Milène R.E Lokrou au lancement de Sans Oui c'est non 2018 Photo: Archives, Alice Beaubien

La synergie culturelle, une richesse dans la vie étudiante

Les implications parascolaires sont un aspect important de la vie étudiante. Cependant, à travers ces dernières, il semble évident qu’il y a un grand manque de diversité. Plusieurs étudiants et étudiantes venant de plusieurs milieux interviennent pour partager cet enjeu.

La coordonnatrice aux finances pour la mission commerciale du Pérou, Marianna Racine-Méndez, étudiante en travail social, fait part de l’impact positif de la diversité dans son équipe. « Les Missions Commerciales, ce que je trouve, c’est qu’on met beaucoup de l’avant la diversité des parcours », explique-t-elle. Elle souligne la chance qu’ont les étudiants de développer leur carrière, mais par-dessus tout l’importance et le besoin d’avoir des agents de développement de différents parcours et de différentes origines afin de compléter une équipe plus efficace.
Par contre, avoir une plus grande diversité en terme d’implication au sein de la vie étudiante n’est pas toujours simple. Plusieurs barrières s’ajoutent, principalement aux étudiants et étudiantes faisant partie des minorités visibles. Il est important de reconnaître que s’impliquer et être engagé dans la vie lavalloise est un privilège ; les besoins fondamentaux humains et les ressources sont une priorité, peu importe d’où on vient.
Milène R.E Lokrou, étudiante originaire de la Côte D’Ivoire, reconnaît cette opportunité. Ancienne présidente de l’association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS) en 2016-2017 et actuellement présidente du Conseil d’Administration de Sans oui, c’est non, Milène a souvent été une des seules femmes noires dans ses implications.
Elle a fait elle-même les démarches afin de prendre sa place, malgré les obstacles. « Ce que je trouve difficile, c’est que les préjugés et les stéréotypes qui existent à l’endroit des étudiants qui viennent d’ailleurs, ils sont là et sont ancrés inconsciemment dans l’esprit de certaines personnes, indique-t-elle. Autant qu’il y a des gens qui refusent de faire des travaux d’équipe avec des étudiants qui viennent d’ailleurs. Autant ces préjugés se répercutent dans les implications. » De plus, l’intersectionnalité des oppressions fait en sorte qu’elles s’aditionnent, comme dans le cas de Milène: « Quand on est une femme noire, on a ce double préjugé, on vit le sexisme et le racisme, mais de manière indistincte, on doit alors travailler deux fois plus aussi pour montrer qu’on ne répond pas aux préjugés et aux stéréotypes ».
À l’intérieur des associations étudiantes
Devoir travailler deux fois plus fort pour se faire reconnaître, c’est le cas de beaucoup d’étudiants faisant partie de la minorité et venant de l’étranger. Un questionnement se pose à savoir si les associations étudiantes accueillent suffisamment bien les personnes issues de plusieurs diversités ou si ce sont ces mêmes personnes qui n’y voient pas d’intérêt. Tout n’est certainement pas noir ou blanc. « Je pense que les étudiants internationaux ont un peu de la misère à se donner le goût de s’impliquer dans les associations étudiantes, mais les associations étudiantes ne donnent pas nécessairement le goût de s’ouvrir à la diversité. Pas par les gens qui sont dedans, mais par le genre de structure », dit Mathieu Montégiani, étudiant en Science et Génie et impliqué depuis plusieurs années au sein des associations de sa Faculté. Afin d’offrir des pistes de solution, l’étudiant en science et génie met l’accent sur la sensibilisation, l’élément le plus important afin de changer les conceptions autant du côté des associations que des gens.
De son côté, Quentin de Dorlordot, originaire de Belgique et impliqué à la CADEUL depuis plusieurs années, voit dans les associations parascolaires une excellente façon de permettre aux étudiants de s’impliquer dans ce qui les concerne le plus et de faire ressortir la diversité. Selon lui, l’Université pourrait améliorer l’intégration des étudiants étrangers : « La première étape selon moi serait que l’Université Laval débloque plus de ressources. À partir du moment où l’Université Laval accepte et cherche des étudiants à l’étranger, je pense que c’est important qu’elle mette des ressources à la disposition de ces étudiants pour leur permettre justement de mieux s’intégrer, se sentir plus accueillis et c’est de cette façon-là que les étudiants vont en donner plus dans d’autres implications ».
Mettre de l’avant une plus grande diversité au sein des implications
On parle de synergie lorsqu’on interagit avec des personnes différentes au sein d’un même système, menant ainsi à de meilleures performances. La synergie doit avant tout reconnaître les différences et en réaliser la richesse sans invalider autrui. Comme le dit la présidente du Conseil d’Administration de Sans oui c’est non, Milène R.E Lekrou, « reconnaître la complémentarité des expériences, c’est important ».
De plus, Madhi Chabchoub, agent de développement de Missions Commerciales encourage fortement cette synergie. « Il ne faut pas voir la diversité dans un sens négatif. C’est un consensus que tout le monde doit faire des pas là-dedans pour avancer. Tout le monde doit faire son petit pas. »
Arrivé au Canada il y a un an, Madhi Chabchoub a toujours été passionné des implications. L’étudiant canado-tunisien considère les implications étudiantes comme une richesse permettant de connaître les gens et de réaliser des projets.
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