Le 8 mai dernier, le gouvernement du Québec, par l’entremise du ministre de la sécurité publique, annonçait la création d’une commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012.

Une commission d’enquête loin de faire l’unanimité

Le 8 mai dernier, le gouvernement du Québec, par l’entremise du ministre de la sécurité publique, annonçait la création d’une commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012. Cette décision est grandement critiquée par de nombreux acteurs de la société civile, autant du côté des policiers que des associations étudiantes.

Louis-Philippe Boulianne

Les travaux de la commission spéciale se dérouleront à huis-clos sous la gouverne de trois commissaires, soit Serge Ménard, ancien ministre de la sécurité publique, Claudette Carbonneau, ancienne présidente de la CSN et Bernard Grenier, juge à la retraite. La commission s’intéressera aux événements du printemps dernier, mais sans s’ingérer dans le processus de déontologie policière.

« Nous avons le devoir de tirer des leçons de ces événements, et je suis confiant que les travaux de la Commission spéciale d’examen sauront éclairer le gouvernement afin de lui permettre de prévenir une telle crise sociale à l’avenir » a affirmé le ministre, Stéphane Bergeron, « Les manifestations, les actions de perturbation, les opérations de contrôle de foules, les recours judiciaires, de même que tous les autres événements qui se sont déroulés pendant cette période agitée, ont entraîné diverses séquelles, dont certaines font toujours sentir leurs effets ». Cependant, le PLQ ainsi que les syndicats policiers ont déjà annoncé leur boycott.

« Nous sommes loin de l’enquête publique et indépendante sur les agissements des forces policières, réclamée par 91 groupes issus de la société civile québécoise. Ce que nous demandons à M. Bergeron, ce n’est pas de partager ses réflexions sur les mouvements sociaux. La Commission spéciale devrait plutôt se pencher sur les actes de ceux et celles qui sont censés nous protéger » s’insurge Blandine Parchemal, co-porte-parole de l’ASSÉ. L’association s’interroge également sur les véritables motivations du gouvernement « a-t-elle ( la commission ) pour but d’examiner les abus policiers ou de prévenir l’émergence d’autres mouvements sociaux québécois » ?

Certains, tel que la FECQ et la FEUQ, considèrent que la commission a un mandat trop large. « Ce que nous demandons est une analyse spécifique sur les débordements policiers. Il nous apparaît très difficile de traiter adéquatement cette question dans le cadre d’un mandat aussi large. Nous craignons que le gouvernement Marois ne soit en train de rater la cible en ratissant aussi largement sur un sujet aussi complexe que le printemps 2012 » a affirmé Antoine Genest-Grégoire, président de la FEUQ.

Le manque de transparence de la commission qui se déroulera en privé a également fait sursauter de nombreux intervenants. « Nous ne coopérerons pas et nous allons boycotter cette commission-là ». a annoncé avec dépit Yves Francoeur, président de la fraternité des policiers et policières de Montréal. « Des auditions derrière des portes closes pendant 6 mois et en bout de ligne la police est toujours blâmée» a-t-il rajouté.

Les associations étudiantes dénoncent également le manque de transparence de la commission. « Le travail à huis clos de la Commission ne permettra pas à tous de suivre, au jour le jour, les développements ainsi que d’avoir des réponses nécessaires aux questions légitimes posées par la société civile québécoise » a observé Éliane Laberge, présidente de la FECQ.

Interrogé en chambre sur le fait que la future commission est attaquée de toute part, tant par les trois groupes d’opposition que par la société civile, le ministre a affirmé que si la commission est aussi controversée c’est qu’elle est parvenue à être équilibrée et centrée sur le compromis. La commission déposera son rapport le 20 décembre 2013.

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