Loi 3 universitaire : inutile selon le président du SEUL

À la suite de l’intention du gouvernement Couillard de créer un projet de loi pour combler le déficit des régimes de retraites de l’ensemble des établissements universitaires de la province, des rencontres préalables ont eu lieu lundi et mardi derniers concernant ce dossier. On compte implanter une loi dès cet automne, et l’Université Laval veut obtenir la possibilité de suspendre l’indexation des régimes de retraite passés, ce que le Syndicat des employés de l’Université Laval (SEUL) juge inutile.

Les délégués syndicaux du SEUL ainsi que les recteurs des différentes universités québécoises étaient, en début de semaine passée, impliqués dans les rencontres préalables avec François Blais, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale.  L’attachée de presse du ministre, Julie White, soutient qu’il y a eu un dialogue pertinent entre les parties et a mentionné qu’il y aurait d’autres rencontres plus tard cet automne.

Il faut rappeler que la principale revendication de l’Université Laval est de pouvoir suspendre temporairement l’indexation des régimes de retraite passés. Une indexation en pourcentage ajoutée à la pension annuelle de retraite et rattachée à l’indice de prix à la consommation (IPC).

Du côté du Syndicat des employés de l’Université Laval (SEUL), on a l’impression que tout ceci ne sert à rien. « Une telle loi est inutile à mon avis, le syndicat s’est déjà entendu avec le patronat sur le partage des déficits et, dans notre cas, il y a déjà un plan d’action d’établi, alors pourquoi en ajouter? », questionne Luc Brouillette, président du SEUL.

Une convention collective a été signée entre l’Université Laval et ses employés en 2011; elle est en vigueur jusqu’en mars 2016. Il y a été mention du partage des déficits des régimes de retraite dans lequel on a accepté de diviser le déficit en deux parties, soit 50% aux employés et 50% à l’employeur.

Toutefois, ceci ne semble pas suffisant pour l’Université Laval, qui doit encore combler un déficit estimé à 470 millions de dollars, dont 260 millions sont attribués aux retraites passées, c’est-à-dire aux anciens employés qui ont pris leur retraite. Il y a donc un déficit important qui doit encore être comblé, et c’est au niveau de l’indexation qu’on pourrait régler le problème à long terme.

Une suspension de l’indexation des régimes pourrait couvrir 240 millions de dollars et permettre d’épargner 12 à 13 millions en cotisations d’équilibre, selon Éric Bauce, vice-recteur de l’Université. Celui-ci prétend que les retraités de l’Université touchent une rente moyenne de 37 000$ par an. Cette suspension serait temporaire et devrait être rétablie lorsque l’équilibre budgétaire sera atteint. Laval se donne 15 ans pour le faire.

« Ce que le vice-recteur ne nous dit pas, c’est qu’il y a beaucoup d’employés de soutien qui ne touchent que des rentes de 20 000$ par an, comparativement à des professeurs qui peuvent toucher jusqu’à 60 000$ », répond Luc Brouillette. Il craint qu’une suspension indéfinie de l’indexation soit nuisible pour les retraités touchant de plus faibles rentes.

Les représentants du SEUL y voient un objectif politique dans l’intention de créer un projet de loi pour les universités et ils sont réticents à accepter cette initiative.

« On connait de plus en plus les objectifs du gouvernement en matière d’économie et j’ai l’impression qu’il tente un tour de force avec une loi qui ne servira pas à grand-chose. Ce qui nous fait plus peur, c’est d’avoir à assumer les déficits à 100%, cela enlèverait toute pertinence à l’entente que nous avons signée », martèle le président du SEUL. « Même si je crois que le problème doit être réglé dans certains établissements, ce n’est pas en touchant aux employés déjà retraités qu’on va régler le problème, en fait, pour nous, il est déjà réglé et on ne devrait pas aller plus loin », ajoute-t’il.

Les pourparlers continueront dès cet automne où l’on tentera d’en sortir avec un projet de loi. Incluant celui de l’Université Laval, le déficit des régimes de retraite du réseau universitaire québécois se chiffrerait à 1 milliard de dollars.

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