Réfléchir le nouveau Guide alimentaire

Le 25 mars 2019 la Chaire publique de l’AELIÈS a organisé une conférence à l’amphithéâtre du pavillon Desjardins. Intitulée « Se nourrir » réflexions autour du Guide alimentaire, plus de 150 personnes étaient présentes dans les gradins pour venir écouter les invités qualifiés pour le sujet. De l’historique du guide alimentaire à la réalité de nos assiettes, ces experts ont fait le tour de la question, en répondant aux interrogations du public. Dans l’ensemble, ils se disent satisfaits à 90 % du nouveau Guide.

Sur ce panel, il y avait Simone Lemieux, professeure à l’école de nutrition, nutritionniste, chercheuse à l’INAF (UL), Caroline Durand, professeure associée au département d’histoire de l’Université Trent, Stéphanie Chevalier, professeure agrégée à l’école de nutrition humaine de l’Université McGill, ainsi que Bernard Lavallée, le « nutritionniste urbain », diététiste et blogueur. Pendant plus d’une heure, ils ont partagé des données scientifiques et des informations pertinentes concernant l’alimentation.

Historique : les années 1940

Tout d’abord, Caroline Durand explique que dans les années 1930, en raison de la guerre, les populations étaient soumises au rationnement, mais aussi aux examens médicaux et à la sensibilisation alimentaire dans les écoles puis dans les ménages. Sous le nom de « Règles alimentaires officielles au Canada », le premier guide est apparu en 1942.

Un peu plus tard, dans les années 1970, après avoir fait une étude de la population (âge, taille, poids…) et considérant une majorité de la population adulte en « surpoids », ils ont produit un nouveau guide, sous le nom de « Guide alimentaire canadien pour manger sainement ». Caroline Durand explique qu’ils mettaient en avant la consommation avec modération de certains aliments, mais aussi la nutrition négative (par exemple : ne pas consommer tel ou tel aliment).

De nos jours, on constate que le « plaisir alimentaire » est plus présent dans le guide de 2019. Simone Lemieux explique le fait que le corps n’est plus considéré comme une machine. On est passé de « Voici ce que vous devez consommer » à « Savourez des éléments frais, des éléments sains ». Les textes et les conseils sont plus adaptés aux réalités actuelles, on fait aussi un lien entre la santé mentale et l’alimentation.

Satisfaits du nouveau Guide alimentaire à 90 %… et les 10 % restants ?

Pour commencer, Stéphanie Chevalier a expliqué que comparé aux anciens Guides, cette année il était plus vif et accompagné de vraies et belles photos, toutefois, il n’y avait pas assez d’informations sur l’alimentation des enfants et des personnes âgées. De plus, Bernard Lavallée et elle, estimaient qu’il manquait aussi de l’information sur les produits laitiers. Caroline Durand a rappelé quant à elle que le Guide suggère de « prendre les repas en bonne compagnie » alors que d’après Statistiques Canada, 28 %des ménages canadiens sont composés d’une personne seule. Enfin, Simone Lemieux partageait le fait que cette année, la méthode utilisée par le Guide, à savoir consulter la population plutôt que les industries alimentaires, est un point à valoriser.

Cuisine et épicerie

Bernard Lavallée a apporté son point de vue concernant la manière dont les gens font la cuisine et leur épicerie de nos jours. Il explique que c’est important d’investir du temps, et vouloir allez vite n’est pas toujours la solution. Avec l’influence des médias sociaux, il dévoile que les gens cuisinent par procuration et ne prennent plus le temps de mettre la main à la pâte. Même s’il y a beaucoup de contenu sur Internet, c’est plus considéré comme du divertissement qu’autre chose.

Dans un second argument, il expose le fait que c’est important de savoir cuisiner minimalement, et cela passe par le système d’éducation. En effet, il explique que tous les parents ne savent pas forcément cuisiner ou n’ont pas forcément transmis ce savoir à leurs enfants, alors ça peut être intéressant de remettre la cuisine à l’école. Il faut d’abord avoir les « compétences » pour ensuite appliquer les « connaissances ».

Envie de revoir cette conférence ? La vidéo est disponible sur ce lien.

Consulter le magazine