Ariane Moffatt en toute intimité

Assurément, Tous les sens est un disque new-pop, vaporeux, où l’on côtoie autant d’histoires fictives que de chroniques sensuelles et réalistes. Une perspective inédite et originale dans la démarche artistique d’Ariane Moffatt, qui lui vaut tous les honneurs au gala de l’ADISQ 2008.

Ariane Moffatt est une de ces artistes qui aspirent au renouveau et méprisent le conservatisme avec rigueur depuis ses débuts. Cette multi-instrumentiste de 29 ans tente une nouvelle facture stylistique sur son dernier album, contrastant ainsi avec Aquanaute et Le cœur dans la tête. «Mes premiers albums étaient plus introvertis, sans pudeur, aux sujets plus sombres, tandis que le dernier est un jeu de personnages, moins autobiographique, plus léger et plus facile d’écoute», affirme-t-elle. Cette nouvelle approche est réussie. Visionnaire, voguant entre l’électro et l’acoustique, la jeune femme a su développer un univers authentique.

Nouvelle facture sonore, chez Moffatt, rime avec éclatement de style. Que ce soit en studio ou sur scène, cette «bidouilleuse» a plus d’un tour dans son sac pour éblouir ses auditeurs. C’est pourquoi elle mixe sans gène le jazz avec l’électro («Je veux tout» et «Briser un cœur»). De plus, elle innove dans sa création avec l’ajout ponctuel d’un quatuor à cordes. «Je n’avais jamais exploité les cordes dans ma musique, j’avais envie d’un album où les arrangements sont plus étoffés, j’ai recherché des instruments plus «orchestraux»; j’avais un désir de donner une profondeur, une richesse aux arrangements de l’album», explique l’auteure-compositrice et interprète.

Par ailleurs, Ariane Moffatt, connue pour ses collaborations avec M, refait cet exercice de style avec le Français Frank Deweare sur trois œuvres, dont «Tes invectives». Puis, récemment, elle récidive avec le groupe électro Misteur Valaire sur la pièce «Astronef», disponible sur le site web du quintette sherbrookois depuis deux semaines à peine.
Armée de son portable, de son piano ou de sa guitare, Ariane Moffatt construit ses chansons urbaines une fois qu’elle a trouvé le mood de celles-ci. «Parfois je marche dans la rue et c’est une idée, une phrase, ou une mélodie qui prend place. Je n’ai pas vraiment de lois répétitives.» Elle se prête aux arrangements et choisit l’instrument qui convient le mieux à sa vision.

Univers intime
Pour transformer Tous les sens en un spectacle viable et intéressant, Ariane Moffatt s’entoure sur scène de quatre musiciens polyvalents : le multi-instrumentiste Pierre-Philippe Côté, réalisateur de Navet Confit; le batteur Joseph Perrault, de Pawa Up First; Marie-Pierre Fournier, à la basse, et le guitariste Joseph Marchand. Ce choix n’est pas venu par hasard. Pour créer un effet intimiste, les membres choisis formeront un tout indissociable. Le but est de produire un crescendo d’intensité généré par les harmonies vocales, l’improvisation et les échanges d’instruments entre musiciens. Au final, force est d’admettre qu’Ariane ne subit pas seulement son destin, mais le forge par elle-même.

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