Quand l’amitié fait oublier la déficience mentale

Marie-Corinne Cyr a rejoint Vrais Copains pour la première fois lorsqu’elle étudiait au Cégep de la Gaspésie et des Îles à Carleton-sur-Mer. Puis, elle est devenue coordonnatrice de jumelage. «Ma grand-mère a travaillé avec les personnes handicapées, j’ai l’habitude de les côtoyer», dit-elle. Maintenant à l’Université Laval, elle s’est trouvé une nouvelle amie: Cécile, une femme de 33 ans. «Elle a eu beaucoup de difficulté à accepter sa déficience. Malgré tout, c’est une fille pleine de joie de vivre qui travaille fort pour être capable d’éventuellement fonctionner seule. Je lui donne alors beaucoup de soutien moral et elle me gratifie de son amitié», souligne-t-elle.

Marie-Corinne Cyr a connu Cécile lorsqu’elle est arrivée à l’Université Laval il y a deux ans. D’abord, il a fallu qu’elle entre en contact avec l’organisme Vrais Copains afin d’établir une section de jumelages sur le campus. Celles-ci manquaient à l’appel dans la région de Québec. «J’étais surprise de voir que Vrais Copains n’était pas présent sur le campus. Disons que je m’ennuyais de ces échanges», raconte-t-elle. Vrais Copains a établi 181 sections au pays, dans lesquelles environ 3000 étudiants sont bénévoles.

À la suite à la demande de Marie-Corinne Cyr, Vrais Copains a contacté le Centre de Parrainage civique de Québec (CPCQ) afin de sélectionner des personnes à parrainer. Il fallait aussi trouver d’autres étudiants bénévoles. «Maintenant, je suis responsable de section et nous sommes trois à l’Université Laval à se jumeler avec des personnes déficientes intellectuellement», lance-t-elle.
Vrais Copains exige que chaque section se rencontre au moins une fois par mois pour entreprendre des activités de groupes. «On a déjà organisé des activités d’Halloween et de Noël. De cette façon, on a appris à connaître d’autres personnes handicapées», raconte Marie-Corinne Cyr.

Une amitié bien réelle
«Dans ce programme, on s’engage d’abord à aider quelqu’un, mais ce n’est pas long qu’on s’attache à notre compagnon», affirme-t-elle. «Maintenant, elle m’appelle de temps en temps pour avoir de mes nouvelles et, environ trois fois par mois, on se rencontre pour faire des activités ensemble. On va souvent prendre un café dans le Vieux-Québec ou assister à un spectacle. Par exemple, on est allées voir Jonathan Painchaud au Cabaret du Capitole», raconte la responsable de Vrais Copains à l’Université Laval.

Le jumelage, «c’est un échange de sentiments, on s’aide mutuellement. Son sourire me fait toujours un bien immense», dit Marie-Corinne. Les personnes handicapées ont aussi beaucoup à offrir. «On dit souvent que les handicapés mentaux sont inadaptés socialement. Sauf que moi non plus, je ne suis pas parfaite. Cécile m’a beaucoup appris», explique l’étudiante. «Elle connaît par exemple le réseau du RTC par cœur. Maintenant, je ne me perds plus grâce à elle, ce qui prouve qu’on a toujours du bon à apporter à quelqu’un, peu importe notre condition», insiste-t-elle.

Pour l’instant, celle-ci travaille à recruter plus d’étudiants pour la section de jumelage de l’Université Laval. Le CPCQ a d’ailleurs annoncé qu’une quatrième personne venait de déposer son nom pour être jumelée.

Marie-Corinne Cyr compte continuer encore longtemps à aider les déficients mentaux. Elle a découvert que «les personnes handicapées ne sont pas si différentes des autres. Même prisonnières de leur condition, elles sont capables de montrer à quel point leur cœur est grand. Cécile et moi, on ne risque pas de se séparer de sitôt.»

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