Bosser à l’arrière-scène

Junot Pelletier a eu la piqûre du théâtre lorsqu’il a découvert la comedia del arte, alors qu’il était encore à l’école secondaire. Cependant, il a vite réalisé qu’il n’avait pas la passion du jeu. «Au cégep, je me suis rendu compte que je n’avais aucun plaisir à jouer, mais qu’il y avait quand même quelque chose dans le théâtre qui m’intéressait», se rappelle-t-il. Et c’est à travers l’expérience de la mise en scène qu’il a trouvé sa voie. «J’aime chercher le propos qui est dit dans la pièce. J’aime confronter la vision que j’ai par rapport à la vision des comédiens, de l’éclairagiste, des autres membres de l’équipe. [Qu’il y ait] un choc des opinions pour arriver à un tout, pour arriver à faire comprendre au spectateur ce qu’on a voulu faire», affirme le metteur en scène.

Monsieur Bonhomme et les incendiaires
Junot Pelletier n’en est pas à sa première mise en scène avec les Treize. Durant ses études en théâtre, il a également monté la pièce La Combine de Colombine, de Marc Favreau. Pour son retour au sein de la troupe, Junot a choisi une pièce de l’auteur suisse Max Frisch. «C’est une pièce sur la connerie, la bêtise humaine. C’est un théâtre-réalité sur la peur d’avoir peur», explique celui qui joue cette fois sur l’instabilité des personnages et des comédiens, notamment en créant une scène à trois paliers. «C’est une opportunité de démontrer le déséquilibre du comédien selon le palier sur lequel il se trouve, et à certains moments tout s’échange, s’entremêle, on ne sait plus si le personnage [monsieur Bonhomme] est encore maître chez lui», mentionne-t-il. Si la pièce risque de faire réfléchir le public, son metteur en scène souhaite davantage : «Je veux déstabiliser le spectateur, qu’il se dise qu’il se passe quelque chose d’atroce devant lui, qu’il faudrait qu’il réagisse. Mais va-t-il réagir? Je ne sais pas. J’aimerais ça!»

Le théâtre : lieu de rencontre

Si le plaisir du théâtre passe par la scène, il se transmet aussi dans les échanges et les rencontres qui naissent de la création. Pour celui qui a participé l’an dernier à un stage de coopération au Burkina Faso, au cours duquel il a collaboré à l’atelier théâtre Burkinabé, il importe de partager son expérience et de créer des liens à travers le théâtre. Concernant la pièce Monsieur Bonhomme, il raconte d’ailleurs que certains des membres de l’équipe de conception sont des jeunes avec qui il avait monté une pièce au Patro de Lévis il y a quelques années, signe que les liens qu’il crée sont tissés serrés.

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