Les 4250 étudiants inscrits à l’Université du troisième âge de Québec (UTAQ), dont la majorité sont sur le campus de l'Université Laval, ne se mettent pas trop de pression. Généralement inscrits par pur plaisir et étudiant par passion, ils pro- fitent d’un milieu d’apprentissage et de socialisation peu commun. Portrait d’une université parallèle.

Une université parallèle

Michaël Bédard

Le concept de l’Université du troisième âge vient d’Europe et a été implanté au Québec il y a près de 20 ans, explique Johanne L’Heureux, coordonnatrice à l’UTAQ. Selon elle, l’UTAQ joue un rôle social très important. « L’objectif premier du pro- gramme est l’émancipation des personnes âgées. C’est aussi de les garder actives et de leur permettre la pour- suite d’une vie sociale ». Bon an mal an, l’UTAQ reçoit 8 000 inscriptions.

« Ceux qui veulent étudier à l’UTAQ doivent être âgés de 50 ans et plus. Il n’y a pas d’autres critères », a-t-elle expliqué. La coordonnatrice rajoute que le profil moyen des étudiants est constitué de retraités âgés dans la soixantaine et que les dames sont plus nombreuses que les hommes.

Un club social

À l’instar des élèves, les en- seignants de l’UTAQ viennent de tous les milieux; universitaire, collégial, technique, etc. L’important, c’est qu’ils soient compétents, explique Mme L’Heureux. «Les professeurs adorent l’UTAQ, car ils enseignent pour des gens passionnés et qui vont là par plaisir. C’est un tout autre monde ». L’UTAQ est en quelque-sorte un club social d’intellectuels.

Les étudiants de l’UTAQ n’ont pas de devoirs et profitent d’un rythme d’étude adapté. « Non, ce ne sont pas des programmes d’études of- ficiels. Ce sont des cours que les gens choisissent par intérêt. Il n’y a pas vraiment de devoirs, sauf peut-être dans les cours de langue », informe- t-elle.

Denise* étudie à l’UTAQ de- puis près de 20 ans. Ancienne enseignante, elle a désiré continuer d’apprendre et de s’enrichir intellectuellement. Selon elle, l’expérience accu- mulée au cours de sa carrière fait en sorte qu’elle est plus exigeante envers les pro- fesseurs qui lui enseignent. Une attitude adoptée par ses confrères, soutient-elle. «Nous sommes issus de tous les milieux, nous avons aussi beaucoup d’expérience dans plusieurs domaines. De ce fait, ceux qui nous enseignent doivent être très compétents. »

La dame, qui a préféré garder son âge secret, affirme que certains le font pour s’oc- cuper. « Beaucoup viennent pour le social, pour rencon- trer des gens. C’est l’idéal, car on peut rencontrer des personnes qui partagent les mêmes intérêts que nous. »

Nouvelles technologies

Denis, rencontré à la sortie du pavillon Paul-Comtois, est bien heureux de profiter d’un mode d’enseignement adapté. Concernant l’utilisa- tion des nouvelles technolo- gies, comme le web 2.0, par exemple, l’ex-fonctionnaire explique qu’il n’y a aucun pro- blème à ce niveau, car les en- seignants ne les utilisent pas vraiment. « Ils s’adaptent à nous et je ne verrais pas l’uti- lité de les utiliser à outrance », a-t-il mentionné.

Sur la question du contact avec les plus jeunes, celui-ci affirme ne pas en avoir beau- coup. «C’est comme un uni- vers parallèle, on les voit, ils nous voient, mais on ne se parle pas. Ça pourrait être le fun d’avoir plus de contacts avec eux », nous a-t-il confié. Le coût d’inscription varie selon les cours choisis. En moyenne, il en coûte de 105 $ à 230 $ par cours.

*Noms fictifs

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