécutants qui ont décidé de faire écrire [ce livre], et c’est un ancien président et salarié de la CADEUL qui le réalise… Je vois mal comment il pourrait y avoir un équilibre entre les deux. »

En plus de pointer du doigt ce phénomène de « copinage », Julien Jolicœur-Dugré, membre du CA de la CADEUL et externe de l’association de philosophie (AGEEPP), et Camille Thériault-Marois, représentante de l’association de sociologie (RÉSUL) à la CADEUL, remettent en question la pertinence même de l’écriture de ce livre. « Je trouve que c’est de l’argent gaspillé. […] C’est encore une affaire opaque, où il y a eu beaucoup d’arbitraire », dénonce Julien.

Quant à Camille, elle n’est pas sûre que cela rejoigne « l’étudiant-moyen » : « On a peur que ce soit un gaspillage de papier. […] Si c’est mis en version PDF sur leur site, ça peut être une bonne idée. »

Histoire ou pamphlet ?

Interrogé sur la dimension historique ou partisane que pourrait avoir le livre, le président de la CADEUL se distance de ces deux possibilités. « On veut éviter ces deux extrêmes-là, tranche-t-il. Ce qu’on veut, c’est de présenter quelque chose à nos membres dans lequel ils se reconnaissent. Il faut que ce soit intéressant à lire. […] On veut faire un tour d’horizon sur ce que les étudiants ont fait. Ça va passer par des réussites comme des échecs. »

Quant à la distance critique du principal intéressé, celui-ci se défend en disant que « la plupart des choses qui ont été écrites sur l’histoire du mouvement étudiant l’ont été par des gens impliqués ». Guy-Aume appuie l’importance de la démarche et de la transparence : « Il faut l’expliquer et que ce soit clair pour les lecteurs. » L’ancien président de la CADEUL pense qu’il pourrait y avoir un « avertissement au lecteur que l’auteur fait partie des gens dont il est mention et qu’il y a des opinions qui transparaissent ».

Selon lui également, il n’est aucunement question de faire quelque chose de complaisant : « L’idée, c’est de valoriser ce qui a été fait par les associations au cours des années. Ce n’est pas un document de promotion. »

Aussi, Guy-Aume se sent tout à fait à l’aise « de parler de choses qui n’ont pas bien été lors de [son] passage » : « Il ne faut pas que ça ait l’air d’une sorte de testament politique de quand j’étais là. Dans ce genre de situations, ce n’est pas moi qui vais parler, mais d’autres gens. »

Un budget qui reste secret

Questionné sur le budget alloué à ce projet-là, le président de la CADEUL n’a pas voulu se prononcer, car la décision a été prise en CA, sous huis clos. Selon lui, il s’agit d’informations stratégiques, qui ne sont pas publiques.

Certains représentants d’associations rencontrés ont d’ailleurs trouvé cette situation reprochable. « On n’est pas au courant de combien d’argent a été investi pour ce livre-là. C’est problématique », estime Dominique Gagné-Giguère.

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