Photo par Alice Beaubien

Semaine de l’indépendance à l’UL : Mettre la souveraineté à jour

Du 19 au 23 mars, les nombreux événements organisés dans le cadre de la Semaine de l’indépendance à l’Université Laval ont permis aux étudiant(e)s de se renseigner sur le mouvement souverainiste québécois et, dans certains cas, d’y voir plus clair.

Jeudi en soirée, le débat Que gagne le Québec à rester au sein du Canada opposait Simon-Pierre Savard-Tremblay et Viviane Martinova-Croteau à Alupa Clark et Alex Tyrell. L’amphithéâtre Hydro-Québec, à moitié rempli, a été témoin d’un événement plutôt rare : une confrontation entre fédéralistes et souverainistes.

Plusieurs thèmes ont été abordés tels que l’influence politique, l’environnement, la santé démocratique, l’économie et la protection du territoire.

Du côté de Alupa Clark, député conservateur et défenseur du fédéralisme canadien, le Québec doit éviter de s’isoler. Il faut faire « bloc commun face à la grande compétitivité économique mondiale », souligne le député de Beauport-Limoilou et ex-militaire des Forces armées canadiennes.

Cet argument ne semble pas convaincre Viviane Martinova-Croteau, militante et ex-candidate pour Option nationale dans Robert-Baldwin. À ses yeux, les intérêts des Canadiens et ceux des Québécois sont différents. « Le Canada a sacrifié les fromages du Québec pour favoriser l’industrie bovine de l’Alberta », mentionne-t-elle, utilisant l’Accord de libre-échange conclut avec les Européens pour illustrer la divergence d’intérêts au sein du Canada.

De son côté, le fondateur de Génération Nationale, Simon-Pierre Savard-Tremblay, estime que le Québec devra toujours compter sur lui-même, à l’international. Selon lui, il faut que les Québécois puissent défendre eux-mêmes leurs intérêts, ce qui est difficile dans un contexte où « le Québec ne peut aller à l’encontre des décisions canadiennes », dit-il.

Environnement et territoire

Le chef du Parti Vert du Québec, Alex Tyrell, estime que, contrairement à certaines croyances, le Québec n’est pas plus vert que les autres provinces canadiennes. Il donne l’exemple des projets pétroliers en Gaspésie qui n’ont pas été dénoncés par les trois grands partis politiques. « Si les projets ne vont pas de l’avant, c’est que ce n’est pas rentable économiquement », croit l’activiste écologique en ajoutant que l’efficacité énergétique du Québec est présentement très faible.

Pour Simon-Pierre Savard-Tremblay, l’indépendance permettrait au Québec de se dissocier d’une économie canadienne basée sur le pétrole de l’ouest. Ces propos ne sont pas partagés par le député de Beauport-Limoilou qui juge « irresponsable de ne pas profiter de nos ressources en pétrole, comme les pays émergents le font [avec les leurs] ». Il souligne aussi l’importance de l’armée canadienne et des services de renseignement pour la protection du territoire Québécois.

Pour l’ancienne candidate d’Option nationale, l’argument d’une protection des forces armées du Canada au Québec n’est pas convaincant. « L’armée canadienne a plus souvent envahi notre territoire qu’elle ne l’a protégé », estime la militante en ajoutant qu’il n’y a aucun avantage à subordonner la protection de notre territoire.

Photo: Capture d’écran du Forum jeunesse du Bloc Québécois sur Facebook
La souveraineté : Plus moderne que jamais !

En marge de la semaine d’indépendance, Jean-Martin Aussant était à l’Université Laval pour discuter des peurs souvent associées à la souveraineté du Québec. L’économiste et potentiel candidat du parti québécois dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles a soulevé plusieurs thèmes, dont la péréquation, la démocratie, l’armée, les relations internationales, la monnaie, les premiers peuples ainsi que divers craintes souvent soulevés par les indécis.

D’entrée de jeu, le conseiller de Jean-François Lisée estime que beaucoup de Québécois ont voté « non » en 1995 sans avoir d’attachement particulier avec le Canada. C’est « plutôt sur des peurs, des incertitudes face à la souveraineté du Québec » qu’était basée une majorité de « non ».  « Nous sommes fondamentalement différents du reste du Canada », croit Jean-Martin Aussant.

Pour l’homme politique, cette différence s’illustre bien à travers l’élection de 2011, où neuf Québécois sur dix ont voté pour un autre gouvernement que celui qui était au pouvoir à Ottawa, souligne-t-il lors de la conférence qui a fait salle comble à l’Université Laval.

Chez les jeunes, la souveraineté du Québec rime souvent avec l’isolation et la création de nouvelles frontières, alors que plusieurs militent pour les faire tomber. Toutefois, l’ancien fondateur d’Option nationale affirme que le projet de souveraineté est en phase avec la mondialisation et qu’il permettrait dorénavant de rapprocher le Québec du reste du monde.

Il rappelle que, pour l’instant, le Québec, comme province, n’a pas de voix lors de rassemblements internationaux, alors que comme pays, il pourrait se faire entendre. « Lequel des deux est le plus en phase avec la modernité ? », questionne-t-il.

Au niveau des données géographiques et démographiques, Jean-Martin Aussant a démystifié certains mythes sur le Québec et son territoire. Il avance qu’avec 8,5 millions d’habitants, le Québec serait « un endroit plus populeux que la majorité des pays du monde. » Ensuite, le territoire québécois actuel est plus imposant que celui de 21 des 25 pays de l’Union européenne réunis. De plus, « notre territoire est recouvert de ressources naturelles », confirme le conférencier.

L’économie québécoise, selon Jean-Martin Aussant

« Le Québec est un endroit très riche sur le plan mondial », confirme le doctorant en analyse économique de l’Universitat Autònoma de Barcelone.

Selon plusieurs données, le Québec indépendant serait plus riche que la majorité des pays du monde. Il ajoute que si on divisait en quintiles tous les classements utilisés pour mesurer la prospérité économique d’un pays, le Québec se retrouverait toujours dans le premier groupe.

De plus, dans un contexte où le Québec deviendrait souverain, il serait apte à choisir la monnaie qu’il désire. Effectivement, selon le candidat péquiste de Pointe-aux-Trembles, le marché des changes est l’un des plus libéralisés. « Personne n’a de droit de propriété sur une monnaie », mentionne-t-il. Il serait tout à l’avantage du Canada que le Québec conserve sa liquidité en dollars canadiens pour éviter une dévalorisation sur les marchés.

Jean-Martin Aussant estime qu’il est maintenant temps de convaincre les pragmatiques. Pour y arriver, il compte mettre à jour toutes les études sur la souveraineté advenant l’élection d’un gouvernement péquiste en octobre prochain.

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