Le SEUL questionne la pertinence d’un courriel envoyé aux professeurs

Le Syndicat des employés et employées de l’Université Laval (SEUL) remet en question la pertinence d’un courriel envoyé par l’institution à son personnel professoral dans les derniers jours. Le message, dont Impact Campus a obtenu copie, oblige les enseignants à se rendre au travail en cas de grève, sans quoi ils ne seront pas rémunérés.

« En cas de grève, tous les membres du personnel non visés par la grève ont l’obligation de se présenter au travail au début de chaque demi-journée de travail et d’attendre les indications de leur supérieur », peut-on lire dans le courriel en question.

Les individus « qui s’abstiendraient de se présenter au travail par sympathie ou sans justification appropriée ne seront pas rémunérés », est-il écrit.

Indignation et questionnements

En entrevue téléphonique avec Impact Campus lundi matin, le conseiller syndical du SEUL, Eric-Jan Zubrzycki, s’est dit choqué lorsque mis au fait de cette action. Il a qualifié cette stratégie de méthode simple, celle de diviser pour mieux régner.

« Ça ne me surprend tellement pas. Ce sont des techniques de peur habituelles, martèle-t-il. On demande aux professeurs de se fermer la trappe. On est dans le contraire de ce que devrait être une université, qui est supposée être un lieu de débat public. »

Eric-Jan Zubrzycki y voit d’ailleurs là une preuve de l’existence d’une philosophie de l’affrontement sur le campus. « L’employeur essaie de faire des coups de force. C’est vraiment ce qu’on fait avec cette demande aux professeurs, lance-t-il. C’est la culture du silence. Dès qu’il y a un désaccord, tout le monde est mis sur la touche, plutôt que de s’asseoir et de discuter. »

Le leader syndical rappelle d’ailleurs à tous les enseignants et chargés de cours que ses collègues et lui sont reconnaissants de la solidarité dont certains font preuve. « On apprécie le soutien, peu importe la forme qu’il prend, assure-t-il. Un message doit être envoyé à la haute administration, et le corps professoral doit en prendre conscience. »

Parole à l’employeur

Questionnée sur l’objectif du message en question, l’Université Laval a fait parvenir une réaction écrite à Impact Campus lundi en début d’après-midi.

« Dans un souci de saine gestion des ressources humaines et afin d’assurer la sécurité des membres du personnel non visés par le mandat de grève, ceux-ci sont tenus informés de la situation et des procédures à suivre en cas de moyens de pression », explique la porte-parole de l’institution, Andrée-Anne Stewart.

Dépôt d’une injonction

Aucune mobilisation n’est pour l’instant prévue cette semaine du côté du SEUL. Rappelons que, jeudi dernier, les membres s’étaient unis dans une grève ponctuelle en matinée. Ils avaient bloqué les sept entrées du campus, au lever du jour.

Le lendemain, l’Université Laval a déposé une injonction permanente contre le SEUL. Celle-ci impose formellement qu’il n’y ait pas plus de 190 grévistes sur le campus lors d’activités de piquetage. Au Québec, la jurisprudence autorise un employeur à interdire à ses employés d’être en grève sur ses propriétés.

« On pensait que c’était mieux d’accepter ça que d’avoir une ordonnance qui nous dise qu’on n’a plus le droit d’aller nulle part, lance Eric-Jan Zubrzycki. L’Université essaie de nous faire taire, mais on a d’autres tours dans notre sac. »

Selon le leader syndical du SEUL, cette injonction n’empêche pas les membres de manifester aux abords du campus, par exemple sur le boulevard Laurier, le chemin Sainte-Foy ou encore l’autoroute Robert-Bourrassa.

À ce sujet, Mme. Stewart assure que « les employés du SEUL pourront ainsi s’exprimer librement en toute sécurité et dans le respect des autres ».

D’ici là, une autre séance de conciliation gouvernementale est prévue jeudi à l’Assemblée nationale. « Je ne peux pas vous dire ce qu’on fera d’ici là. On évalue et on est en discussion », se contente d’affirmer Eric-Jan Zubrzycki.

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