Le conflit étudiant passera de la rue à l’Assemblée nationale cet automne. Le Parti québécois, élu le 4 septembre dernier, a réitéré la semaine dernière son intention d’annuler la hausse des frais de scolarité par décret ministériel et de tenir un sommet sur l’éducation. Chez les opposants à la hausse, on attend de voir si le PQ passera de la parole aux actes, alors que les pro-hausses continuent de dire qu’il s’agit d’une mesure irresponsable.
David Rémillard
Tous les yeux seront rivés sur le PQ et Pauline Marois cet automne. La nouvelle première ministre a promis durant sa campagne électorale et au printemps dernier d’abolir la hausse des frais de scolarité de 1779 $ sur sept ans annoncée par le gouvernement libéral de Jean Charest.
Elle s’est également engagée à annoncer la date de tenue des États généraux de l’éducation postsecondaire au Québec dans les 100 premiers jours d’un mandat péquiste. Des promesses qui n’attendent que d’être honorées, selon les associations étudiantes de l’Université Laval.
À l’Université Laval, à l’Association des étudiants et étudiantes inscrits aux études supérieures ( AÉLIÉS ), l’élection du PQ a mis fin à la grève pour ses 11 000 membres. Au lendemain du scrutin, 93 % des étudiants de 2e et 3e cycles présents à l’assemblée générale de grève ont voté pour un retour en classe. Son président, Patrice Vachon, croit même qu’il s’agit d’un scénario «presque rêvé si tout se concrétise». «Ça fait plusieurs années qu’on demande des États généraux». L’AÉLIÉS travaillera tout l’automne à élaborer son mémoire en vue du sommet sur l’éducation.
Du côté de la Confédération d’associations d’étudiants de l’Université Laval ( CADEUL ), «on est très contents» de la promesse d’abroger la loi 12 ( anciennement 78 ) et d’annuler la hausse des droits de scolarité. On attend toutefois de voir les projets se concrétiser. «On ne crie pas victoire trop tôt. Avec un gouvernement minoritaire, on ne sait pas ce qui peut arriver», lance prudemment Romain Thibaud, vice-président aux communications. La CADEUL planchera elle aussi sur un mémoire en vue des États généraux devant être annoncés.
Le spectre de la gratuité
La gratuité scolaire fait toujours partie des demandes de plusieurs étudiants et étudiantes. Bien que l’élection du PQ et la promesse de tenir des États généraux sur l’éducation aient permis un retour en classe pour tous les étudiants, il y a encore du chemin à faire, selon certains partisans. «Nous on voit ça [ l’élection du PQ ] comme un pas dans la bonne direction», explique Jérémie Tremblay, coordonnateur à l’information à l’Association des étudiants en sciences sociales de l’Université Laval AESS. Mais «ce qu’on a moins aimé, c’est que la gratuité a été totalement écartée des débats».
La Coalition large pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) a tenu un discours similaire au lendemain des élections le 5 septembre dernier. «De notre côté, nous continuerons à marteler que la gratuité scolaire demeure la seule façon d’atteindre une accessibilité aux études sans discrimination», lançait Jeanne Reynolds, co-porte-parole de la CLASSE.
Les recteurs muets
Denis Brière, recteur de l’Université Laval, qui est aussi président du conseil d’administration de la Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec, n’a pas voulu commenter la victoire du PQ. Toutefois, la CRÉPUQ a publié un communiqué la semaine dernière félicitant Mme Marois d’être devenue la première femme à occuper la fonction de première ministre.
La CRÉPUQ s’est également engagée à travailler en étroite collaboration avec les nouveaux élus.
Rappelons que la CRÉPUQ a soutenu la hausse des frais de scolarité annoncée par le ministre des Finances sortant, Raymond Bachand.
Crédit photo Une : Pascal Huot