La population étudiante davantage touchée par la crise du logement selon l’UTILE

Une vaste enquête à laquelle ont répondu près de 10 000 étudiant.e.s universitaires de partout au Québec révèle que le prix des logements étudiants augmente plus rapidement que celui du reste de la population. Au cours des quatre dernières années, le loyer individuel médian des étudiant.e.s a augmenté de 18 %, à côté d’une hausse de 11,5 % observée pour le marché locatif québécois.

Par Ludovic Dufour, Chef de pupitre société

Il s’agit de l’une des principales conclusions de l’enquête PHARE 2021, un important projet de recherche mené par l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) en partenariat avec 14 associations étudiantes et universités partout au Québec.

« Il y a une certaine croyance populaire selon laquelle la majorité des étudiant.e.s habitent en résidences étudiantes ou chez leurs parents, mais c’est très loin de la réalité », indique Laurent Levesque, directeur général de l’UTILE. « C’est important de le souligner, parce que les étudiant.e.s locataires exercent une forte pression sur le marché locatif des villes universitaires, notamment en compétitionnant bien malgré eux avec les familles pour les logements abordables avec plus d’une chambre à coucher. »

En effet, le rapport indique que 245 000 étudiant.e.s québécois.e.s sont des locataires, ce qui représente 77% de la population étudiante universitaire. L’étude expose plusieurs autres statistiques démontrant comment l’accès au logement devient problématique. Ainsi, on découvre que 64% des étudiant.e.s locataires allouent plus de 30 % de leur budget aux frais de logement et que 41% d’entre eux déclarent vivre dans un appartement nécessitant des réparations. Leur loyer médian est également 21% plus cher que le reste du marché.

« En raison de ses déménagements fréquents et de son manque d’expérience sur le marché locatif, la population étudiante est particulièrement vulnérable aux hausses de loyer. Et comme les locataires étudiants occupent majoritairement le même parc locatif que le reste de la population, ces hausses alimentent la crise du logement abordable pour tout le monde en plus d’être un important frein à l’accessibilité aux études », s’inquiète Laurent Levesque.

Pour M. Levesque, il est clair qu’il faut investir davantage dans le logement étudiant abordable. « En construisant des logements abordables adaptés aux besoins de la population étudiante, nous pouvons lutter contre la précarité étudiante, libérer des logements abordables qui conviennent aux familles sur le marché privé, et augmenter l’attractivité de nos villes étudiantes. Tout le monde y gagne », conclut-il.

L’UTILE mène depuis 2014 des projets de recherche sur le logement étudiant afin de pallier l’absence de données sur la population étudiante locataire dans les statistiques gouvernementales officielles.

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