Photo : Courtoisie Pop covoiturage

Pop Covoiturage recrute sur le campus de l’Université Laval

Deux jeunes entrepreneurs d’ici ont récemment pris les rennes de la division québécoise de Pop Covoiturage, une entreprise de transport interurbain souhaitant simplifier les interactions entre les usagers. Le duo souhaite s’adresser directement aux étudiants de l’UL cette semaine, par une campagne de sensibilisation personnalisée dans chacun des pavillons du campus.

À l’échelle de la province, Philippe Langlois et Yan Poirier ont jusqu’ici réussi à recruter un peu plus de 5000 membres au Québec. Le site regroupe pas moins de 66 000 membres partout au Canada, et promet d’étendre ses activités jusqu’aux États-Unis prochainement.

« Notre mission au Québec, c’est de voir le voyage et le fait de se déplacer comme un droit, et non un privilège, explique Philippe, qui est également étudiant au baccalauréat en design graphique à l’Université Laval. C’est en voyageant qu’on brise les barrières de l’intolérance, qu’on apprend à connaître l’autre. On pense que le covoiturage demeure la manière la plus abordable de le faire. »

Disponible depuis peu, l’application mobile du groupe rend les choses plus simples, selon Yan, qui est pour sa part déjà gradué en marketing à l’UL. « C’est un espace très apprécié des conducteurs, et ça a été pensé pour eux afin de rendre leur vie plus facile, dit-il. Pour un usager également, en utilisant les notifications, c’est simple de rejoindre son lift. »

Pop Covoiturage, concrètement, est le résultat de discussions importantes dans le milieu du transport actif, vers un heureux mélange de plusieurs acteurs dans l’industrie. « C’est un peu comme si Facebook et Amigo Express avaient eu un enfant, ajoute Philippe. C’est un mélange où on réussit à avoir une communication efficace et un système de paiement qui construit la confiance entre les usagers. »

Jusqu’ici, l’entreprise ne charge aucun frais d’inscription, mais demande des frais administratifs de 15 % sur tous ses trajets. En cas d’annulation tardive, le conducteur empoche tout de même 50 % de la somme. Ce pourcentage est de 100 % si l’usager ne se présente pas au lieu de rendez-vous. « Avec cette mesure, on a surtout pour but de rassurer les automobilistes de manière générale », explique Yan.

Sur les campus

Ce lundi, Philippe et Yan ont entamé une campagne de promotion qu’ils qualifient « d’audacieuse et de personnalisée » sur le campus de l’Université Laval. Des affiches sont installées un peu partout dans les pavillons, avec des slogans ludiques qui sont personnalisés aux réalités de chacun d’entre eux.

Au pavillon Charles-De-Koninck par exemple, on peut lire que de « covoiturer avec POP, c’est plus facile que de trouver une prise libre au DKN ». Le but de ces contenus humoristiques est d’éventuellement « piquer la curiosité des plus sceptiques », en les amenant à considérer le phénomène du covoiturage de manière sérieuse.

« On est conscients que le fait de se déplacer avec des inconnus, ce n’est pas sexy, mais notre but, c’est justement d’aller voir cette personne qui n’a jamais fait de covoiturage et de lui montrer que c’est technologique, c’est facile, c’est plus jeune. » -Yan Poirier

Les deux jeunes hommes ne s’en cachent pas : les étudiants demeurent une pépinière de clientèles pour de telles entreprises technologiques. « Ils sont déjà sur les réseaux, sont généralement moins nantis et surtout plus conscientisés, explique Yan. Je pense aux villes de Sherbrooke et de Québec, par exemple, qui sont les deux plus grands consommateurs de covoiturage dans la province. C’est un marché pour nous. »

Or, même si les étudiants constituent une part importante de l’entreprise, Philippe rappelle qu’il ne faut pas négliger le reste de la population. « Il y a quand même beaucoup de gens de tous âges qui font le trajet de villes en villes. Un travailleur, par exemple, peut devenir une base permanente pour nous, dit-il. S’il demeure longtemps sur la plateforme, après ses études, le nombre de personnes qu’il peut aider va faire toute la différence, socialement et économiquement. »

La petite histoire devenue grande

Pop Covoiturage a été fondée en 2014 par Flo Devellennes, un Belge d’origine passionné de ski, venu s’installer dans la région de Vancouver pour un certain temps. L’idée a émergé de manière informelle, lorsqu’il a voulu mettre en relation des « trippeux » comme lui qui souhaitaient se rendre dans les grands centres de ski de Whistler, par exemple.

Or, au fil du temps, le concept a rejoint plusieurs personnes dans la région et s’est mis progressivement à grandir, jusqu’au point où l’Européen en a fait son gagne-pain. Trois ans plus tard, la plateforme est maintenant accessible partout au Canada, et promet de conquérir bientôt notre voisin du sud.

Avant d’y arriver, il faudra toutefois solidifier les acquis au Canada, note Philippe. L’exemple de Kingston, en Ontario, est assez poignant pour lui. « Là-bas, c’est une ville très très étudiante, un peu à l’image de ce qu’on peut voir à Sherbrooke par exemple, explique-t-il. Il y a un point de rassemblement intéressant qu’on peut aller chercher pour s’en inspirer et développer une expansion bientôt. »

D’autres grands joueurs dans le monde, comme le géant Bla Bla Car, possèdent déjà des parts de marché importantes sur le vieux continent, mais n’ont jamais voulu conquérir les États-Unis. Le défi est donc immense. « On veut réussir à prouver à tout le monde qu’il y a des possibilités là-bas si on créé une business qui respecte les gens, qui créé des communautés et surtout de la valeur sociale, environnementale », ajoute Philippe.

« Le marché du covoiturage est toujours gros depuis longtemps, conclut Yan. Le Québec, on est chanceux, c’est un château fort en Amérique du Nord pour le covoiturage. D’avoir une confirmation que ça marche en Ontario, ça nous dit que oui, ça peut marcher aux États-Unis, même si on sait que, culturellement, ils sont moins réceptifs à ce genre de choses. »

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