Terrorisme : Efforts de protection pour les étudiants

L’Université Laval obligera dorénavant ses étudiants partant en échange à l’étranger à suivre deux formations concernant le terrorisme. L’institution en a fait l’annonce le 29 juillet dernier, dans la foulée des nombreux attentats qui secouent actuellement le monde.

Ces deux cours – l’un portant sur la menace terroriste et l’autre sur la sécurité à l’international – ont été construits par un professeur en science politique de l’UL ainsi qu’un militaire à la retraite.

Chaque année, environ 1000 étudiants lavallois sont envoyés dans plusieurs universités partenaires partout dans le monde. C’est toute une organisation qui doit s’adapter au nouveau contexte en sécurité mondiale, selon Nicole Lacasse, vice-rectrice aux études et activités internationales de l’Université Laval. «Ça change la donne dans la destination et la manière de préparer les étudiants à partir, explique-t-elle, en entrevue à Radio-Canada. C’est ce qu’il faut faire dans le monde où on vit pour s’assurer de pouvoir continuer à faire affaire au niveau international ».

Pour le moment, aucun étudiant de l’UL ne partira pour la Turquie, le pays ayant atteint une cote de sécurité de niveau 3, signalant l’état d’urgence. Les échanges continueront toutefois avec le reste de l’Europe, sous certaines conditions.

Prévenir et sensibiliser à la vigilance

S’ajoutant à une formation sur l’adaptation culturelle, ces deux ateliers viseront à outiller les étudiants face à une menace à leur sécurité. On y enseignera les manières d’identifier des situations problématiques ou dangereuses, tout en soulignant l’importance de la prudence. « On apprend des comportements à risques, à repérer les indices ou les situations pouvant porter à problème, poursuit Mme. Lacasse. Il s’agit simplement d’être vigilant, comme quoi aller au milieu d’une manifestation n’est pas la meilleure idée du monde ».

La notion des cotes de sécurité, un élément variant de jour en jour, sera également vulgarisée auprès des étudiants. Les formations aborderont notamment la manière d’interpréter ces chiffres. « On apprend aussi à suivre les cotes des pays, poursuit la vice-rectrice. La France, par exemple, est en état d’alerte sur certains points, donc il faut être attentif à ce genre d’avis ».

À l’Université Laval, le vice-rectorat aux études et aux activités internationales n’en est pas à ses premiers efforts de surveillance. Toute l’année, le groupe de Nicole Lacasse veille sur tous les étudiants lavallois à l’étranger. « On peut toujours les rejoindre et on doit avoir leur itinéraire, admet-elle. L’été dernier, avec l’Ebola, on avait des étudiants sur le continent africain et on les aurait rapatriés le jour où il n’y aurait eu qu’un cas déclaré ».

Une décision prise à l’interne

Questionnée sur l’origine de cette nouvelle consigne, Mme. Lacasse rappelle que celle-ci a été prise de manière totalement indépendante par l’Université, qui estime prendre sa part de responsabilités dans le contexte. « Quand on a tel un volume d’échanges, je crois que c’est essentiel de mettre en place des mesures préventives, pour les étudiants et leurs parents », conclut celle qui fut jadis professeure en droit.

Des lignes téléphoniques sont à la disposition de tous en continu. En tout temps, s’il le désire, l’étudiant est rapidement mis en contact avec l’UL partout dans le monde.

Section témoignages: Étudiants de l’UL à l’étranger
Emilie Neron – Part pour une session à Édimbourg, ÉcosseEmilie Neron

Un acte de terrorisme peut arriver n’importe où, et n’importe quand. Le lieu que je visite pourrait donc facilement être le lieu d’un tel acte, mais je ne le saurai malheureusement pas à l’avance. Ce qui est important quand on voyage, c’est de bien s’informer sur les endroits que l’on prévoit visiter.

C’est facile d’obtenir des informations sur les situations des pays en consultant l’actualité. C’est également intéressant que l’Université Laval nous éduque sur ce qu’est le terrorisme. Personnellement, d’en savoir plus sur le terrorisme me permet de relativiser la chose et de mieux profiter de mon voyage sachant que quoique je puisse faire, je ne pourrai jamais me préparer à 100% à ce qui pourrait arriver.

Il y aura toujours des risques à voyager, je ne suis donc pas plus inquiète malgré les évènements négatifs des derniers temps.

Iyad Kaghad – Part pour deux sessions à Paris, FranceIyad Kaghad

Il est certain que les derniers évènements ne me laissent pas indifférents. Il subsiste en moi une petite crainte face au danger guettant la France. Qui en ferait totalement abstraction d’ailleurs? Cela dit, cette considération d’attentats terroristes n’altère en rien la joie qui m’anime à l’idée de mon année en Europe. Si nous nous privions de certaines choses dues à la peur, nous passerions à côté de notre vie! Je reste donc lucide et conscient de l’atmosphère actuelle tout en appréciant la chance que j’ai de partir.

L’Université Laval fait preuve de professionnalisme en mettant cette formation sur pied. Elle démontre son désir d’encadrer ses étudiants partant en échange. Le Bureau international nous offre déjà une pléthore de services pertinents. Cette formation ne viendra qu’enrichir notre formation pré-départ. Elle nous permettra d’acquérir les outils nécessaires en cas de besoin.

Jonathan Gagné – Part pour une session à Bruxelles, BelgiqueJonathan Gagné

En ce qui me concerne, je prends mon envol à la fin août pour accomplir une session en Belgique. Je ne vis aucun sentiment de stress concernant mon séjour à Bruxelles, et ce, malgré les incidents du 22 mars 2016. Peut-être que cela est dû à ma nature insouciante, le fait que je m’informe énormément ou simplement parce que je voyage beaucoup, mais je ne ressens que des émotions positives par rapport à cette future aventure en terres inconnues.

J’estime toutefois qu’il est très important d’informer et d’outiller les étudiants aux réalités internationales. À l’inverse, on peut se demander si le fait de mettre l’accent sur le terrorisme et la mise en place de mesures obligatoires n’aura pas comme impact de gêner le désir d’aventures à l’étranger chez le corps étudiant ? À méditer, du moins.

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