Opération Nez rouge de pair avec l’Université Laval

Fondé en 1984 conjointement par Jean-Marie De Koninck et le club de Rouge et Or Natation, l’organisme Opération Nez rouge a entamé récemment sa 32e campagne de sensibilisation. Jusqu’à la fin du temps des fêtes, de nombreux étudiants-athlètes y seront bénévoles et accompagnateurs. Impact Campus s’est entretenu avec certains d’entre eux pour mieux comprendre leurs motivations.

Peu de gens savent que le phénomène Nez rouge, maintenant établi à l’échelle nationale, est né sur le campus de l’Université Laval. « C’est parti du fait que nos nageurs cherchaient une source de financement pour partir aux États-Unis, là où les bourses sportives sont beaucoup plus alléchantes », explique le responsable des bénévoles du Rouge et Or Natation, Jérémie Déry-Bergeron.

Toutefois, plus le temps a avancé, plus le mouvement a pris de l’ampleur. L’organisation est éventuellement devenue une corporation en soi, distincte de l’UL. « L’idée de base a eu un effet boule-de-neige. C’est rapidement devenu gros, poursuit l’étudiant en administration des affaires. Les gens y ont vu quelque chose de très intéressant en lien avec les problèmes d’alcool au volant. »

Selon Jérémie, la popularité et la crédibilité d’Opération Nez rouge auraient bel et bien changé les comportements des automobilistes au Québec. « Je crois que les gens s’en sont inspirés, ils ont trouvé le concept audacieux », rappelle-t-il, soulignant que plusieurs autres organismes de sensibilisation ont ensuite émergé dans la province.

Ambiance de plaisir et de camaraderie

Capitaine de l’équipe lavalloise de natation, Pascal-Hugo Caron-Cantin est bénévole depuis plusieurs années. L’expérience d’une soirée de raccompagnement est, selon lui, très formatrice sur le plan humain. « Je vois tous les bénévoles en centrale, sur la route, qui le font par plaisir, sans rien demander en retour, toujours avec le sourire, lance-t-il. Tu te rends compte que ton temps, au final, n’est pas plus important et que toi aussi, tu peux donner. »

Active jusqu’au 31 décembre, Nez rouge amène plusieurs jeunes étudiants à développer des compétences uniques, inaccessibles sur les bancs universitaires. C’est du moins ce que souligne Jérémie, qui en est à sa septième année dans l’organisation. « Ça m’amène un sens de la responsabilité très fort et c’est un grand outil de conscientisation au bénévolat en général, au fait de donner son temps, mais aussi à la cause », dit-il.

Il n’y a jamais eu de meilleur moment que maintenant pour s’impliquer dans cette cause, aux dires de Pascal-Hugo. Celui-ci souligne que les valeurs et les équipes actuellement en place vont dans la bonne direction. « On a retrouvé cette conscience d’altruisme et d’humilité, qui s’était perdue un peu, explique-t-il. En 2000, les gens semblaient prendre Nez rouge pour acquis et voir ça comme une corvée. » Ce n’est plus le cas, selon lui, et il affirme motiver ses troupes en ce sens.

Rejoindre les jeunes et les campus

L’Opération Nez rouge est constamment à la recherche de bénévoles au sein des universités québécoises. De grands efforts devront d’ailleurs être entrepris en ce sens dans les prochaines années, selon le capitaine du club de natation. « Je crois que l’aspect fun est un peu négligé dans les campagnes de publicité, indique-t-il. On parle de sécurité routière, mais on néglige l’expérience comme telle. Rares sont les étudiants qui donnent du temps pour une cause, alors qu’ils se lancent tous sur une opportunité d’avoir du plaisir. »

Force est d’admettre que les jeunes représentent un gros potentiel de bénévoles, d’où l’importance de faire connaitre la cause. Les soirées de raccompagnement constitueraient un contexte unique pour rencontrer de nouvelles personnes. « Tout le monde est ensemble. Avec ton équipe, ça permet la création de liens et la sensibilisation à une même cause », exprime Jérémie, visiblement heureux de son implication jusqu’ici.

Pour une deuxième année consécutive, l’Université Laval tiendra une soirée UL de raccompagnement au Centre de foires ExpoCité de Québec, le 15 décembre. Le but : motiver plus d’étudiants à se joindre au mouvement national. Tous les participants recevront une tuque UL pour afficher leurs couleurs auprès des clients. Parmi tous les jeunes sur place, un séjour de deux nuits pour quatre personnes à la Forêt Montmorency sera tiré au sort pour « allier l’utile à l’agréable », peut-on lire sur la page Facebook de l’évènement.

La petite histoire d’Opération Nez rouge

Avec plus de 60 divisions à l’échelle de la province et une autre quarantaine au Canada, l’Opération Nez rouge couvre dorénavant beaucoup de territoire. Dans le cadre de ce dossier spécial, le directeur général de l’organisme Jean-Philippe Giroux se confie sur ses objectifs généraux.

Au début des années 80, l’idée de fonder Nez rouge est venue d’une réalisation importante, indique M. Giroux. De nombreux citoyens en état d’ébriété avaient été arrêtés sur les routes, mentionnant qu’il leur était important d’avoir leur véhicule dans leur cour le lendemain matin. Le professeur et ancien entraineur de natation, Jean-Marie De Koninck, avait alors eu ce fameux flash que de créer un service de covoiturage sur une base bénévole.

Depuis, le message de l’OBNL ne s’est jamais voulu moralisateur ou encore générique. Au contraire, « il est toujours présenté avec une touche humoristique et légère, affirme le directeur général. On ne juge pas les gens qui font la fête. On les invite seulement à prendre leurs responsabilités ».

L’un des volets importants de l’organisme est de servir et de promouvoir la jeunesse locale. Chaque année, tous les dons sont remis à des initiatives émergentes de ce créneau. « Il y a de plus en plus de jeunes, et on cherche toujours différentes manières d’aller les rejoindre, poursuit-il. Dans nos publicités, de plus en plus, il y a cette volonté, des jeunes aussi sont là. »

Projet de société

Au Québec, le nombre d’accidents de la route lié aux abus d’alcool a nettement diminué depuis les années 90, ce qui représente une victoire pour Jean-Philippe Giroux. Celui-ci estime toutefois qu’il reste beaucoup à faire. « Il faut s’assurer d’abord de passer le message à tous les âges, car il y a peut-être des strates où il y a encore du travail à faire, résume-t-il. Les gens sont de plus en plus sensibilisés, et on continue. »

Nez rouge ne martèlera jamais non plus son service comme étant la seule option pour le temps des fêtes, selon le président. « On rappelle qu’il n’y a pas que nous pour retourner à la maison en sécurité, conseille-t-il. Il y a les services de taxi, les services privés, ou même un conducteur désigné. »

Les réalités de chaque centrale sont bien différentes, mais elles doivent toutes conserver cet aspect de facilité, de convivialité. « Ça se fait toujours sous le thème de la bonne humeur, du plaisir, et c’est important que l’expérience bénévole se fasse dans le plaisir. C’est d’abord et avant tout une activité sociale de camaraderie », conclut-il.

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