Grève à l’UL : Des étudiants inquiets

La grève des employés de soutien de l’Université Laval affecte le quotidien de plusieurs étudiants, tous domaines confondus. Dans le cadre d’un dossier spécial, Impact Campus laisse la parole à plusieurs d’entre eux. Ensemble, ils souhaitent un rapprochement entre les deux parties et la résolution imminente du conflit.

À l’Édifice de la Fabrique, sur le boulevard Charest, les étudiants des baccalauréats en design graphique, en arts visuels et en design de produits se disent gravement affectés par un manque de soutien flagrant dans le cadre de leurs travaux pratiques.

« Quand nos logiciels, nos ordinateurs ou nos imprimantes ont un problème, il n’y a absolument personne pour nous aider, rapporte le président de l’Association des étudiant(e)s en design graphique (LABRIQUE), Philippe Langlois. Ce sont nos travaux et nos fichiers qui en dépendent si ça plante. »

Malgré sa très bonne volonté dans le contexte, l’employé-cadre qui est responsable de fournir cette assistance n’est en rien qualifié pour répondre aux exigences d’expertise technique, selon lui. « Il ne produit pas assez et il est même sur le bord du burnout, donc c’est très difficile pour tout le monde actuellement », ajoute-t-il.

Plus globalement, Philippe parle d’une « perte dévalorisante de connaissances », qui passe par l’attribution de points gratuits aux étudiants, étant donné que les équipements nécessaires à plusieurs évaluations ne sont pas disponibles.

Demande directe

Cette semaine, l’Association des étudiants en biochimie, bio-informatique et microbiologie de l’Université Laval (AEBBMUL) a formellement demandé au syndicat et à l’administration de mettre fin au litige, tellement la qualité de la formation est devenue déficiente dans ce département, selon ses membres.

« À cause de la grève, pratiquement toutes les séances en laboratoire sont stoppées, alors que ce sont souvent des cours obligatoires et essentiels au cheminement et à la graduation, indique le président du groupe, Philippe Després. C’est vraiment une situation de crise. On va peut-être devoir annuler beaucoup de cours et changer toute la structure de notre programme. »

En plus de ces formations perdues, dont plusieurs ne peuvent se reprendre l’été, l’absence des employés de soutien pourrait même brimer l’obtention de stages, selon le vice-président finances du comité, François Rouleau. « Si la grève est trop longue, ça va vraiment affecter nos stages de 16 semaines minimum, qui, à leur tour, touchent l’obtention de bourses, note-t-il. Ça a beaucoup de répercussions sur notre qualité de vie. »

S’adressant à toute la communauté universitaire, Philippe demande aux autres regroupements étudiants affectés de s’exprimer publiquement pour exposer leurs difficultés quotidiennes. « On peut tous s’aider là-dedans, estime-t-il. Que les associations parlent, parce qu’elles ont peut-être trouvé une partie de la solution. Il faut que tout le monde prenne conscience qu’on est en train de mettre beaucoup de gens dans une situation problématique. »

La réalité des cycles supérieurs

Le projet de recherche sur lequel travaille l’étudiant à la maîtrise en génie civil, Daniel Charron-Drolet, requiert quant à lui l’achat et la livraison de matériel spécifique aux manipulations qu’il entreprend.

Or, « à cause de la grève, le délai de traitement de mes achats est très long et la livraison devient compliquée, puisque personne n’est là pour faire la réception », lance-t-il. Il souligne qu’il lui faut alors se coordonner avec un fournisseur externe, ce qui a pour effet de ralentir ses recherches.

« Un de mes amis a fabriqué quatre grandes poutres en bois et béton dans les laboratoires du pavillon Kruger. Cependant, même si la cure du béton est terminée depuis plusieurs semaines (les poutres sont donc prêtes à être testées), personne n’est autorisé à les déplacer pour pouvoir les mettre à l’essai. C’est donc sur le point mort. Cet ami en question songe même à ne pas mettre les résultats de ses essais dans son mémoire pour ne pas retarder son dépôt. De surcroît, les dépôts de mémoire sont en suspens. » -Daniel Charron-Drolet

L’étudiant de 24 ans est par ailleurs très impliqué dans le chapitre étudiant de la Société canadienne de génie civil (SCGC). Les finances de son groupe ne peuvent plus réellement fonctionner depuis l’arrêt de travail à l’UL, selon lui.

« Nous avons des dépenses et pour nous faire rembourser, nous devons avoir accès à notre compte au secrétariat via la petite caisse, dit-il. En temps de grève par contre, nous n’y avons pas accès et devons absorber tous les frais jusqu’à ce que ce soit réglé. »

Même principe d’ailleurs pour la location de salles de conférences, devenue impossible depuis la fermeture du Bureau des événements campus (BEC), rappelle-t-il.

Effets collatéraux en médecine

Au-delà des adaptations nécessaires concernant les admissions 2017 qu’Impact Campus mettait en lumière la semaine dernière, la liste des effets négatifs que vivent les étudiants en médecine est très grande.

Toutes les séquences pour l’externat et les stages à option seront décidées beaucoup plus tard que prévu, poursuit la présidente. Celle-ci souligne que cela cause énormément de stress chez beaucoup d’étudiants. « Soit ils restent à Québec les deux prochaines années, soit ils déménagent, déplore-t-elle. Plusieurs étudiants ont des pressions de leur propriétaire d’appartement à savoir s’ils renouvellent leur bail. Ils ne peuvent rien répondre. »

Initialement prévu au Théâtre de la cité universitaire, le Gala du RÉMUL a dû être déplacé au café étudiant du pavillon Ferdinand-Vandry. Les notes tardent également à sortir, comme dans plusieurs autres domaines à l’Université Laval. Enfin, certains stages à l’étranger du profil international chez les externes senior pourraient être annulés si la grève se poursuit.


RAPPEL : 

La grève du Syndicat des employés et employées de l’Université Laval (SEUL) se poursuit jusqu’au 9 avril. Le syndicat tiendra une assemblée générale spéciale le lundi 3 avril, à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre.

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