Est-ce que Jean Charest aurait pu s’abstenir d’aller au domaine de Paul Desmarais, à Sagard ? La question est lancée depuis vendredi dernier et les réponses tardent à venir. Mais, celle du maire de Rimouski, Éric Forest, est pour le moins intéressante.

Un manque de jugement, pas un manque d’éthique

 

En entrevue au Journal de Québec ce lundi, M. Forest a indiqué qu’il ne dirait pas non s’il était invité au domicile du PDG d’une grosse compagnie. Il trace une différence entre les intérêts personnels et les intérêts de sa ville pour justifier sa démarche.

Cette approche mérite réflexion. À Rimouski, par exemple, la compagnie de télécommunication Telus emploie 1 400 Rimouskois. Alors pourquoi, demande Éric Forest, devrait-il se priver d’entretenir de bons liens avec l’un des employeurs les plus importants de sa ville ? Pour le développement économique et pour la vitalité de Rimouski, aussi bien accepter l’invitation. Fréquenter le directeur de Telus pour avoir un téléphone personnel ou pour discuter de création d’emplois, il  y a une marge selon M. Forest. Et franchement, ça fait du sens.

Si le premier ministre a une opportunité d’affaires avec Power Corporation pour le développement de la province, pourquoi refuser l’invitation ?

Victime du passé

La plupart des gens, par contre, scandent le manque d’éthique. Jean Charest, en tant que premier ministre, occuperait des fonctions trop prestigieuses pour visiter le PDG de Power Corporation selon eux. On comprend que le  premier ministre du Québec n’est pas le maire de Rimouski, mais peut-on tout de suite insinuer qu’il a manqué d’éthique ? Il a clairement manqué de jugement, mais peut-être pas d’éthique.

Jean Charest est tout simplement victime du passé de son gouvernement. Une petite visite à Sagard en compagnie d’autres gens d’affaires et personnalités de la haute société n’a rien de bien méchant si cela demeure une activité ludique. Mais, si on a imposé des cours d’éthique à tous les élus municipaux quelques mois auparavant, il y a quelqu’un, quelque-part, qui a manqué de cohérence, et c’est Jean Charest.

Un agenda public ?

Et de toute façon, une autre question qu’on peut se poser, est pourquoi font-ils toujours ces rencontres dans le secret des dieux ? Le premier ministre est une personnalité publique. S’il va à Sagard, il est de son devoir de le faire savoir aux Québécois, question de clarifier ses intentions.

Même s’il va jouer une petite partie de pétanque, on s’en balance, qu’il le fasse savoir et on évitera d’avoir des débats stériles qui nous éloignent des vraies questions politiques. Et s’il s’agit d’un séjour d’affaires, et bien qu’on le fasse savoir aux médias, comme ce fût le cas il y a quelques semaines pour la tournée de promotion du Plan Nord.

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