Vers un record de mobilisation

Frais de scolarité

La contestation étudiante franchira le cap de 280 000 grévistes à l’occasion de la manifestation nationale prévue le jeudi 22 mars prochain à Montréal, un record dans l’histoire du mouvement étudiant québécois selon ses principaux acteurs.

Raphaël Létourneau et David Rémillard

La liste des mandats de grève a atteint 207 000 étudiantes et étudiants dans la journée de lundi, dont 178 000 ont opté pour une grève générale illimitée. Plusieurs mandats de grève ont été décrétés pour la manifestation nationale du 22 mars à Montréal, ce qui pourrait amener ce nombre à plus de 280 000 étudiantes et étudiants en grève. « C’est du jamais vu », s’est réjouie la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins.

En 2005, lorsque les étudiants collégiaux et universitaires luttaient contre la conversion de 103 millions de dollars de bourses en prêts, 230 000 étudiants avaient répondu à l’appel lors de la manifestation nationale du mois de mars. Le mouvement de grève atteignait alors autour de 130 000 à 140 000 étudiants. « On dépasse de 50 000. On a déjà battu les records de 2005 », ajoute Mme Desjardins. Le mouvement est particulièrement fort à la FEUQ, où 115 000 des 125 000 étudiants seront en levée de cours pour la manifestation du 22 mars à Montréal.

Même son de cloche à la Coalition large pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), où les organisateurs prévoient que la mobilisation battra des records. « C’est certain qu’on va être au-dessus des 270 000 grévistes, ce qui est un record dans l’histoire du mouvement étudiant québécois », déclarait hier Gabriel-Nadeau Dubois, porte-parole de la CLASSE.

Aucune négociation en vue

Malgré la mobilisation d’un peu plus de la moitié des étudiants du Québec, le gouvernement du Québec ne reculera pas. De passage à Tout le monde en parle dimanche, la ministre de l’Éducation Line Beauchamp a rappelé qu’il s’agit d’« une décision qui a été prise ». « On n’est pas dans une négociation, c’est une décision budgétaire » a-t-elle ajouté. La ministre a soutenu que Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE, a déjà « envahi » son bureau de comté accompagné « d’une quarantaine d’étudiants ». « D’un point de vue personnel, je trouve ça difficile de me demander de le rencontrer », a déclaré la Ministre Beauchamp. Le ministre des Finances Raymond Bachand doit déposer le budget pour 2012-2013 à l’Assemblée nationale ce mardi.

Pas d’essoufflements, disent les associations étudiantes

Les associations étudiantes ne voient aucun signe d’essoufflement de la part de leurs membres en grève, même chez ceux qui ont débrayé les premiers. Martin Desjardins, présidente de la FEUQ, croit même que le mouvement est encore plus solide chez les grévistes chevronnés. « Ceux qui ont voté depuis plus longtemps ont un mandat encore plus ferme ». Du côté de la FEUQ, les moyens de pression se multiplieront même après la date symbolique du 22 mars.

Même chose à la FECQ, où un plan d’action a été adopté dimanche en vue de l’après 22. Réunis à Jonquière dans le cadre d’un congrès, les représentants collégiaux ont promis qu’il n’y aurait pas de répit pour le gouvernement. « Nous passons en vitesse supérieure », a fait savoir le président Léo Bureau-Blouin. La FECQ prépare notamment un spectacle extérieur le 3 avril prochain.

« Plan de match » à venir à la CLASSE

Une centaine de délégués provenant des associations membre de la CLASSE sont par ailleurs convoqués à un congrès lors de la fin de semaine prochaine pour discuter de prochaines actions envisageables pour contrer la hausse des frais de scolarité. « Après le 22 mars, le mouvement étudiant va être à la croisée des chemins, toutes les idées susceptibles de faire plier le gouvernement de Jean Charest seront débattues à cette occasion, sauf celle d’un retour en classe, c’est exclu », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois.

En attendant le 22 mars, les associations étudiantes ont invité les manifestants à un sit-in devant l’Assemblée nationale, mardi, pour protester contre le dépôt du budget du ministre des Finances, Raymond Bachand.

Crédit photo : Claudy Rivard

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