5 bougies pour le certificat en réalisation audionumérique

Le programme de réalisation audionumérique accueillait ses premiers étudiants en 2010. Depuis, le certificat qui conjugue création et technologie a formé plusieurs artistes émergeants de Québec à la musique faite par ordinateur. 

Comment exploiter au maximum le potentiel offert par un ordinateur dans le domaine de l’enregistrement sonore ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre Serge Lacasse, professeur à la Faculté de musique de l’Université Laval, au moment où il a mis sur pied le certificat en réalisation audionumérique (CRAN).

« 80% de la musique que l’on entend aujourd’hui est produite par ordinateur. Je voulais donner aux étudiants les notions de base pour pouvoir se rendre au bout des possibilités offertes par cet outil », lance d’emblée le professeur.

Il était particulièrement important que le programme ne s’adresse pas uniquement aux étudiants qui avaient une formation musicale, mais également à tous ceux qui s’intéressaient aux technologies sonores. Cette ouverture a si bien fonctionné que près d’une cinquantaine d’étudiants se sont inscrits au certificat lors de la première année, un nombre largement au-dessus des attentes.

Parcours variés

Si la quantité d’inscrits a été un gros défi, la variété de leurs compétences a représenté un véritable casse-tête pour Serge Lacasse. Ce dernier a dû user de stratégie afin d’enseigner la base aux débutants tout en conservant l’attention des plus avancés.

Encore aujourd’hui, la pluralité des parcours caractérise le certificat en réalisation audionumérique. « C’est un des aspects les plus intéressants du programme. Il y a des étudiants qui n’ont même pas terminé leurs études collégiales, d’autres très expérimentés qui viennent pour se mettre à jour dans le domaine des technologies », selon Aaron Liu-Rosenbaum, directeur actuel du CRAN.

En plus de stratégies d’enseignement déployées par les professeurs, il va sans dire que la structure du certificat permet de s’adapter aux besoins particuliers des étudiants. En dehors des quatre cours obligatoires qui constituent le tronc commun (prise de son, acoustique et théorie audionumérique, design et postproduction audionumérique ainsi que mixage), les étudiants sont libres de choisir leurs cours.

« C’est un effort que nous avons fait de rendre le plus de cours accessibles, même s’ils sont parfois hors faculté », ajoute M. Liu-Rosenbaum. Rester à l’écoute des besoins particuliers des étudiants est d’ailleurs ce qui permet au CRAN d’évoluer dans un milieu où tout change rapidement. Sondages, cours individuels et projets étudiants sont tous des moyens déployés pour assurer les rétroactions et l’adaptation du programme.

Relève prometteuse

Les étudiants proviennent d’horizons variés et se destinent à des parcours tout aussi différents en sortant du certificat. Lorsque l’on regarde les cheminements de Jean-Étienne Collin-Marcoux (Pantoum), Dragos Chiriac (Men I Trust) et Simon Paradis (auteur-compositeur-interprète), trois anciens étudiants du CRAN, cette variété ne fait pas de doute.

Pour Jean-Étienne, qui a étudié la percussion classique à l’Université Laval, ce sont les cours offerts dans le cadre du certificat qui l’ont poussé à s’inscrire. Pour lui, le CRAN a été l’occasion d’expérimenter de nouvelles choses et d’aller chercher des compléments d’information auprès des professeurs.

Après son passage au CRAN, Dragos a poursuivi à la maîtrise et au doctorat en réalisation audionumérique. L’ancien étudiant au baccalauréat en philosophie voit plutôt ce programme comme une porte d’entrée vers les études supérieures. « J’avais commencé une maîtrise en philosophie et je faisais le CRAN en même temps, mais j’ai finalement abandonné ma maîtrise. J’aime la philosophie, mais j’aime encore plus la musique. »

Contrairement à Jean-Étienne et Dragos, Simon n’avait pas de curriculum formel en musique avant de s’inscrire au certificat. Cela n’empêchait pas cet ingénieur informatique de jouer du piano chez lui depuis l’âge de seize ans et de mixer ses propres albums. « J’avais toujours été autodidacte, mais je trouvais que j’avais atteint une limite de connaissances. »

Quel avenir pour le CRAN?

Les étudiants interrogés sont tous d’accord pour dire que le programme leur ont permis de consolider des connaissances et des compétences dont ils se servent encore aujourd’hui. Ils espèrent que le certificat offrira à l’avenir une plus grande place à l’expérience en milieu professionnel et un meilleur accès à l’équipement de studio.

Tous ces éléments font partie des changements que souhaite apporter M. Liu Rosenbaum au programme dans les prochaines années. En attendant, espérons que le CRAN continuera d’agir comme le lieu commun des parcours de la relève, dont l’éclectisme et l’unicité contribuent tant à la vitalité de la vie musicale à Québec.

Ce qu’ils font aujourd’hui

En plus de faire partie de la formation Beat Sexü, Jean-Étienne Collin-Marcoux est batteur pour Anatole, le projet solo d’Alexandre Martel (chanteur de Mauves). Il est aussi l’un des fondateurs du Pantoum.

Dragos Chiriac est un nom bien connu de la scène émergente de la Capitale, notamment grâce à son groupe Men I Trust. La formation électro pop a lancé son deuxième album, Headroom, l’été dernier, en plus de se produire souvent au Pantoum et au Cercle. Il est aussi des formations Ghostly Kisses et Careful.

Simon Paradis fait maintenant du support technique et artistique chez Avatar, un organisme spécialisé dans la recherche, la création et la diffusion en art audio et électronique. L’auteur-compositeur-interprète a aussi lancé également son deuxième album complet, L’issue du soir, plus tôt cet automne, en plus de réaliser le dernier album de Jane Ehrhardt.

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