À lire et à relire

Il y a de ces livres qu’on ne lit qu’une fois, deux tout au plus, avant de les remiser à jamais. À l’inverse, il y a ceux qui ne perdront jamais leur fraîcheur. Parmi ceux-là, le dernier-né de la saga rouergate de Michel Folco, Même le mal se fait bien, se qualifie comme une lecture incontournable, malgré sa parution au printemps 2008 et sa réédition un an plus tard, chez Points. Il a, de toute façon, fallu sept ans à l’auteur pour l’achever.
Folco n’a rien perdu de sa plume durant ces sept années. Déplaçant son récit vers l’empire austro-hongrois et l’Italie du début du vingtième siècle, son style bien particulier, lui, demeure inchangé. S’il est vrai qu’on y retrouve à nouveau des personnages arrogants, marginaux et résolument athées, l’auteur est toutefois encore plus facilement reconnaissable par son verbe cynique et son humour noir. Souvent incisive, parfois surprenante, l’ironie de Folco conserve son charme. Il est tout simplement jubilatoire.

S’il faut faire un reproche à l’oeuvre, c’est de parfois sortir du domaine de l’arrogance pour devenir franchement insultant. Mais c’est peut-être là le secret de cette saveur unique qui nous accompagne tout au long de la lecture. Une chose est sûre : Michel Folco ne mâche pas ses mots.

Encore une fois, ce roman fait suite aux œuvres précédentes de l’auteur, cette fois-ci mettant en scène Marcello Tricotin, un instituteur timoré et soumis à une épouse tyrannique dans un bled isolé au fin fond du Piémont. Mais à la mort de son père, une clause testamentaire l’obligera à quitter ses amies les araignées, et à se lancer dans un périple à travers de l’Europe de l’Est. Il se découvrira tour à tour propriétaire de bordel et fils de pute, sera foudroyé, naufragé et interné voguant d’une péripétie à l’autre jusqu’à assouvir sur les siens une vengeance conjuguée au plus-que-parfait.

Oh, et le saviez-vous? La collection de photos déchirées présentée dans le film Le fabuleux destin d’Amélie Poulin est directement inspirée de Michel Folco, qui collectionne réellement les clichés abandonnés.
 

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