Trambus - Université Laval (concept) - Photo: Ville de Québec

Québec aura son réseau moderne de transport en commun en 2026

En décembre dernier, Régis Labeaume et Philippe Couillard ont soupé ensemble pour discuter du réseau structurant de transport en commun. « Je suis prêt à y aller pour le financement du tramway. Vois loin et vois gros », avait confié M. Couillard au maire de Québec. Le 16 mars dernier, lors du dévoilement du projet, tous ont constaté que l’affirmation du premier ministre n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

« C’est aujourd’hui que nous allons de l’avant et que nous faisons entrer Québec dans la modernité », a clamé M. Labeaume, devant une salle comble à l’hôtel de ville. 23 kilomètres de tramway, dont 3,5km sous terre, 17 kilomètres de trambus et 16 kilomètres d’infrastructures dédiées, pour une facture totalisant près de trois milliards de dollars : voilà les faits saillants de ce réseau En route vers la modernité  (https://www.ville.quebec.qc.ca/apropos/planification-orientations/transport/reseau-structurant/index.aspx). Il faut également noter que 65% de la population sera située à moins de 800 mètres, soit 10 minutes de marche, d’une composante du réseau.

La partie majeure de ce réseau, le tramway, fera le trajet entre le boulevard Louis-XIV, à Charlesbourg, et l’avenue Le Gendre, près de Saint-Augustin-de-Desmaures. Sur ce tracé, le tramway empruntera deux portions souterraines : du jardin Jean-Paul-L’Allier à l’avenue des Érables sur une distance d’environ 2,5 kilomètres, ainsi qu’à l’approche de l’avenue Lavigerie jusqu’au nord du boulevard Hochelaga, sur près de 900 mètres.

Pour les trambus, second ajout en importance de ce mégaprojet, plusieurs tracés seront ajoutés, autant dans l’est que dans l’ouest de la ville, de manière à desservir les banlieues. Ces véhicules ressemblent en tout genre aux défunts autobus du projet de SRB, à la différence qu’ils sont électriques et qu’ils peuvent accueillir 30% plus de passagers.

Évidemment, la question de la fréquence des véhicules est cruciale à la réussite du projet. Autant le tramway que les trambus passeront aux trois à cinq minutes aux heures de pointe, et aux 10 à 15 minutes les soirs et fins de semaine. « Fini le temps où Québec était la seule des grandes villes canadiennes à ne pas disposer d’un système de transport collectif moderne et structurant », a affirmé le maire de Québec, aux côtés du premier ministre Couillard.

Avec ce réseau moderne, la ville prévoit une hausse d’achalandage de 30% et donc près de 13 000 voitures de moins sur les routes. « Notre objectif est d’obtenir entre 10 et 12 millions de déplacements supplémentaires en transport en commun », a exprimé Régis Labeaume, confiant d’atteindre ces chiffres. De plus, 5000 cases de stationnement seront aménagées dans les différents Parc-O-Bus, car « il n’y a pas juste une façon d’améliorer la circulation ».

Échéancier et coûts

Malgré l’annonce de vendredi dernier, il reste plusieurs étapes avant la mise en service complète du réseau structurant. Au courant des trois prochaines années, il y aura des études qui seront réalisées quant aux infrastructures, aux matériaux, à l’environnement, bref tous les aspects y passeront. Par la suite, ce sera la conception des plans et devis, pour lesquels le gouvernement du Québec allongera 215 millions de dollars. Puis, dès 2022, les travaux débuteront afin qu’une mise en service partielle s’effectue en 2025, question de donner une période pour le rodage, et que le tout soit complètement fonctionnel en 2026.

Pour des travaux de cette envergure, plusieurs se questionnent quant à d’éventuels dépassements de coûts. À cet effet, Régis Labeaume et Philippe Couillard se sont montrés rassurants : « On est très près des coûts réels. Ce qui augmente les coûts, c’est le temps de préparation et nous, ça fait 11 ans qu’on travaille là-dessus, alors je pense que ça devrait aller », ont expliqué les deux politiciens.

Des solutions à court terme pour l’Université Laval

Pour pallier aux problèmes de congestion routière à Québec, l’Université Laval compte faire partie de la solution. À cet effet, un projet-pilote sur l’étalement des horaires de cours a été annoncé par la rectrice, le 15 mars dernier, la veille du dévoilement du réseau de transport structurant, lors duquel il a été possible d’apprendre que l’institution sera desservie par le tramway. Dès l’automne 2018, les cours de la faculté des Sciences de l’administration débuteront à 9h plutôt qu’à 8h30. Il est important de noter que ce sont seulement les cours pour lesquels les professeurs sont volontaires qui subiront ce changement. Des données seront par la suite colligées à partir de témoignages d’enseignants et d’étudiants afin de déterminer les effets encourus.

Pour le moment, il y a seulement la Faculté des sciences de l’administration qui fait partie de ce projet, mais il est fort possible qu’une deuxième Faculté s’ajoute prochainement, a confirmé la rectrice Sophie D’Amours, sans toutefois la nommer.

Lors de cette conférence, le projet de laissez-passer universitaire a lui aussi été confirmé. « Ça fait plus de 10 ans qu’on travaille là-dessus. Là, c’est officiel, on y va », a confirmé le président de la CADEUL, Samuel Rouette-Fiset. À l’automne 2018, les membres de la CADEUL et de l’AELIÉS auront à se prononcer sur la question lors d’un référendum conjoint. « Le tarif reste à déterminer. Le 60$ qui avait été évoqué, ça fait 10 ans. C’est sûr que ça va être plus élevé », a affirmé M. Rouette-Fiset. Ces frais seront facturés automatiquement et il sera impossible de les retirer de la facture scolaire, à moins de cas particuliers, tels que des études à l’extérieur ou encore pour les personnes à mobilité réduite.

Bref, avec toutes ces annonces, on peut sans détour affirmer que Québec prend les moyens pour s’attaquer à la congestion routière. Par contre, d’ici à ce que tout soit en place, les citoyens devront s’armer de patience…

Consulter le magazine