Prévenir et contrer les violences sexuelles sur les campus

Dans le cadre du dépôt de son futur projet de loi appuyant les universités et les collèges du Québec dans la lutte contre les violences à caractère sexuel, la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, tenait jeudi à l’Assemblée nationale sa troisième consultation d’une série de cinq dans la province.

Ces consultations ont pour but de définir clairement ce que devrait contenir cette nouvelle politique et de mieux comprendre les besoins réels du réseau de l’enseignement afin d’abattre cette problématique.

Il s’agit d’une occasion unique pour les différents acteurs concernés de se rassembler, de parler et de discuter des pistes de solutions viables et durables sur la table. Le débat aidera la ministre à ériger la loi cadre.

« Ce sera pour notamment obliger les institutions à avoir des politiques contre le harcèlement », explique la présidente de la CADEUL, Vanessa Parent.

Plusieurs établissements scolaires, associations étudiantes et intervenants du milieu ont été invités à ces consultations pour déposer leur bilan de la situation sur les campus et ainsi amener des idées de l’interne.

Sensibiliser, prévenir et guérir

Lors des trois premières journées de consultation, qui se sont déroulées respectivement au Saguenay, à Sherbrooke et à Québec, trois principaux thèmes ont été abordés : la sécurité des personnes, la sensibilisation et la prévention.

La sensibilisation et la formation des gens organisant les comités d’initiation ont également été abordées. La présidente de l’AELIÉS, Milène R. E. Loukrou, ne croit pas que c’est en bannissant les initiations qu’on va régler le problème. Au sens où elle l’entend, les violences sexuelles vécues lors des initiations sont « des symptômes d’un problème plus profond de la société ».

À cela s’ajoute la formation et la sensibilisation des professeurs et même du personnel de soutien présent sur les campus. Vanessa Parent va plus loin en soulignant qu’il faut aussi « sensibiliser les témoins et les hommes », qui sont plus souvent laissés à eux-mêmes dans ce genre de situation.

Favoriser la dénonciation

Plusieurs processus pour faciliter la dénonciation et la connaissance des ressources ont animé les discussions. L’un d’entre eux encourage les innovations technologiques qui permettraient de dénoncer les agressions sexuelles de façon complètement confidentielle à la manière de Callisto.

Celle-ci est une application mobile offerte sur certains campus universitaires américains pour les victimes désirant dénoncer et obtenir de l’information sur les ressources disponibles. La ministre David souhaite ainsi s’inspirer de ce genre de pratique qui ne « coûte pas cher », indique-t-elle.

La présidente de la CADEUL parle de priorités au niveau « du financement pour ces ressources ». Un constat qui a été répété de nombreuses fois par tous les intervenants du milieu, selon elle. Elle estime qu’il est bien de sensibiliser les gens à la dénonciation, mais faut-il encore avoir les ressources et les services disponibles pour venir en aide aux victimes.

La loi cadre devant être déposée en juin, Mme David espère vivement que l’on en perçoive les effets, et ce, « dès la prochaine rentrée scolaire ».

Être des « témoins actifs »

Fondé par des élèves à la maitrise en orientation à l’Université Laval, le projet pilote « témoins actifs » a pris une grande place lors des consultations afin de mieux outiller les témoins.

Actuellement à l’UL, une formation de trois heures est offerte aux étudiants volontaires désirant se sensibiliser sur les violences à caractère sexuel et désirant devenir témoins actifs. « Il est important d’avoir ce caractère volontaire », selon la présidente de l’AELIÉS, qui démontre une volonté de changer les choses.

Ces agents apprendront à « identifier les situations à risque et à intervenir de façon sécuritaire dans les cas requis », explique la directrice du Centre de prévention et d’intervention en matière de harcèlement (CPIMH), Josée Laprade. Plusieurs thèmes seront abordés à ce sujet tel que : qu’est-ce qu’une violence à caractère sexuel (sous toutes ses formes), le consentement et ses signes, les mythes reliés à la culture du viol, les types d’intervention possible, etc.

Le succès dans ce dossier passe par une sensibilisation forte, qui ne peut être enclenchée du jour au lendemain, indique Vanessa Parent. Celle-ci parle même d’un changement de culture, qu’il faut continuer d’entretenir par les messages des campagnes de sensibilisation comme Sans oui, c’est non.

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